Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb : DORS/2023-15

La Gazette du Canada, Partie II, volume 157, numéro 4

Enregistrement

DORS/2023-15 Le 3 fĂ©vrier 2023

LOI CANADIENNE SUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT (1999)

C.P. 2023-65 Le 3 fĂ©vrier 2023

Attendu que, conformĂ©ment au paragraphe 332(1)rĂ©fĂ©rence a de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) rĂ©fĂ©rence b, le ministre de l’Environnement a fait publier dans la Partie I de la Gazette du Canada, le 3 juillet 2021, le projet de règlement intitulĂ© Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb au Canada, conforme en substance au texte du Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb ci-après, et que les intĂ©ressĂ©s ont ainsi eu la possibilitĂ© de prĂ©senter leurs observations Ă  cet Ă©gard ou un avis d’opposition motivĂ© demandant la constitution d’une commission de rĂ©vision;

Attendu que, conformĂ©ment au paragraphe 93(3) de cette loi, le comitĂ© consultatif national s’est vu accorder la possibilitĂ© de formuler ses conseils aux termes de l’article 6rĂ©fĂ©rence c de celle-ci;

Attendu que la Gouverneure en conseil est d’avis que, aux termes du paragraphe 93(4) de cette loi, le projet de règlement ne vise pas un point dĂ©jĂ  rĂ©glementĂ© sous le rĂ©gime d’une autre loi fĂ©dĂ©rale de manière Ă  offrir une protection suffisante pour l’environnement et la santĂ© humaine,

Ă€ ces causes, sur recommandation du ministre de l’Environnement et du ministre de la SantĂ© et en vertu du paragraphe 93(1) de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) rĂ©fĂ©rence b, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb, ci-après.

Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb

Définition

Définition de véhicule

1 Dans le prĂ©sent règlement, vĂ©hicule s’entend au sens de l’article 2 de la Loi sur la sĂ©curitĂ© automobile.

Champ d’application

Masses d’équilibrage

2 (1) Sous réserve du paragraphe (2), le présent règlement s’applique aux masses d’équilibrage contenant du plomb conçues pour l’équilibrage des roues des véhicules.

Non-application

(2) Le présent règlement ne s’applique pas aux masses d’équilibrage qui transitent par le Canada, en provenance et à destination d’un lieu situé hors du Canada.

Interdiction

Activités interdites

3 (1) Il est interdit de fabriquer ou d’importer des masses d’équilibrage dont la teneur en plomb est de plus de 0,1 pour cent au poids, sauf en conformitĂ© avec un permis dĂ©livrĂ© aux termes de l’article 5.

Exception

(2) L’interdiction prĂ©vue au paragraphe (1) ne s’applique toutefois pas :

Permis

Demande de permis

4 (1) La demande de permis comporte les renseignements prévus à l’annexe et est présentée au ministre au plus tard le quatre-vingt-dixième jour précédant la date prévue de la fabrication ou de l’importation des masses d’équilibrage contenant du plomb.

Attestation

(2) La demande est accompagnée d’une attestation, datée et signée par le demandeur ou son représentant autorisé, portant que les renseignements contenus dans cette demande sont complets et exacts.

Conditions de délivrance

5 (1) Sous rĂ©serve du paragraphe (2), le ministre peut dĂ©livrer le permis de fabriquer ou d’importer des masses d’équilibrage contenant du plomb pour la durĂ©e inscrite dans la demande si :

Durée de validité

(2) La durée de validité du permis ne peut excéder vingt-quatre mois.

Refus

(3) Le ministre refuse de délivrer le permis s’il a des motifs raisonnables de croire que le demandeur a fourni des renseignements faux ou trompeurs à l’appui de sa demande.

Renouvellement du permis

6 (1) Le permis peut être renouvelé une fois.

Demande de renouvellement

(2) La demande de renouvellement comporte les renseignements prévus à l’annexe et est présentée au ministre au plus tard le quatre-vingt-dixième jour précédant la date d’expiration du permis.

Attestation

(3) La demande est accompagnée d’une attestation, datée et signée par le demandeur ou son représentant autorisé, portant que les renseignements contenus dans la demande sont complets et exacts.

Condition de renouvellement

(4) Le ministre peut renouveler le permis pour une durĂ©e qui ne peut excĂ©der vingt-quatre mois, si les conditions prĂ©vues au paragraphe 5(1) sont rĂ©unies.

Refus

(5) Le ministre refuse de renouveler le permis s’il a des motifs raisonnables de croire que le demandeur a fourni des renseignements faux ou trompeurs à l’appui de sa demande.

Révocation du permis

7 (1) Le ministre révoque le permis s’il a des motifs raisonnables de croire que le titulaire lui a fourni des renseignements faux ou trompeurs ou qu’il ne s’est pas conformé au permis.

Conditions de révocation

(2) Le ministre ne peut rĂ©voquer le permis qu’après avoir pris les mesures suivantes :

Date de la révocation

(3) La révocation prend effet le vingtième jour suivant la date à laquelle le ministre en avise le titulaire du permis.

Documents et registres

Transmission électronique

8 (1) Les documents transmis au ministre au titre du présent règlement le sont électroniquement, en la forme qu’il précise, et sont accompagnés d’une attestation, datée et signée par la personne qui les transmet ou par son représentant autorisé, portant qu’ils sont complets et exacts.

Support papier

(2) Si le ministre n’a pas précisé de forme au titre du paragraphe (1) ou si, en raison de circonstances incontrôlables, les documents ne peuvent être transmis conformément à ce paragraphe, ils sont transmis sur support papier, en la forme précisée par le ministre ou autrement, si aucune forme n’est précisée, et sont accompagnés d’une attestation, datée et signée par la personne qui les transmet ou par son représentant autorisé, portant qu’ils sont complets et exacts.

Transmission de renseignements

9 La personne qui fabrique ou importe des masses d’équilibrage visées par le présent règlement transmet au ministre, en français ou en anglais, tout renseignement que celui-ci lui demande relativement au plomb contenu dans ces masses.

Registres

10 (1) Quiconque fabrique ou importe des masses d’équilibrage visĂ©es par le prĂ©sent règlement tient des registres Ă©tablissant qu’elles ont Ă©tĂ© fabriquĂ©es ou importĂ©es conformĂ©ment au prĂ©sent règlement et comportant notamment les renseignements suivants :

Conservation des registres

(2) Les registres sont conservés pendant une période d’au moins cinq ans après la date de leur établissement.

Lieu de conservation

(3) Les registres sont conservés à l’établissement principal de la personne au Canada ou en tout autre lieu au Canada dont le ministre a été avisé et où ils peuvent être examinés.

Changement d’adresse

(4) Si le lieu de conservation des registres change, la personne avise le ministre par écrit de l’adresse municipale au Canada de ce nouveau lieu dans les trente jours suivant la date du changement.

Registres électroniques

(5) Quiconque tient des registres électroniques veille à ce que le matériel et les logiciels nécessaires à leur intelligibilité soient accessibles pendant la période de conservation.

Laboratoire accrédité

Laboratoire accrédité

11 Pour l’application du prĂ©sent règlement, l’analyse visant Ă  dĂ©terminer la concentration de plomb est effectuĂ©e par un laboratoire qui, au moment de cette analyse, rĂ©pond aux conditions suivantes :

Modification connexe au Règlement sur les dispositions rĂ©glementaires dĂ©signĂ©es aux fins de contrĂ´le d’application — Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999)

12 L’annexe du Règlement sur les dispositions rĂ©glementaires dĂ©signĂ©es aux fins de contrĂ´le d’application — Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) rĂ©fĂ©rence 1 est modifiĂ©e par adjonction, selon l’ordre numĂ©rique, de ce qui suit :

Article

Colonne 1

Règlement

Colonne 2

Dispositions

37

Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb

a) paragraphe 3(1)

Entrée en vigueur

Premier anniversaire de l’enregistrement

13 Le présent règlement entre en vigueur au premier anniversaire de son enregistrement.

ANNEXE

(paragraphes 4(1) et 6(2))

Renseignements Ă  fournir dans la demande de permis ou de renouvellement de permis

1 Renseignements sur le demandeur :

2 Renseignements sur le produit :

3 Les renseignements qui, au moment de la demande, établissent qu’il n’existe pas de solution de rechange à la fabrication ou à l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb ou qu’il en existe une, mais que le demandeur n’est pas en mesure, sur le plan économique ou technique, d’opter pour cette solution.

4 La durée de validité du permis demandée.

5 Les adresses municipale et postale de l’endroit oĂą les registres prĂ©vus Ă  l’article 10 du prĂ©sent règlement sont conservĂ©s au Canada.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Règlement.)

Enjeux

Le plomb a été le matériau le plus souvent utilisé pour l’équilibrage des roues des véhicules dans le marché canadien de masses d’équilibrage. Chaque année, des masses d’équilibrage en plomb sont perdues sur les routes et les autoroutes et produisent de la poussière de plomb. Cette poussière peut s’accumuler dans le sol, atteindre les cours d’eau par ruissellement ou être inhalée. Ces voies d’exposition à la poussière de plomb peuvent mener à des impacts négatifs sur la santé humaine et l’environnement. Comme il s’agit d’un métal non biodégradable, le plomb peut également s’accumuler dans l’environnement, contaminer l’eau et empoisonner la faune. Si aucune mesure n’est prise, on s’attend à ce que les masses d’équilibrage en plomb puissent continuer d’être fabriquées ou importées au Canada, ce qui entraînera des risques continus pour la santé humaine et les écosystèmes en raison de l’exposition à des concentrations élevées de plomb dans l’environnement.

Contexte

Le plomb est inscrit Ă  l’annexe 1 (Liste des substances toxiques) de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) [LCPE]. La LCPE confère au ministre de l’Environnement (le ministre) et au ministre de la SantĂ© le pouvoir de contrĂ´ler l’importation, la fabrication et l’utilisation du plomb et des composĂ©s du plomb au Canada. Le plomb fait l’objet de diverses initiatives fĂ©dĂ©rales de gestion des risques au Canada visant l’eau potable, les aliments, les produits de santĂ© naturels, les produits thĂ©rapeutiques, le tabac et d’autres produits de consommation. Les règlements pris en vertu de la LCPE interdisent l’ajout de plomb dans l’essence et contrĂ´lent les rejets de la fabrication d’acier et des effluents miniers.

Le plomb est un métal inodore qui est malléable, ductile et résistant à la corrosion chimique. Il s’agit d’une substance naturelle présente à de faibles concentrations dans le substrat rocheux, le sol, les sédiments, les eaux de surface, les eaux souterraines et l’eau de mer. Le plomb se trouve également naturellement à des concentrations faibles dans les aliments par l’absorption des végétaux dans le sol, la consommation subséquente des végétaux par les animaux et l’absorption d’eau et de sédiments par le poisson. Sa dispersion dans l’environnement est principalement en raison des activités humaines, notamment l’utilisation et l’élimination de produits, et en particulier les munitions au plomb, les pesées et turluttes pour la pêche et les masses d’équilibrage.

Historiquement, le plomb a été le métal de choix pour l’équilibrage des roues de véhicules en raison de ses propriétés physiques et chimiques. Des masses d’équilibrage sont installées sur les roues des véhicules afin de corriger la répartition inégale du poids dans l’assemblage des roues et des pneus dans le but de prévenir l’usure des pneus et de la suspension et de mieux stabiliser les véhicules à haute vitesse.

Exposition au plomb et concentrations sanguines au Canada

Les niveaux de plomb dans le sang des Canadiens ont diminuĂ© de plus de 70 % depuis les annĂ©es 1970. Ce dĂ©clin est largement attribuable Ă  l’élimination graduelle du plomb dans l’essence, les peintures, les revĂŞtements de surface et l’élimination des alliages de plomb dans les soudures des boĂ®tes de conserve d’aliments. Bien que les concentrations dans le sang aient continuĂ© de diminuer, le plomb reste encore largement dĂ©tectĂ© dans la population canadiennerĂ©fĂ©rence 2.

En 1994, le ComitĂ© consultatif fĂ©dĂ©ral-provincial de l’hygiène du milieu et du travail avait recommandĂ©, en regard des concentrations sanguines de plomb, un seuil d’exposition de 10 microgrammes par dĂ©cilitre (µg/dL). Cependant, depuis la dĂ©termination du niveau de plombĂ©mie, certaines donnĂ©es scientifiques publiĂ©es dĂ©montrent que des effets critiques sur la santĂ© sont causĂ©s Ă  des concentrations infĂ©rieures Ă  10 μg/dL. Les effets sur la santĂ© Ă  une plombĂ©mie aussi faible que 1 Ă  2 Âµg/dL sont bien documentĂ©s. Les risques pour la santĂ© associĂ©s Ă  une exposition au plomb comprennent la neurotoxicitĂ© sur le plan du dĂ©veloppement, ainsi que des effets neurodĂ©gĂ©nĂ©ratifs, cardiovasculaires, rĂ©naux et sur la reproduction.

Objectif

L’objectif du Règlement interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb (le Règlement) est de réduire l’exposition humaine et environnementale au plomb en interdisant la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage en plomb destinées au marché canadien, ce qui permettrait de réduire le risque d’effets néfastes sur la santé découlant de l’exposition au plomb et d’améliorer la qualité de l’air, de l’eau et du sol.

Description

Le Règlement est pris en vertu de l’article 93 de la LCPE et entrera en vigueur 12 mois après son enregistrement. Il interdit la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage dont le plomb reprĂ©sente plus de 0,1 % du poids. Cette interdiction ne s’applique pas Ă  la fabrication de masses d’équilibrage destinĂ©es Ă  l’exportation ou Ă  l’importation de masses d’équilibrage installĂ©es sur des vĂ©hicules. Le Règlement ne s’applique pas Ă  la vente ou Ă  l’offre de vente de masses d’équilibrage ni au transit de celles-ci par le Canada, peu importe leur concentration en plomb.

Le Règlement offre une souplesse en matière de conformitĂ© aux parties rĂ©glementĂ©es sous la forme d’un mĂ©canisme de dĂ©livrance de permis. Toutefois, comme les solutions de rechange sont facilement accessibles, les demandes de permis ne sont pas prĂ©vues. Dans des circonstances exceptionnelles, le ministre peut dĂ©livrer un permis Ă  un fabricant ou Ă  un importateur de masses d’équilibrage pour permettre une utilisation ou une situation particulière au Canada. Le demandeur de permis sera tenu de dĂ©montrer qu’au moment de la demande, il n’existe aucune solution de rechange Ă  la fabrication ou Ă  l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb, ou que les solutions de rechange ne sont pas rĂ©alisables sur le plan technique ou Ă©conomique pour le demandeur. La durĂ©e du permis ne doit pas dĂ©passer 24 mois, et le ministre pourrait renouveler le permis une fois pour une pĂ©riode d’au plus 24 mois.

Élaboration de la réglementation

Consultation

Le ministère de l’Environnement (le Ministère) a consulté les intervenants de 2014 à 2017 sur l’élaboration du Règlement. Ces intervenants comprenaient des membres de l’industrie exerçant des activités au Canada (c’est-à-dire un fabricant, des importateurs et des distributeurs; des utilisateurs en aval; des ateliers de réparation indépendants, des concessionnaires automobiles et des marchands de pneus; des fonderies de plomb de seconde fusion, des parcs à ferraille, des recycleurs et des courtiers en ferraille), des organisations non gouvernementales de l’environnement et des organisations sans but lucratif. Les peuples autochtones ont été informés du projet de règlement et ont été invités aux séances de consultation.

En rĂ©ponse aux commentaires des intervenants, le Ministère a conçu le Règlement de manière Ă  ce qu’il n’interdise pas la fabrication de masses d’équilibrage destinĂ©es Ă  l’exportation dont le plomb reprĂ©sente plus de 0,1 % du poids et qu’il n’ait pas d’incidence sur le transit des masses d’équilibrage par le Canada. Il a Ă©galement adaptĂ© la promotion de la conformitĂ© et prĂ©parĂ© des documents de communication pour aider les entreprises Ă  comprendre l’incidence sur l’offre de masses d’équilibrage en plomb dans le cadre du Règlement. De plus, le Ministère a travaillĂ© avec des membres de l’industrie pour communiquer les rĂ©percussions de l’interdiction, notamment la transition vers des masses d’équilibrage de remplacement et la façon dont l’interdiction serait appliquĂ©e sans prĂ©voir de changement relativement Ă  la gestion des stocks de masses d’équilibrage existants.

Commentaires reçus au cours de la pĂ©riode de commentaires publics de 70 jours suivant la publication dans la Partie I de la Gazette du Canada

À la suite de la publication préalable du projet de règlement à l’été 2021, plusieurs importateurs de pièces d’automobile ont demandé quel serait le calendrier provisoire de l’entrée en vigueur du Règlement et si les ateliers, les concessionnaires et les garages seraient autorisés à utiliser les stocks restants de masses d’équilibrage en plomb après l’entrée en vigueur du Règlement.

RĂ©ponse : Le Règlement entrera en vigueur 12 mois après la date de son enregistrement, et des renseignements seront fournis sur le site Web du Ministère avant cette date (voir la section Mise en Ĺ“uvre). La vente et l’installation des stocks restants de masses d’équilibrage en plomb dĂ©jĂ  au Canada seront autorisĂ©es après l’entrĂ©e en vigueur du Règlement.

Une personne a exprimé l’opinion que le Règlement est inutile et qu’il constitue un gaspillage des ressources des contribuables qui pourraient être mieux utilisées ailleurs.

RĂ©ponse : Le Règlement est fondĂ© sur une Ă©valuation scientifique des risques des effets potentiels du plomb sur l’environnement et la santĂ© des Canadiens, il est conforme aux normes rĂ©glementaires internationales et ne nĂ©cessite aucune dĂ©pense gouvernementale supplĂ©mentaire.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Le Règlement ne devrait pas avoir d’incidence directe ou indirecte sur les droits des peuples autochtones et il respecte les obligations du gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  l’égard des droits protĂ©gĂ©s par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982, les traitĂ©s modernes et les obligations internationales en matière de droits de la personne.

Choix de l’instrument

Au moment de dĂ©terminer comment aborder les questions susmentionnĂ©es et compte tenu du fait que les intervenants n’étaient pas en faveur des instruments volontaires au cours des consultations de 2014, deux options ont Ă©tĂ© envisagĂ©es : (1) maintenir le statu quo; (2) Ă©laborer le Règlement. L’option du statu quo n’a pas Ă©tĂ© retenue, car les masses d’équilibrage en plomb continueraient d’entrer sur le marchĂ© canadien des masses d’équilibrage, ce qui entraĂ®nerait des risques continus pour la santĂ© humaine et les Ă©cosystèmes en raison de l’exposition au plomb dans l’environnement. De plus, le Règlement assurera des règles du jeu Ă©quitables sur le marchĂ© canadien pour les masses d’équilibrage et amĂ©liorera l’harmonisation avec les mesures de gestion des risques existantes dans d’autres pays du monde. Pour ces raisons, le Règlement a Ă©tĂ© choisi pour permettre l’atteinte des objectifs de gestion des risques.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Le Règlement interdit la fabrication et l’importation de masses d’équilibrage contenant plus de 0,1 % de plomb en poids. En empĂŞchant les nouvelles masses d’équilibrage contenant du plomb d’entrer sur le marchĂ© canadien, le Règlement Ă©liminera progressivement les stocks de masses d’équilibrage en plomb.

On prĂ©voit que le Règlement pourrait Ă©liminer les masses d’équilibrage en plomb perdues sur les routes et les autoroutes canadiennes d’ici 2025. Les parties rĂ©glementĂ©es peuvent choisir d’importer ou de fabriquer des solutions de rechange sans plomb, Ă  l’exception des masses d’équilibrage dont la concentration en mercure est supĂ©rieure Ă  0,1 % en poids, dont l’importation et la fabrication sont interdites par le Règlement sur les produits contenant du mercure du Canada.

Solutions de rechange

L’acier et le zinc sont deux produits de remplacement prĂ©sentement utilisĂ©s dans les masses d’équilibrage en plomb. D’après les consultations menĂ©es auprès d’experts du secteur automobile, les vĂ©hicules nouvellement fabriquĂ©s ou importĂ©s sont normalement Ă©quipĂ©s de masses d’équilibrage de rechange sur le site de fabrication. Ces solutions de rechange sont souvent remplacĂ©es par des masses d’équilibrage en plomb par les garages et ateliers de rĂ©paration du marchĂ© secondaire de l’automobile lors du changement saisonnier des pneus. Une Ă©bauche d’évaluation des risques sur le zinc complĂ©tĂ© dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques a mis en Ă©vidence des enjeux Ă©cologiques avec les effluents miniers de zinc et les effluents des pâtes et papiers. Le Ministère examine si les masses d’équilibrage en zinc sont appropriĂ©es. Une enquĂŞte menĂ©e pour le compte du Ministère en 2011 a rĂ©vĂ©lĂ© que les masses d’équilibrage en plomb reprĂ©sentaient 72 % du marchĂ© canadien et que 28 % des masses d’équilibrage utilisĂ©es au Canada Ă©taient faites d’un matĂ©riau de remplacement. L’acier est le principal produit de remplacement utilisĂ© en AmĂ©rique du Nord, suivi du zinc, Ă©galement utilisĂ© en Europe. On s’attend Ă  ce que l’acier soit le principal produit de remplacement par rapport aux autres solutions de rechange. On s’attend aussi Ă  ce que le fabricant de masses d’équilibrage au Canada remplace sa production de masses d’équilibrage en plomb par une production de masses d’acier. Des innovations et le rééquipement ne sont pas anticipĂ©s puisque le manufacturier anticipe le changement et les solutions de rechange au plomb (l’acier et le zinc) sont dĂ©jĂ  utilisĂ©es. Il convient de noter que la conclusion proposĂ©e dans l’ébauche d’évaluation des risques est que le zinc et ses composĂ©s peuvent avoir, immĂ©diatement ou Ă  long terme, des effets nocifs sur l’environnement ou sur la diversitĂ© biologique, en particulier les organismes aquatiquesrĂ©fĂ©rence 3.

Quantité prévue de plomb dans les masses d’équilibrage et estimation des coûts des solutions de rechange

Le coût des masses d’équilibrage dépend des matières premières et des coûts de production, qui varient en fonction du type de masse agrafée ou adhésive, de l’installation des masses d’équilibrage sur les pneus et du poids réel des masses d’équilibrage. Les masses d’équilibrage en acier et en zinc ont eu tendance à coûter plus cher que les masses d’équilibrage en plomb pour la plupart des applications. On s’attend à ce que l’acier soit le principal produit de remplacement par rapport aux autres solutions de rechange. Il est actuellement le deuxième matériau le plus populaire après le plomb, le zinc étant le troisième. On s’attend aussi à ce que le seul fabricant au Canada remplace sa production de masses d’équilibrage en plomb par une production de masses d’acier et de zinc.

En 2013, une Ă©tude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour le Ministère afin d’estimer la quantitĂ© de plomb dans les masses d’équilibrage au CanadarĂ©fĂ©rence 4. Elle a rĂ©vĂ©lĂ© qu’en 2011, les masses d’équilibrage en plomb reprĂ©sentaient environ 72 % du marchĂ© canadien des masses d’équilibrage pour vĂ©hicules lĂ©gers (voitures de tourisme, vĂ©hicules utilitaires sport et vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers), soit environ 95 % de l’ensemble du marchĂ© canadien des masses d’équilibrage. L’étude a Ă©galement estimĂ© la part de marchĂ© des masses d’équilibrage pour vĂ©hicules lourds (par exemple autobus, camions et remorques) et motocyclettes. Elle a calculĂ© la quantitĂ© de plomb en fonction du poids type des masses d’équilibrage pour chaque segment de marchĂ©, et du nombre de masses par vĂ©hicule, comme le montre le tableau 1 ci-dessous. Dans l’ensemble, il a Ă©tĂ© estimĂ© que les masses d’équilibrage contenaient 3 674 tonnes de plomb en 2011.

Tableau 1 : QuantitĂ© totale de plomb dans les masses d’équilibrage utilisĂ©es dans le parc automobile canadien en 2011

Type de véhicules

Véhicules légers

Véhicules lourds

Motocyclettes

Total

Nombre de véhicules

20 356 900

523 847

631 093

21 511 840

Part de marché des masses d’équilibrage en plomb

72 %

76 %

86 %

S.O.

Véhicules utilisant des masses d’équilibrage en plomb

14 656 968

398 123

542 740

15 597 832

Nombre de pneus avec masses d’équilibrage sur chaque véhicule

4

2

2

S.O.

Nombre total de pneus avec masses d’équilibrage en plomb

58 627 872

796 247

1 085 481

60 509 600

Poids des masses d’équilibrage types (g)

56,7

400

28,35

S.O.

Poids total des masses d’équilibrage en plomb (tonnes)

3 324

319

31

3 674

Comme le parc automobile augmente chaque année, il pourrait y avoir une croissance correspondante du nombre de masses d’équilibrage en plomb depuis 2011. Cependant, les commentaires de l’industrie suggèrent que la part de marché des masses d’équilibrage en plomb a diminué, en particulier parce que les nouveaux véhicules utilisent désormais des solutions de rechange. L’analyse suppose que ces tendances s’annulent mutuellement, que les masses d’équilibrage sont remplacées chaque année et que les stocks de masses d’équilibrage en plomb existantes sont épuisés l’année où le Règlement est enregistré. Ces hypothèses sont évaluées dans une analyse de sensibilité.

Les coĂ»ts des masses d’équilibrage peuvent varier dans le temps. En 2018, le prix d’une masse d’équilibrage en plomb type de deux onces atteignait 0,90 $US. En juillet 2022, la mĂŞme sourcerĂ©fĂ©rence 5 a fixĂ© le prix de ces masses d’équilibrage Ă  0,70 $US. Les coĂ»ts de l’utilisation de solutions de rechange sans plomb ont Ă©galement variĂ© dans le temps. Les coĂ»ts supplĂ©mentaires des solutions de rechange en acier ont variĂ© de 6 % de plus en 2018 Ă  moins que le coĂ»t des masses d’équilibrage en plomb en juillet 2022. Au cours de la mĂŞme pĂ©riode, les masses d’équilibrage en zinc ont vu leur prix augmenter de 6 % Ă  30 % par rapport aux masses d’équilibrage en plomb similaires. Compte tenu de ces fluctuations de prix, l’analyse maintient les estimations de prix de 2018 (en dollars canadiens de 2019) et Ă©value d’autres coĂ»ts supplĂ©mentaires dans une analyse de sensibilitĂ©. L’analyse a pris le coĂ»t par gramme du type le plus courant de masses d’équilibrage en plomb (taille de deux onces) et l’a converti en une estimation du coĂ»t par tonne. Le coĂ»t par tonne de masses d’équilibrage en plomb a ainsi Ă©tĂ© estimĂ© Ă  environ 21 000 $, et la diffĂ©rence de coĂ»t pour remplacer une tonne de masses d’équilibrage en plomb a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  1 260 $ de plus par tonne de masses d’équilibrage, ce qui reprĂ©senterait une augmentation de 6 % des coĂ»ts des solutions de rechange.

L’analyse suppose que les masses d’équilibrage en plomb seront complètement Ă©liminĂ©es 12 mois après l’entrĂ©e en vigueur du Règlement et que les produits sans plomb deviendront les seuls types de masses d’équilibrage fabriquĂ©s, importĂ©s et distribuĂ©s sur le marchĂ© canadien. Il est attendu que 12 mois seront suffisants pour que l’inventaire actuel de masses d’équilibrages en plomb soit utilisĂ©. Puisque l’enregistrement du Règlement Ă©tait prĂ©vu au plus tard le 1er janvier 2023, la première annĂ©e de l’analyse est 2023. Enfin, l’analyse suppose que les parties rĂ©glementĂ©es transmettront les coĂ»ts supplĂ©mentaires des solutions de rechange Ă  leurs clients, notamment les ateliers de rĂ©paration indĂ©pendants, les concessionnaires automobiles et les marchands de pneus, qui Ă  leur tour transmettront les coĂ»ts aux propriĂ©taires de vĂ©hicules.

Le Ministère engagera des coĂ»ts supplĂ©mentaires liĂ©s Ă  la formation, aux inspections, aux enquĂŞtes et aux mesures de traitement des infractions prĂ©sumĂ©es et aux activitĂ©s de promotion de la conformitĂ©. Les coĂ»ts initiaux ponctuels reprĂ©senteront 100 000 $ pour l’application de la loi, soit le travail d’évaluation du renseignement stratĂ©gique, l’élaboration d’une stratĂ©gie d’application de la loi et la formation des agents d’application de la loi. Les coĂ»ts annuels du gouvernement sont estimĂ©s Ă  environ 31 500 $ pour l’administration, la coordination et l’analyse Ă  l’appui des activitĂ©s d’application de la loi; des inspections et des mesures pour traiter les infractions prĂ©sumĂ©es; des enquĂŞtes; et des poursuites. Ces coĂ»ts tiennent compte des activitĂ©s de promotion de la conformitĂ© entreprises pour accroĂ®tre la sensibilisation et la comprĂ©hension Ă  l’égard du Règlement ainsi que la conformitĂ© Ă  celui-ci, et reprĂ©senteront environ 6 000 $ par annĂ©e. Les coĂ»ts estimatifs totaux d’application de la loi et de promotion de la conformitĂ© reprĂ©senteraient près de 305 000 $ de 2023 Ă  2032, selon un taux d’actualisation annuel de 7 %. En valeur annualisĂ©e, les coĂ»ts du gouvernement seront de 46 849 $ au cours de la pĂ©riode visĂ©e par l’analyse.

Dans l’ensemble, les coĂ»ts en valeur actualisĂ©e du Règlement (prĂ©sentĂ©s au tableau 2) devraient ĂŞtre d’environ 30 millions en dollars de 2019, de 2023 Ă  2032, selon un taux d’actualisation annuel de 7 %.

Tableau 2 : Sommaire des coĂ»ts

Nombre d’annĂ©es : 10 (2023-2032)
AnnĂ©e de calcul des coĂ»ts en dollars : 2019
AnnĂ©e de la valeur actualisĂ©e : 2023
Taux d’actualisation : 7 %

Description des coûts / année

Non actualisés 2023

Non actualisés 2024

Non actualisés 2032

Actualisés 2023-2032

Annualisés 2023-2032

Industrie

0 $

4 630 500 $

4 630 500 $

30 168 783 $

4 295 356 $

Gouvernement

100 000 $

31 500 $

31 500 $

305 230 $

46 849 $

Total

100 000 $

4 662 000 $

4 662 000 $

30 474 013 $

4 338 814 $

Avantages prévus

Les Canadiens sont exposés à de faibles concentrations de plomb provenant de diverses sources, notamment les aliments, l’eau potable, l’air, la poussière, le sol et les produits contenant du plomb. La principale source d’exposition de la population adulte générale est l’ingestion d’aliments et d’eau potable. Pour les nourrissons et les enfants, les principales sources d’exposition sont les aliments, l’eau potable et l’ingestion de matières non alimentaires contenant du plomb, comme la poussière domestique, la peinture, le sol et les produits de consommation.

Près de 3 % Ă  10 % du plomb ingĂ©rĂ© est absorbĂ© dans le sang des adultes, tandis que la quantitĂ© absorbĂ©e dans le sang des enfants peut atteindre de 40 % Ă  50 %. La demi-vie du plomb dans le sang est d’environ 30 jours, alors que la demi-vie du plomb accumulĂ© dans le corps, comme dans les os, est de l’ordre de 10 Ă  30 ans.

Le Règlement rĂ©duira la prĂ©sence de plomb dans l’environnement et les risques pour la santĂ© des Canadiens grâce Ă  l’interdiction de la fabrication et de l’importation des masses d’équilibrage en plomb. Les risques pour la santĂ© liĂ©s Ă  l’exposition au plomb sont bien Ă©tablis et mĂŞme de petites quantitĂ©s peuvent ĂŞtre dangereuses pour la santĂ© humaine. Une fois absorbĂ© par le corps humain, le plomb circule dans le sang, oĂą il s’accumule dans les tissus, surtout dans les os. Une partie du plomb peut aussi ĂŞtre sĂ©questrĂ©e dans les tissus mous, comme le foie, les reins et les poumons. Les os reprĂ©sentent environ 70 % de la charge corporelle totale de plomb chez les enfants et plus de 90 % de la charge corporelle totale chez les adultesrĂ©fĂ©rence 6. Le plomb qui s’accumule dans les os peut ĂŞtre remobilisĂ© et libĂ©rĂ© dans le sang en circulation.

Bien que les concentrations de plomb dans le sang des Canadiens soient infĂ©rieures Ă  la valeur guide recommandĂ©e au Canada de 10 Âµg/dLrĂ©fĂ©rence 7 (et qui fait actuellement l’objet d’un examen), des effets nocifs ont Ă©tĂ© observĂ©s Ă  des niveaux infĂ©rieursrĂ©fĂ©rence 8. IndĂ©pendamment de la baisse importante des concentrations de plomb dans le sang au Canada au cours des dernières dĂ©cennies, les effets sur la santĂ© ont Ă©tĂ© bien documentĂ©s Ă  des concentrations de plomb dans le sang aussi faibles que 1 Ă  2 Âµg/dL. Bien qu’il y ait de l’incertitude Ă  l’égard des effets observĂ©s Ă  ces niveaux, la prĂ©sente analyse estime qu’il est appropriĂ© d’appliquer une approche de prĂ©caution lors de la caractĂ©risation des risques posĂ©s par l’exposition au plomb.

On prévoit que la réduction de la poussière de plomb découlant du Règlement générera des avantages pour la santé, notamment une réduction des concentrations de plomb dans le sang, ce qui réduirait la neurotoxicité ainsi que les effets neurodégénératifs, cardiovasculaires, rénaux et sur la reproduction associés à l’exposition au plomb. Les autres avantages pour la santé comprennent l’amélioration des résultats scolaires, des comportements sociaux, de l’attention et les fonctions d’exécution, ainsi que des fonctions auditives et visuelles. On s’attend à ce que ces avantages pour la santé se manifestent principalement dans les régions urbaines où la circulation est intense.

Les risques environnementaux posés par l’exposition au plomb peuvent être dangereux pour les écosystèmes et la faune. Le Règlement pourrait aider à réduire ces risques en limitant la quantité de plomb rejeté par les masses d’équilibrage et qui contamine l’air, l’eau et le solréférence 2.

Il y a un degré élevé d’incertitude au sujet du devenir des masses d’équilibrage contenant du plomb qui ne sont pas envoyées aux fonderies pour recyclage. Une exposition au plomb peut se produire lorsque les masses d’équilibrage en plomb sont retirées par les démonteurs ou les installations d’entretien automobile (par exemple par les marchands de pneus ou pendant les réparations des véhicules) et remises à des bricoleurs pour fabriquer des pesées de pêche, des contrepoids ou d’autres produits à base de plomb. Ces activités contribuent généralement à l’exposition à la poussière de plomb dans l’air intérieur. Les pesées et les turluttes de pêche fabriquées à partir de masses d’équilibrage en plomb peuvent être confondues avec de petits cailloux et ingérées par la faune, comme les huards et d’autres oiseaux aquatiques, et peuvent causer un empoisonnement au plomb et même la mort. Le Règlement réduira la probabilité d’exposition au plomb secondaire, ce qui aiderait à améliorer la qualité de l’air et réduirait les risques pour les écosystèmes et la faune.

Selon une Ă©tude commandĂ©e par le Ministère en 2014, on estime qu’environ 110 tonnes de masses d’équilibrage en plomb tombent rĂ©gulièrement des vĂ©hicules chaque annĂ©e au Canada (c’est-Ă -dire un taux de chute de 3 %). Ces masses d’équilibrage finissent par s’éroder en poussière de plomb qui est ensuite dispersĂ©e dans l’environnement. Dans ce cas particulier, il est difficile d’établir une corrĂ©lation entre l’exposition au plomb, plus particulièrement l’exposition attribuable aux masses d’équilibrage en plomb, et les divers effets sur la santĂ© et la sociĂ©tĂ© pour les particuliers. Les rĂ©percussions sur la santĂ© et la sociĂ©tĂ© peuvent prendre de nombreuses annĂ©es avant d’apparaĂ®tre, voire des dĂ©cennies. Par consĂ©quent, les avantages associĂ©s au Règlement sont prĂ©sentĂ©s en termes qualitatifs, puisque les paramètres d’intĂ©rĂŞt n’ont pas encore Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s ni quantifiĂ©s d’une manière adĂ©quate pour l’analyse coĂ»ts-avantages. Par exemple, les concentrations actuelles de poussière de plomb dans le sol, les cours d’eau et l’air ambiant provenant de l’abrasion des masses d’équilibrage n’ont pas Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es en profondeur, pas plus que les niveaux d’exposition au plomb provenant de ces voies pour les Canadiens.

Analyse de sensibilité et analyse distributionnelle

Il existe une incertitude quant Ă  la quantitĂ© de masses d’équilibrage en plomb qui devrait ĂŞtre utilisĂ©e en l’absence du Règlement. Bien que le parc automobile soit aujourd’hui plus important qu’il ne l’était en 2011, les commentaires de l’industrie suggèrent que la part de marchĂ© des masses d’équilibrage en plomb a diminuĂ©, en particulier parce que les nouveaux vĂ©hicules utilisent maintenant des solutions de rechange. L’analyse suppose que ces tendances s’annulent mutuellement dans le scĂ©nario de base, et considère ici deux scĂ©narios de rechange : une estimation Ă©levĂ©e oĂą la part de marchĂ© des masses d’équilibrage en plomb n’a pas beaucoup diminuĂ© et un scĂ©nario prudent oĂą elle a diminuĂ© de façon beaucoup plus importante que le scĂ©nario de base.

Si la quantitĂ© totale de plomb est supĂ©rieure (ou infĂ©rieure) aux estimations, les avantages quantifiĂ©s et les coĂ»ts monĂ©tisĂ©s pour l’industrie seront proportionnellement plus Ă©levĂ©s (ou plus bas). Le Ministère considère qu’une fourchette raisonnable pour saisir l’incertitude de la quantitĂ© annuelle estimĂ©e de plomb pourrait ĂŞtre de 50 % supĂ©rieure (environ 5 500 tonnes) ou infĂ©rieure (environ 1 800 tonnes) Ă  l’estimation (3 674 tonnes par annĂ©e) et donc la fourchette des coĂ»ts estimĂ©s pour l’industrie pourrait Ă©galement ĂŞtre de 50 % supĂ©rieure (ou infĂ©rieure) Ă  l’estimation (4 630 500 $ par annĂ©e après 2023).

Il existe Ă©galement une incertitude quant aux coĂ»ts supplĂ©mentaires des masses d’équilibrage de rechange, car les prix peuvent fluctuer. Le Ministère considère qu’une fourchette raisonnable pour saisir l’incertitude des coĂ»ts supplĂ©mentaires serait de 50 % supĂ©rieure (ou infĂ©rieure) Ă  l’estimation pour le scĂ©nario de base, ce qui augmenterait (ou diminuerait) proportionnellement les coĂ»ts de conformitĂ© estimĂ©s pour l’industrie.

Le Ministère note qu’il est peu probable que les coûts supplémentaires pour les masses d’équilibrage de rechange soient perceptibles par les consommateurs, étant donné le coût global du rééquilibrage des pneus. Pour cette raison, le Ministère s’attend à ce que l’industrie transfère la plupart ou la totalité de ces coûts supplémentaires aux propriétaires de véhicules. Aucun impact sur la compétitivité n’est donc attendu.

Lentille des petites entreprises

Un fabricant et 10 importateurs seraient touchĂ©s par le Règlement. Parmi ces parties rĂ©glementĂ©es, les 10 importateurs sont de petites entreprises. Cette estimation est fondĂ©e sur les donnĂ©es disponibles sur le nombre d’employĂ©s et suppose qu’une petite entreprise est dĂ©finie comme une entreprise qui compte moins de 100 employĂ©s. Le prĂ©sent règlement impose des coĂ»ts de conformitĂ© aux petites entreprises; ainsi, la lentille des petites entreprises s’applique Ă  ce règlement. Le Règlement ne devrait pas augmenter les coĂ»ts administratifs, car les pratiques habituelles en matière de tenue de dossiers sont suffisantes. Les seuls coĂ»ts administratifs introduits par le Règlement se rapportent Ă  la demande de permis. Toutefois, aucune demande de permis n’est prĂ©vue. De plus, la pĂ©riode de transition de 12 mois avant l’entrĂ©e en vigueur du Règlement permettra l’utilisation de l’inventaire actuel et diminuera le fardeau sur les entreprises.

Le Règlement n’offrira pas de souplesse particulière aux petites entreprises, comme des exceptions. Les exceptions pour les petites entreprises touchant l’interdiction des masses d’équilibrage en plomb permettraient aux petites entreprises d’importer des masses d’équilibrage dont le plomb reprĂ©sente plus de 0,1 % du poids. Un tel scĂ©nario rĂ©duirait les avantages pour les Canadiens associĂ©s Ă  la rĂ©duction de l’exposition aux rejets de plomb provenant des masses d’équilibrage. De plus, les exceptions pour les petites entreprises crĂ©eraient des règles du jeu non Ă©quitables pour les fabricants et les importateurs qui exercent leurs activitĂ©s au Canada.

Des consultations ont eu lieu avec les parties réglementées actuelles et éventuelles avant la publication du Règlement dans la Partie II de la Gazette du Canada. Les intervenants, notamment les petites entreprises, appuyaient généralement le Règlement.

Le tableau 3 ci-dessous montre les coĂ»ts prĂ©vus pour les entreprises dĂ©coulant de la mise en Ĺ“uvre du Règlement. En tout, il est estimĂ© que les entreprises engageraient des coĂ»ts d’environ 30 millions de dollars sur 10 ans, soit 6 % de plus de coĂ»ts pour chaque entreprise. Ces coĂ»ts seraient passĂ©s par les importateurs (petites entreprises) jusqu’aux consommateurs puisque les importateurs augmenteraient leurs coĂ»ts pour ĂŞtre profitables. Leurs clients (notamment les ateliers de rĂ©paration, les concessionnaires automobiles et les vendeurs de pneus indĂ©pendants) devraient Ă  leur tour transmettre les coĂ»ts aux propriĂ©taires de vĂ©hicules lorsque les pneus sont rééquilibrĂ©s. Les coĂ»ts totaux engagĂ©s par les petites entreprises devraient ĂŞtre d’environ 30 millions de dollars parce que le Ministère a inclus le fabricant de masses d’équilibrage en plomb en exploitation au Canada dans le calcul des coĂ»ts prĂ©vus, puisque le retrait de cette grande entreprise des calculs pourrait indirectement rĂ©vĂ©ler des renseignements commerciaux confidentiels. Les valeurs des coĂ»ts prĂ©vus prĂ©sentĂ©es dans le tableau 3 sont calculĂ©es en fonction d’une pĂ©riode d’analyse de 2023 Ă  2032, en dollars de 2019, et d’un taux d’actualisation annuel de 7 %.

Tableau 3 : RĂ©sumĂ© de l’analyse de la lentille des petites entreprises

Nombre d’entreprises : 11
Nombre d’annĂ©es : 10 (2023 Ă  2032)
AnnĂ©e de calcul des coĂ»ts en dollars : 2019
AnnĂ©e de la valeur actualisĂ©e : 2023
Taux d’actualisation : 7 %

Coûts prévus

Valeur annualisée

Valeur actuelle

Coûts de conformité (coût de la conversion aux masses d’équilibrage sans plomb)

4 630 500 $

30 169 000 $

Coûts administratifs

0 $

0 $

Coûts totaux (toutes les entreprises)

4 630 500 $

30 169 000 $

Coût par petite entreprise touchée

390 000 $

2 743 000 $

Règle du « un pour un Â»

Le Règlement ne devrait pas entraĂ®ner de nouveaux coĂ»ts administratifs pour les parties rĂ©glementĂ©es, Ă  moins qu’elles choisissent de demander un permis. Toutefois, le Ministère ne s’attend pas Ă  recevoir des demandes de permis. Il est possible que des permis soient accordĂ©s en raison de situations imprĂ©vues oĂą l’utilisation de masses d’équilibrage en plomb serait requise dans des conditions particulières. Les demandeurs de permis seraient tenus de dĂ©montrer, au moment de prĂ©senter leur demande, qu’il n’existe aucune solution de rechange Ă  la fabrication ou Ă  l’importation de masses d’équilibrage contenant du plomb, ou que les solutions de rechange ne sont pas rĂ©alisables pour eux sur le plan technique ou Ă©conomique. Le ministre peut dĂ©livrer un permis qui permettrait Ă  une partie rĂ©glementĂ©e de fabriquer ou d’importer des masses d’équilibrage contenant du plomb pour utilisation sur des vĂ©hicules au Canada. La durĂ©e du permis ne doit pas dĂ©passer 24 mois. Une partie rĂ©glementĂ©e pourrait demander le renouvellement d’un permis, et le ministre peut le renouveler une fois pour une pĂ©riode supplĂ©mentaire d’au plus 24 mois, si les conditions qui sous-tendent l’approbation du permis original par le ministre sont encore rĂ©unies.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

De nombreux gouvernements dans le monde ont mis en œuvre diverses initiatives de réglementation, tant à l’échelle nationale qu’internationale, afin de réduire l’exposition humaine et écologique au plomb. Étant donné que la fabrication de pièces automobiles est un marché intégré à l’échelle mondiale, le Règlement s’harmonise, dans la mesure du possible, avec les interdictions de masses d’équilibrage en plomb sur les véhicules dans certains États américains (Californie, Illinois, Maine, Maryland, Minnesota, New Jersey, New York, Vermont et Washington), dans l’Union européenne et au Japon. Ce règlement permettra aux fabricants et aux importateurs du Canada de passer plus rapidement à un marché sans plomb pour les masses d’équilibrage et de prévenir que le Canada devienne un dépotoir pour les masses d’équilibrage en plomb qui ne peuvent plus être vendues dans d’autres pays où des restrictions sont déjà en place.

Évaluation environnementale stratégique

Le Règlement a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques, une initiative du gouvernement du Canada visant Ă  rĂ©duire les risques que posent les substances chimiques pour les Canadiens et pour leur environnement. Une Ă©valuation environnementale stratĂ©gique rĂ©alisĂ©e en 2011 a permis de conclure que les politiques rĂ©glementaires Ă©laborĂ©es dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques devraient rĂ©duire les risques posĂ©s par les substances toxiques. Ce rĂ©sultat prĂ©vu est conforme Ă  l’objectif « CollectivitĂ©s sĂ»res et en santĂ© Â» de la stratĂ©gie de 2019-2022, RĂ©aliser un avenir durable : StratĂ©gie fĂ©dĂ©rale de dĂ©veloppement durable pour le Canada (PDF).

Analyse comparative entre les sexes plus (ACS+)

Le Règlement ne devrait pas avoir des rĂ©percussions directes et disproportionnĂ©es sur les personnes en raison de facteurs identitaires comme la race, l’origine ethnique, la religion, l’âge, le revenu ou la dĂ©ficience mentale ou physique. Étant donnĂ© que la quantitĂ© de plomb qui pĂ©nètre dans l’environnement devrait diminuer, le Règlement pourrait Ă©ventuellement avoir des effets indirects et disproportionnĂ©s (avantages) en fonction du sexe, de l’âge et de la rĂ©gion. Dans le Sixième rapport sur la biosurveillance humaine des substances chimiques de l’environnement au Canada, SantĂ© Canada indique qu’en 2018-2019, les concentrations de plomb dans le sang Ă©taient beaucoup plus Ă©levĂ©es chez les garçons et les hommes de 3 Ă  79 ans (0,87 Âµg/dL) que chez les filles et les femmes (0,75 Âµg/dL), et chez les adultes de 20 Ă  39 ans (0,71 Âµg/dL), de 40 Ă  59 ans (0,92 Âµg/dL) et de 60 Ă  79 ans (1,4 Âµg/dL), comparativement aux enfants et aux jeunes de 3 Ă  5 ans (0,5 Âµg/dL), de 6 Ă  11 ans (0,49 Âµg/dL) et de 12 Ă  19 ans (0,47 Âµg/dL). MĂŞme si les concentrations de plomb dans le sang Ă©taient en moyenne plus faibles chez les nourrissons et les enfants, il s’agit d’un groupe plus prĂ©occupant, car leur absorption gastro-intestinale est plus importante et leur excrĂ©tion rĂ©nale moins efficace que chez les adultes, et parce qu’ils ont des comportements types diffĂ©rents (par exemple ramper sur le sol ou se mettre frĂ©quemment la main ou des objets Ă  la bouche).

Un certain nombre d’études de biosurveillance visant à mesurer les concentrations de plomb dans le sang ont été menées à divers endroits au Canada au fil des ans. Bien que les concentrations de plomb dans le sang aient varié d’un groupe d’âge à l’autre au sein de la population canadienne, les concentrations les plus élevées ont été signalées dans les collectivités ayant des sources ponctuelles de pollution environnementale par le plomb, comme la pollution causée par les activités de fusion, et dans les collectivités du Nordréférence 9.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Le Règlement entrera en vigueur 12 mois après la date de son enregistrement. Le site Web du Ministère prĂ©sente la date d’entrĂ©e en vigueur et d’autres renseignements, des fiches d’information et une foire aux questions sur le Règlement.

L’approche du Ministère en matière d’activités de promotion de la conformité comprendra le maintien d’une présence sur le site Web du Ministère; la réponse aux demandes de renseignements des intervenants; l’appui pour faire en sorte que les commerces de pièces de rechange comprennent l’incidence du Règlement sur l’approvisionnement en masses d’équilibrage en plomb.

Comme le Règlement est pris en vertu de la LCPE, la mise en Ĺ“uvre et l’application du Règlement seront menĂ©es par le Ministère conformĂ©ment Ă  la Loi canadienne sur la protection de l’environnement : politique d’observation et d’application (la politique). Les agents d’application de la loi appliqueront la politique lorsqu’ils vĂ©rifient la conformitĂ© aux exigences rĂ©glementaires. La politique Ă©nonce l’éventail des rĂ©ponses possibles aux infractions prĂ©sumĂ©es, dont les avertissements, les directives, les ordres d’exĂ©cution en matière de protection de l’environnement, les sanctions administratives pĂ©cuniaires, les contraventions, les arrĂŞtĂ©s ministĂ©riels, les injonctions, les poursuites et les mesures de rechange en matière de protection de l’environnement, qui constituent une solution de rechange Ă  un procès après le dĂ©pĂ´t d’accusations pour une infraction Ă  la LCPE. De plus, la politique explique quand le Ministère aura recours Ă  des poursuites civiles intentĂ©es par la Couronne pour le recouvrement des coĂ»ts. Après une inspection ou une enquĂŞte, lorsqu’un agent d’application de la loi dĂ©couvre une infraction prĂ©sumĂ©e, il choisira la mesure d’exĂ©cution appropriĂ©e Ă  prendre en fonction de la politique.

Le Règlement apportera des modifications corrĂ©latives au Règlement sur les dispositions rĂ©glementaires dĂ©signĂ©es aux fins de contrĂ´le d’application — Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) [le Règlement sur la dĂ©signation]. Le Règlement sur la dĂ©signation dĂ©signe les dispositions de divers règlements pris en vertu de la LCPE comme Ă©tant assujetties Ă  une Ă©chelle d’amendes bonifiĂ©e. Ces dispositions sont dĂ©signĂ©es au motif que leur violation cause ou risque de causer des dommages directs Ă  l’environnement ou qui constituent une entrave Ă  l’exercice d’un pouvoir. Les articles dĂ©signĂ©s du Règlement sont ajoutĂ©s Ă  l’annexe du Règlement sur la dĂ©signation pour reflĂ©ter les dispositions particulières dĂ©signĂ©es.

Personnes-ressources

Matt Lebrun
Directeur
Division des produits
Direction des secteurs industriels et des produits chimiques
Direction générale de la protection de l’environnement
Ministère de l’Environnement
351, boulevard Saint-Joseph, 9e Ă©tage
Gatineau (Québec)
K1A 0H3
Courriel : Produits-Products@ec.gc.ca

Matthew Watkinson
Directeur
Division de l’analyse réglementaire et du choix d’instrument
Direction de l’analyse économique
Direction générale de la politique stratégique
Ministère de l’Environnement
200, boulevard SacrĂ©-CĹ“ur, 10e Ă©tage
Gatineau (Québec)
K1A 0H3
Courriel : ravd.darv@ec.gc.ca