Règlement modifiant certains règlements pris en vertu de la Loi sur les armes Ă  feu : DORS/2022-219

La Gazette du Canada, Partie II, volume 156, numéro 23

Enregistrement
DORS/2022-219 Le 21 octobre 2022

LOI SUR LES ARMES À FEU

C.P. 2022-1144 Le 20 octobre 2022

Attendu que, conformĂ©ment Ă  l’article 118 de la Loi sur les armes Ă  feu rĂ©fĂ©rence a, le ministre de la SĂ©curitĂ© publique et de la Protection civile a fait dĂ©poser le projet de règlement intitulĂ© Règlement modifiant certains règlements pris en vertu de la Loi sur les armes Ă  feu, conforme en substance au texte ci-après, devant chaque chambre du Parlement le 30 mai 2022, laquelle date est antĂ©rieure d’au moins trente jours de sĂ©ance Ă  la date du prĂ©sent dĂ©cret;

Attendu que le paragraphe 119(1) de cette loi prĂ©voit qu’il n’est pas nĂ©cessaire de dĂ©poser de nouveau le projet de règlement, en vertu de l’article 118 de cette loi, devant le Parlement mĂŞme s’il a subi des modifications,

Ă€ ces causes, sur recommandation du ministre de la SĂ©curitĂ© publique et de la Protection civile et en vertu de l’article 117rĂ©fĂ©rence b de la Loi sur les armes Ă  feu rĂ©fĂ©rence a, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le Règlement modifiant certains règlements pris en vertu de la Loi sur les armes Ă  feu, ci-après.

Règlement modifiant certains règlements pris en vertu de la Loi sur les armes à feu

Règlement sur les conditions visant la cession des armes à feu et autres armes

Modification

1 Le Règlement sur les conditions visant la cession des armes Ă  feu et autres armes rĂ©fĂ©rence 1 est modifiĂ© par adjonction, après l’article 4, de ce qui suit :

Armes de poing

4.1 Le contrĂ´leur des armes Ă  feu ne peut autoriser la cession d’une arme de poing Ă  un particulier que si ce dernier en a besoin :

Disposition transitoire

2 L’article 4.1 du Règlement sur les conditions visant la cession des armes Ă  feu et autres armes ne s’applique pas Ă  la cession d’une arme de poing Ă  un particulier si le cĂ©dant a demandĂ© au contrĂ´leur des armes Ă  feu au sens du paragraphe 2(1) de la Loi sur les armes Ă  feu l’autorisation de cĂ©der l’arme de poing en vertu de l’alinĂ©a 23.2(1)d) de cette loi avant la date d’entrĂ©e en vigueur du prĂ©sent règlement.

Règlement sur les autorisations de transport d’armes à feu à autorisation restreinte et d’armes à feu prohibées

3 Le Règlement sur les autorisations de transport d’armes Ă  feu Ă  autorisation restreinte et d’armes Ă  feu prohibĂ©es rĂ©fĂ©rence 2 est modifiĂ© par adjonction, après l’article 1.1, de ce qui suit :

Armes de poing

1.11 MalgrĂ© l’article 1.1, le contrĂ´leur des armes Ă  feu ne peut dĂ©livrer Ă  un particulier une autorisation de transport d’une arme de poing Ă  partir d’un port d’entrĂ©e que dans l’un ou l’autre des cas suivants :

Entrée en vigueur

4 Le présent règlement entre en vigueur à la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Règlement.)

Enjeux

La violence liée aux armes à feu représente un problème complexe qui touche les Canadiens tant en milieu urbain que rural et met en cause différents types d’armes à feu. En 2020, les armes de poing ont été utilisées dans environ la moitié des crimes violents impliquant une arme à feu au Canada. Selon des données probantes provenant de pays industrialisés du monde entier, les endroits où il y a le plus d’armes sont les endroits où il y a le plus de décès, de blessures et de crimes liés aux armesréférence 3.

En mai 2022, le gouvernement a prĂ©sentĂ© la Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en consĂ©quence (armes Ă  feu) [projet de loi C-21] qui vise, en gĂ©nĂ©ral, Ă  contrĂ´ler certaines armes Ă  feu et leurs composantes; donner Ă  l’application de la loi des autoritĂ©s supplĂ©mentaires pour rĂ©duire le trafic et l’utilisation criminelle des armes Ă  feu au Canada et Ă  la frontière; et donner un accès supplĂ©mentaire aux Canadiens pour se protĂ©ger et protĂ©ger les autres. Un Ă©lĂ©ment du projet de loi proposĂ© crĂ©era un nouveau gel national sur l’acquisition des armes de poing. Jusqu’à ce que ces mesures puissent ĂŞtre mises en place, des mesures rĂ©glementaires sont nĂ©cessaires pour rĂ©duire immĂ©diatement l’acquisition des armes de poing par les individus sur une base domestique et de l’extĂ©rieur du pays.

Contexte

Le discours du TrĂ´ne de 2021 et les lettres de mandat du ministre de la SĂ©curitĂ© publique et du ministre de la Justice et procureur gĂ©nĂ©ral reconnaissent les effets prĂ©judiciables qu’a la violence liĂ©e aux armes de poing sur les communautĂ©s canadiennes, et s’engageaient Ă  mettre en Ĺ“uvre un programme complet pour protĂ©ger la population canadienne contre la violence liĂ©e aux armes Ă  feu. Au Canada, les armes de poing sont classĂ©es comme des armes Ă  feu prohibĂ©es ou Ă  autorisation restreinte; la majoritĂ© d’entre elles sont prĂ©sentement classĂ©es comme des armes Ă  feu Ă  autorisation restreinte. Toutes les armes Ă  feu prohibĂ©es et Ă  autorisation restreinte sont enregistrĂ©es au moyen d’un certificat dĂ©livrĂ© par le contrĂ´leur des armes Ă  feu. Le certificat d’enregistrement identifie chaque arme Ă  feu et la lie Ă  son propriĂ©taire. En 2020, il y avait environ 1,1 million d’armes de poing enregistrĂ©es au Canada, dont un million au nom de particuliers. Il s’agit d’une augmentation de 74 % depuis 2010. De 45 000 Ă  55 000 armes de poing ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es annuellement au nom de particuliers entre 2010 et 2020. Le nombre moyen de cessions d’armes de poing (tant l’achat de nouvelles armes de poing que l’achat d’armes de poing d’occasion auprès d’autres propriĂ©taires titulaires d’un permis) Ă  des particuliers s’élève Ă  48 000 par annĂ©e.

Ă€ l’heure actuelle, il y a environ 1,2 million d’armes de poing enregistrĂ©es au Canada, et avant l’introduction du projet de loi C-21, environ 276 000 personnes au Canada possĂ©daient environ 1,1 million d’armes de poing. Après l’introduction du projet de loi C-21, il y a eu une augmentation du nombre de demandes de transfert de certificats d’enregistrement d’armes de poing existantes au Canada, mais seulement une modeste augmentation des demandes de transfert pour enregistrer des armes de poing nouvellement importĂ©es ou fabriquĂ©es. Du 23 mai au 27 septembre 2022, 246 058 demandes de transfert de certificats d’enregistrement d’armes de poing ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es, ce qui reprĂ©sente une augmentation importante du nombre de demandeurs par rapport aux pĂ©riodes prĂ©cĂ©dentes et dĂ©passe largement la capacitĂ© du Programme canadien des armes Ă  feu (PCAF) Ă  traiter ces demandes dans les dĂ©lais normaux.

Il convient de noter que le nombre élevé de transferts n’indique pas une quantité importante d’armes de poing nouvellement importées ou fabriquées, mais un échange entre des particuliers, des entreprises et des musées au Canada.

ConformĂ©ment aux alinĂ©as 117a) et k) de la Loi sur les armes Ă  feu, le gouverneur en conseil a le pouvoir de prendre des règlements pour restreindre la dĂ©livrance des certificats d’enregistrement et la cession des armes de poing.

Le 19 aoĂ»t 2022, le gouvernement a introduit de nouvelles mesures temporaires de contrĂ´le des importations d’armes de poing Ă  usage restreint. Ces restrictions temporaires signifient que les particuliers et les entreprises ne pourront plus importer d’armes de poing au Canada, sous rĂ©serve d’exceptions Ă©troites qui reflètent celles du projet de loi C-21 et des règlements. Ces restrictions resteront en vigueur jusqu’à ce que le gel national entre en vigueur par le biais du projet de loi C-21.

Objectif

L’objectif de ces modifications est de minimiser le plus rapidement possible l’acquisition des armes de poing par des particuliers au Canada et de l’étranger.

Description

Les modifications introduisent un gel national des armes de poing par des modifications au Règlement sur les conditions visant la cession des armes à feu et autres armes et au Règlement sur les autorisations de transport d’armes à feu à autorisation restreinte et d’armes à feu prohibées.

Les modifications vont permettre Ă  des particuliers exemptĂ©s d’importer ou de recevoir une arme de poing Ă  l’intĂ©rieur du pays qui serait cĂ©dĂ©e après son entrĂ©e en vigueur. Ces personnes exemptĂ©es comprennent celles qui ont une autorisation de port (AP) d’armes de poing dans le cadre d’une profession lĂ©gale ou Ă  des fins de protection (environ 6 000 personnes au Canada, dont l’écrasante majoritĂ© est liĂ©e au critère de la profession lĂ©gale). De plus, les personnes qui s’entraĂ®nent ou participent Ă  des compĂ©titions dans des disciplines reconnues comme des activitĂ©s de sport du tir olympique et paralympique et qui sont reconnues comme des athlètes de haut niveau par l’organisme directeur du sport de leur province ou territoire de rĂ©sidence continueront Ă  ĂŞtre autorisĂ©es Ă  acquĂ©rir ou Ă  importer des armes de poing. Il est question d’environ 8 000 athlètes.

En vertu de ces modifications, les propriĂ©taires actuels d’armes de poing seront encore autorisĂ©s Ă  possĂ©der et Ă  utiliser leurs armes de poing. Les entreprises actuellement autorisĂ©es Ă  vendre des armes Ă  feu Ă  autorisation restreinte (y compris des armes de poing) seront Ă©galement encore autorisĂ©es Ă  importer et Ă  vendre des armes de poing aux organismes d’application de la loi et Ă  d’autres entreprises autorisĂ©es (par exemple entreprises de sĂ©curitĂ©, entreprises de la tĂ©lĂ©vision et du cinĂ©ma), ainsi qu’au groupe de personnes susmentionnĂ©. Enfin, les fabricants canadiens pourront continuer Ă  produire et Ă  exporter des armes de poing.

Les modifications contiennent également une disposition transitoire qui permet aux contrôleurs des armes à feu d’autoriser le transfert d’une arme de poing pour les demandes qui ont été soumises avant le jour de l’entrée en vigueur de ce règlement.

Élaboration de la réglementation

Consultation

Entre octobre 2018 et fĂ©vrier 2019, le ministre de la SĂ©curitĂ© frontalière et de la RĂ©duction du crime organisĂ© de l’époque a menĂ© une vaste consultation publique sur la question de la prohibition des armes de poing et des armes Ă  feu de style arme d’assaut auprès des provinces et territoires, des municipalitĂ©s, des groupes autochtones, des forces de l’ordre, des organismes communautaires et de l’industrie. Ce processus de consultation visait Ă  connaĂ®tre les points de vue d’un vaste Ă©ventail d’intervenants, autant de ceux qui appuyaient la restriction de l’accès aux armes Ă  feu que de ceux qui s’y opposaient. Dans le cadre de ce processus, il y a eu une sĂ©rie de huit tables rondes en personne, un questionnaire en ligne, la prĂ©sentation de mĂ©moires et la tenue de rĂ©unions bilatĂ©rales avec un Ă©ventail d’intervenants. Les tables rondes ont Ă©tĂ© tenues dans quatre villes Ă  travers le Canada (Vancouver, MontrĂ©al, Toronto et Moncton), et 77 intervenants ont participĂ© Ă  ces sĂ©ances. De plus, 134 917 questionnaires en ligne et 36 mĂ©moires ont Ă©tĂ© reçus; 92 intervenants ont Ă©tĂ© consultĂ©s dans le cadre de rĂ©unions bilatĂ©rales.

De nombreux participants étaient de l’avis qu’il était nécessaire de prohiber les armes de poing pour assurer la sécurité publique. D’autres participants ont exprimé des avis plus mitigés, et d’autres étaient encore fermement opposés à la limitation de l’accès, car ils estimaient qu’elle ne permettrait pas de lutter contre la criminalité liée aux armes à feu ni d’éloigner les armes à feu des criminels tout en exerçant une pression excessive sur les propriétaires d’armes à feu qui sont responsables.

Les positions publiques des parties prenantes restent alignées sur ces points de vue. Certaines parties prenantes continuent de plaider en faveur d’une interdiction nationale des armes de poing, alors que d’autres sont fortement opposés à toutes mesures qui permettraient de contrôler davantage les armes à feu, y compris les armes de poing. Après avoir examiné les points de vue de chaque côté, le gouvernement a déterminé que le fait de limiter la capacité d’acquérir des armes de poing était la meilleure voie à suivre pour assurer la sécurité publique.

Ă€ la lumière des circonstances exceptionnelles, y compris les risques pour la sĂ©curitĂ© publique si des modifications ne sont pas apportĂ©es rapidement pour mettre en Ĺ“uvre le gel national des armes de poing, une exemption a Ă©tĂ© octroyĂ©e de l’exigence de la politique rĂ©glementaire pour publier officiellement les projets de modifications dans la Partie I de la Gazette du Canada. Bien qu’exemptĂ©es de publication prĂ©alable, comme il est indiquĂ© ci-dessus, des consultations antĂ©rieures ont Ă©tĂ© entreprises sur la question de l’interdiction des armes de poing entre octobre 2018 et fĂ©vrier 2019.

Dépôt

ConformĂ©ment aux exigences de la Loi sur les armes Ă  feu, les modifications ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es le 30 mai 2022 Ă  la Chambre des communes et au SĂ©nat et renvoyĂ©es aux comitĂ©s appropriĂ©s. Aucun commentaire n’a Ă©tĂ© reçu. Une disposition transitoire a Ă©tĂ© ajoutĂ©e après le dĂ©pĂ´t afin de permettre le traitement des demandes de transfert qui ont Ă©tĂ© correctement soumises avant la date d’entrĂ©e en vigueur des modifications, mais qui n’ont pas Ă©tĂ© traitĂ©es Ă  cette date. La disposition transitoire est conforme Ă  l’intention des modifications lĂ©gislatives proposĂ©es dans le projet de loi C-21.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

L’évaluation préliminaire effectuée conformément à la Directive du Cabinet sur l’approche fédérale pour la mise en œuvre des traités modernes révèle que la proposition semble sans conséquence sur les obligations du Canada au titre des traités modernes. Il n’y a aucun impact prévu sur les détenteurs de permis d’armes à feu autochtones à la suite de ce changement.

Choix de l’instrument

Puisque le Règlement, qui est proposé de modifier, précise les conditions que doivent satisfaire les particuliers qui acquièrent ou importent des armes de poing au Canada, il est nécessaire de modifier le Règlement pour apporter des modifications à ces règles. Aucune option de nature non réglementaire n’a été examinée.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Les fonctionnaires de Sécurité publique Canada ont procédé à un examen préliminaire des coûts et des avantages afin d’étudier l’impact socio-économique potentiel des modifications proposées. Cette analyse suppose que les répercussions associées à ces modifications ne sont effectives qu’avant l’entrée en vigueur de la loi permanente. Une analyse des données disponibles suit.

En 2020, il y avait environ 1,1 million d’armes de poing enregistrĂ©es au Canada, dont un million au nom de particuliers. Il s’agit d’une augmentation de 74 % depuis 2010, soit une augmentation annuelle de 4,7 %. En moyenne, environ 48 000 armes de poing ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es annuellement entre 2010 et 2020. Bien que le prix de dĂ©tail d’une arme de poing au Canada dĂ©pende d’un certain nombre de facteurs, dont l’endroit oĂą elle est achetĂ©e, la marque et le modèle, le coĂ»t moyen d’une telle arme au Canada est estimĂ© entre 750 $ et 1 000 $.

L’industrie et le gouvernement suivent l’état actuel du marchĂ© Ă©conomique des armes Ă  feu. En fonction des plus rĂ©cents renseignements disponibles (2020), Statistique Canada a indiquĂ© que les exportations d’armes Ă  feu Ă©taient Ă©valuĂ©es Ă  2 379 037 $. Selon une Ă©tude de 2019 du Conference Board of Canada, l’industrie du tir sportif contribue Ă  hauteur de 1,8 milliard de dollars Ă  l’économie du Canada, 868 millions de dollars en revenu du travail, et soutient environ 14 500 emplois.

Les petites entreprises constituent la majoritĂ© des 4 500 entreprises d’armes Ă  feu du Canada. Selon le sondage de l’Association de l’industrie canadienne des munitions et armes de sport menĂ© auprès des entreprises en 2018, 76 % des entreprises d’armes de sport vendent prĂ©sentement des armes de poing. De ce nombre, 18 % ont mentionnĂ© que la vente d’armes de poing reprĂ©sente de 30 % Ă  40 % de leurs ventes annuelles d’armes Ă  feu, tandis que 39 % ont indiquĂ© qu’elle reprĂ©sentait de 10 % Ă  20 % de leurs ventes d’armes Ă  feu. Selon le Programme canadien des armes Ă  feu de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), en 2021, 699 entreprises au Canada Ă©taient autorisĂ©es Ă  vendre des armes Ă  feu Ă  autorisation restreinte (dont les armes de poing constituent la majoritĂ© de cette classification).

Dans l’ensemble, les donnĂ©es ci-dessus semblent indiquer que les modifications entraĂ®neront des rĂ©percussions Ă©conomiques. Par contre, elles seront de nature transitoire et de portĂ©e limitĂ©e :

ScĂ©nario de base : Selon le scĂ©nario de base, les transferts d’armes de poing se poursuivraient lĂ©galement jusqu’à l’entrĂ©e en vigueur du gel national des armes de poing proposĂ© dans le projet de loi C-21. Le 19 aoĂ»t 2022, le gouvernement a publiĂ© l’Avis aux importateurs no 1090 – Exigences temporaires pour l’importation des armes de poing Ă  autorisation restreinte au Canada jusqu’à l’entrĂ©e en vigueur des modifications Ă  la Loi sur les armes Ă  feu proposĂ©es dans le projet de loi C-21. Ă€ la suite de cet avis, toutes les expĂ©ditions d’armes de poing doivent maintenant ĂŞtre accompagnĂ©es d’un permis d’importation valide dĂ©livrĂ© par le ministre des Affaires Ă©trangères pour entrer au Canada. Cette mesure vise Ă  rĂ©duire le nombre d’armes de poing entrant au pays jusqu’à l’entrĂ©e en vigueur du gel national des armes de poing. Actuellement, la majoritĂ© des transferts d’armes de poing restants sont ceux qui ont lieu entre des entitĂ©s (particuliers et entreprises) sur le marchĂ© intĂ©rieur. En raison de l’interdiction temporaire d’importation, un nombre limitĂ© de nouvelles armes de poing seraient importĂ©es sur le marchĂ© canadien mĂŞme en l’absence de ces modifications. De plus, l’augmentation rĂ©cente de l’enregistrement des armes de poing est une indication que les stocks nationaux d’armes de poing dans les magasins de dĂ©tail ont considĂ©rablement diminuĂ©. Toutefois, dans le scĂ©nario de base, on s’attendrait Ă  ce que les transferts d’armes de poing se poursuivent au pays jusqu’à l’entrĂ©e en vigueur de la loi.

ScĂ©nario rĂ©glementaire : Les modifications limiteront le transfert d’armes de poing au Canada Ă  certaines personnes exemptĂ©es. Dans la mesure oĂą certains stocks d’armes de poing demeurent dans les magasins de dĂ©tail avant l’entrĂ©e en vigueur de ces modifications, une certaine baisse des ventes et des profits (surplus du producteur) pour les dĂ©taillants et les fabricants d’armes Ă  autorisation restreinte qui produisent pour le marchĂ© intĂ©rieur pourrait se produire. La valeur de cette perte peut ĂŞtre approximĂ©e par la perte de ventes que ces modifications entraĂ®neront.

L’introduction du projet de loi C-21 le 30 mai 2022 et les restrictions qu’il propose sur l’importation et le transfert d’armes de poing ont entraĂ®nĂ© une augmentation du nombre de demandes de transfert d’armes de poing qui dĂ©passe la capacitĂ© de traitement des fonctionnaires du Programme canadien des armes Ă  feu (PCAF) dans les dĂ©lais normaux. Par consĂ©quent, le PCAF connaĂ®t des retards importants dans les dĂ©lais de traitement et de nombreuses demandes sont en attente d’une dĂ©cision. Les modifications prĂ©voient des dispositions permettant de continuer Ă  traiter les demandes de transfert reçues avant la date d’entrĂ©e en vigueur, limitant ainsi l’impact sur ces personnes.

Les rĂ©percussions Ă©conomiques des modifications pourraient Ă©galement ĂŞtre partiellement attĂ©nuĂ©es par les exemptions prĂ©vues dans le règlement et le rĂ©gime lĂ©gislatif proposĂ©s. Les entreprises qui sont actuellement titulaires d’un permis les autorisant Ă  vendre des armes Ă  feu Ă  autorisation restreinte pourraient continuer Ă  vendre leurs stocks existants d’armes de poing ainsi qu’à importer et Ă  transfĂ©rer de nouveaux stocks en vue de les vendre Ă  des organismes d’application de la loi et Ă  d’autres entreprises autorisĂ©es (par exemple entreprises de sĂ©curitĂ©, sociĂ©tĂ©s de production cinĂ©matographique et tĂ©lĂ©visuelle). Elles pourraient Ă©galement continuer Ă  vendre leurs stocks aux personnes autorisĂ©es (tireurs sportifs de haut niveau [quelque 8 000 personnes] et personnes ayant une autorisation de port d’armes Ă  feu aux fins de protection ou dans le cadre d’une activitĂ© professionnelle lĂ©gitime [quelque 6 000 personnes]). Finalement, les fabricants canadiens d’armes de poing pourraient Ă©galement continuer Ă  produire et Ă  exporter leurs produits.

Avantages

Dans la mesure oĂą certains stocks d’armes de poing sont encore disponibles dans les magasins de dĂ©tail canadiens, ce règlement empĂŞchera leur transfert Ă  quiconque, sauf Ă  un petit nombre de personnes exemptĂ©es. Elle empĂŞchera Ă©galement le transfert d’armes de poing entre particuliers (par exemple ventes privĂ©es, dons). Sur le plan qualitatif, les donnĂ©es recueillies dans les pays industrialisĂ©s montrent qu’une disponibilitĂ© accrue d’armes Ă  feu est associĂ©e Ă  un nombre accru de blessures par arme Ă  feu. En 2020, des armes de poing avaient Ă©tĂ© utilisĂ©es dans environ 54 % des crimes violents liĂ©s aux armes Ă  feu au Canada, ce qui comprend les homicides liĂ©s aux gangs. La possession d’armes de poing est disproportionnĂ©e dans les zones urbaines, et l’utilisation d’armes de poing dans les crimes liĂ©s aux armes Ă  feu dans les secteurs urbains suit cette tendance (environ 70 % des crimes violents liĂ©s aux armes Ă  feu dans les zones urbaines avaient Ă©tĂ© commis avec une arme de poing). Il convient de noter que des armes de poing avaient Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©es dans 23 % des crimes violents liĂ©s aux armes Ă  feu commis dans les rĂ©gions rurales, ce qui donne Ă  penser que le fait de limiter l’acquisition d’armes de poing devrait Ă©galement avoir une incidence positive dans ces rĂ©gions.

On peut Ă©galement s’attendre Ă  des effets indirects Ă  long terme d’une mise en Ĺ“uvre plus rapide d’un gel national des armes de poing. Des Ă©tudes portant sur la violence familiale, incluant les homicides entre partenaires intimes, indiquent que la possession d’une arme Ă  feu est un facteur de risque, puisque ce type d’arme peut ĂŞtre utilisĂ© pour menacer, intimider et blesser les victimes. En outre, le risque de mortalitĂ© en lien avec la violence familiale est cinq fois plus Ă©levĂ© lorsqu’une arme Ă  feu entre en jeu. Les problèmes de santĂ© mentale, comme la dĂ©pression et l’anxiĂ©tĂ©, peuvent aussi contribuer Ă  une utilisation non sĂ©curitaire des armes Ă  feu, particulièrement les tentatives de suicide par arme Ă  feu. On a Ă©galement dĂ©montrĂ© que la consommation d’alcool augmente la probabilitĂ© que des armes Ă  feu soient utilisĂ©es par des individus Ă  mauvais escient et aient des effets nĂ©fastes. Le fait de limiter la disponibilitĂ© des armes de poing pourrait rĂ©duire ces incidents. En outre, des fusillades ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© commises au Canada au moyen d’armes de poing Ă  mauvais escient, par exemple Ă  QuĂ©bec et en Nouvelle-Écosse, et des armes de poing sont Ă©galement utilisĂ©es dans la violence familiale dans des cadres privĂ©s (par exemple dans le cadre domestique).

Lentille des petites entreprises

On ne s’attend pas Ă  ce que les entreprises, y compris les petites entreprises, aient Ă  assumer des coĂ»ts administratifs en raison de ces modifications. Il n’y aura aucun changement aux exigences et aux processus pour les entreprises Ă  suivre lors du transfert des armes de poing Ă  un bassin dĂ©sormais plus petit de personnes admissibles. NĂ©anmoins, les petites entreprises qui vendent des armes de poing subiront une perte nette de ventes, comme nous l’avons mentionnĂ© ci-dessus, qui ne serait pas produite sans ces modifications. Comme indiquĂ©, cela pourrait reprĂ©senter jusqu’à 40 % des ventes pour certaines entreprises. Toutefois, en raison de la rĂ©cente interdiction temporaire d’importation et dans l’hypothèse oĂą les stocks actuels d’armes de poing disponibles dans les petits commerces de dĂ©tail sont faibles, ces impacts seront faibles. Certaines de ces pertes de vente peuvent ĂŞtre compensĂ©es par les consommateurs qui remplacent les achats des armes Ă  feu restreintes par des armes Ă  feu non restreintes.

Cependant, les modifications donneront aux petites entreprises la souplesse de continuer Ă  vendre les armes de poing aux individus exemptĂ©s, entreprises autorisĂ©es et d’application de la loi (par exemple entreprises de sĂ©curitĂ©, cinĂ©ma et tĂ©lĂ©vision). Les petites entreprises seront autorisĂ©es Ă  exporter ces armes Ă  feu et, si possible, renvoyer le stock aux fabricants. Cela limitera l’impact nĂ©gatif aux petites entreprises.

En fonction de flexibilité pour se conformer aux modifications, aucune mesure supplémentaire n’a été considérée comme appropriée. Ces modifications ont l’intention de réduire, avec les délais aussi petits que possible, l’acquisition des armes de poings supplémentaires au Canada. Toute autre flexibilité pour les entreprises ou les petites entreprises mettra ce but en péril.

Règle du « un pour un Â»

La règle du « un pour un Â» ne s’applique pas, puisque les modifications proposĂ©es n’entraĂ®neront aucune augmentation du fardeau administratif des entreprises; elles limiteront plutĂ´t la capacitĂ© pour les individus d’acquĂ©rir des armes de poing. Les changements ne prĂ©voient pas de nouvelles exigences administratives, car les exigences et les processus Ă  suivre pour les entreprises lors du transfert des armes de poings Ă  un bassin dĂ©sormais plus petit de personnes admissibles.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

Ces changements se rapportent à la restriction de l’acquisition et de l’importation des armes de poing à certains individus au Canada. C’est une modification de l’approche existante à la réglementation des armes à feu au Canada et non une modification aux accords ou obligations internationaux existants.

Évaluation environnementale stratégique

ConformĂ©ment Ă  la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse prĂ©liminaire a Ă©tĂ© menĂ©e relativement au projet de loi proposĂ©. Selon cette analyse prĂ©liminaire, la prĂ©sente proposition ne devrait pas avoir de rĂ©percussions environnementales importantes. Bien qu’aucune Ă©valuation environnementale stratĂ©gique officielle n’ait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e concernant les changements proposĂ©s, on ne s’attend pas Ă  ce qu’il y ait des rĂ©percussions environnementales puisque les propriĂ©taires d’armes de poing pourront conserver les armes de poing qu’ils possèdent dĂ©jĂ .

Analyse comparative entre les sexes plus

Une analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour appuyer l’élaboration des modifications lĂ©gislatives et rĂ©glementaires Ă  la Loi sur les armes Ă  feu proposĂ©es dans la lĂ©gislation sur les armes Ă  feu. La Loi sur les armes Ă  feu s’applique sans distinction Ă  tous les Canadiens. Cependant, la grande majoritĂ© des propriĂ©taires d’armes de poing enregistrĂ©es (96 %) au Canada sont des hommes. Ainsi, tout fardeau rĂ©glementaire qui pourrait ĂŞtre imposĂ© par les modifications serait principalement portĂ© par des hommes.

La possession d’armes de poing enregistrĂ©es a connu une augmentation globale de 71 % entre 2010 et 2020, les taux les plus Ă©levĂ©s ayant Ă©tant enregistrĂ©s en Ontario (36 %), en Alberta (19 %), en Colombie-Britannique (18 %) et au QuĂ©bec (10 %; en date du 11 mai 2020). La rĂ©partition de ces armes Ă  feu entre les zones rurales et urbaines diffère selon les rĂ©gions. En 2018, le nombre d’armes de poing enregistrĂ©es Ă©tait presque deux fois plus Ă©levĂ© dans les zones urbaines, et environ 70 % des armes de poing Ă©taient dĂ©tenues par des particuliers ayant obtenu un certificat d’enregistrement dans des zones urbaines. La possession par habitant en zone rurale Ă©tait toutefois plus Ă©levĂ©e que celle en zone urbaine (4 500 pour 100 000 contre 2 500 pour 100 000). Ă€ l’échelle provinciale, les taux d’enregistrement entre les zones rurales et urbaines de la Saskatchewan, de la Nouvelle-Écosse, de l’Alberta et de Terre-Neuve-et-Labrador Ă©taient presque Ă©gaux. Les taux d’enregistrement en zone urbaine de l’Ontario, de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Colombie-Britannique Ă©taient plus Ă©levĂ©s, soit de 80 %. L’imposition de nouvelles restrictions Ă  l’acquisition d’armes de poing aurait un effet disproportionnĂ© sur les rĂ©gions oĂą le nombre d’armes de poing enregistrĂ©es est le plus Ă©levĂ©.

Ă€ l’échelle nationale, en 2020, les armes de poing dĂ©pistĂ©es ayant Ă©tĂ© utilisĂ©es Ă  des fins criminelles provenaient principalement de l’étranger (72 %). Toutefois, des diffĂ©rences entre les provinces en ce qui concerne le lieu d’approvisionnement ont Ă©galement Ă©tĂ© mises en Ă©vidence. Dans plusieurs provinces, Ă  des degrĂ©s divers, les armes de poing dĂ©pistĂ©es ayant Ă©tĂ© utilisĂ©es Ă  des fins criminelles et qui ont Ă©tĂ© retracĂ©es avec succès provenaient principalement de sources Ă©trangères. En revanche, dans les autres provinces, les armes de poing dĂ©pistĂ©es avec succès se rĂ©partissent presque Ă©galement entre le pays et l’étranger. Cela dĂ©montre la nĂ©cessitĂ© de rĂ©glementer davantage le marchĂ© actuel et de restreindre la possibilitĂ© d’obtenir des armes de poing au Canada.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Conjointement avec SĂ©curitĂ© publique Canada, la GRC annoncera publiquement l’entrĂ©e en vigueur des modifications rĂ©glementaires sur le site Web du PCAF. Il sera Ă©galement possible d’obtenir de l’information par tĂ©lĂ©phone en appelant le centre d’appel du PCAF. De plus, la GRC aura recours Ă  divers produits de communication (par exemple courriels d’information visant Ă  sensibiliser les dĂ©tenteurs de permis) qui aideront les dĂ©tenteurs de permis d’armes Ă  feu et les entreprises Ă  comprendre les modifications. Le site Web du PCAF offrira Ă©galement des conseils Ă  tous les dĂ©tenteurs de permis (particuliers et entreprises) dans le but de faciliter la transition. Les coordonnĂ©es seront comprises dans le matĂ©riel de communication, au cas oĂą les particuliers et les entreprises auraient besoin de plus amples informations.

Au moment de l’entrée en vigueur, on s’attend à ce que la plupart des personnes se conforment aux nouvelles modifications et ne tentent pas d’acquérir des armes de poing. Les exigences concernant l’acquisition d’un certificat d’enregistrement pour une arme à feu à autorisation restreinte, y compris les armes de poing, resteront inchangées. Les personnes qui ne sont pas autorisées à acquérir une arme de poing, mais qui demandent tout de même une autorisation de transport au contrôleur des armes à feu ne se verront pas accorder cette autorisation.

Les propriĂ©taires actuels peuvent demeurer propriĂ©taires de leurs armes de poing et continuer de les utiliser. Les entreprises qui dĂ©tiennent actuellement un permis de vente d’armes Ă  feu Ă  autorisation restreinte, y compris d’armes de poing, peuvent continuer Ă  importer et Ă  vendre des armes Ă  feu aux organismes d’application de la loi et Ă  d’autres entreprises autorisĂ©es (par exemple les entreprises de sĂ©curitĂ©, le secteur du cinĂ©ma et de la tĂ©lĂ©vision). Les fabricants du pays pourront continuer de produire et d’exporter des armes de poing.

Le Règlement entrera en vigueur à la date de son enregistrement. Les personnes qui acquerront des armes de poing sans l’autorisation requise pourraient être accusées d’infractions au titre de la Loi sur les armes à feu et être tenues responsables au titre du Code criminel.

Les demandes de transfert faites avant l’entrée en vigueur de ces modifications seront traitées en vertu des règlements tels qu’ils existaient au moment où les demandes ont été soumises.

Personne-ressource

Division de la politique des armes Ă  feu
Courriel : ps.firearms-armesafeu.sp@ps-sp.gc.ca