DĂ©cret de remise visant certaines prestations d’urgence : TR/2022-32

La Gazette du Canada, Partie II, volume 156, numéro 13

Enregistrement
TR/2022-32 Le 22 juin 2022

LOI SUR LA GESTION DES FINANCES PUBLIQUES

C.P. 2022-617 Le 2 juin 2022

Sur recommandation du Conseil du TrĂ©sor et de la ministre de l’Emploi et du DĂ©veloppement social et en vertu du paragraphe 23(2.1)rĂ©fĂ©rence a de la Loi sur la gestion des finances publiquesrĂ©fĂ©rence b, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil, estimant que le recouvrement de certaines sommes est dĂ©raisonnable, prend le DĂ©cret de remise visant certaines prestations d’urgence, ci-après.

Décret de remise visant certaines prestations d’urgence

Remise — prestation canadienne d’urgence

1 (1) Est accordĂ©e, Ă  toute personne qui satisfait aux conditions ci-après, remise d’une somme dĂ©terminĂ©e conformĂ©ment au paragraphe (2) :

Montant de la remise

(2) Sous rĂ©serve de l’article 3, la somme Ă  ĂŞtre remise correspond au trop-perçu de l’allocation de soutien du revenu reçu par la personne pour la pĂ©riode de quatre semaines visĂ©e Ă  l’alinĂ©a (1)a).

Remise — prestation d’assurance-emploi d’urgence

2 (1) Est accordĂ©e, Ă  toute personne qui satisfait aux conditions ci-après, remise d’une somme dĂ©terminĂ©e conformĂ©ment au paragraphe (2) :

Montant de la remise

(2) Sous rĂ©serve de l’article 3, la somme Ă  ĂŞtre remise correspond Ă  la somme que la personne a remboursĂ©e ou est tenue de rembourser au titre des prestations d’assurance-emploi d’urgence, ou qu’elle a restituĂ©e ou est tenue de restituer pour des semaines comprises dans la pĂ©riode de quatre semaines visĂ©e Ă  l’alinĂ©a (1)b).

Somme maximale

3 La somme Ă  ĂŞtre remise Ă  une personne pour une pĂ©riode de quatre semaines visĂ©e aux alinĂ©as 1(1)b) ou 2(1)b) ne peut excĂ©der celle qu’elle aurait reçue au titre des prestations canadiennes d’urgence pour Ă©tudiants pour cette pĂ©riode, si elle en avait fait la demande au titre de l’article 5 de la Loi sur la prestation canadienne d’urgence pour Ă©tudiants et n’avait pas reçu d’allocation de soutien du revenu ou de prestations d’assurance-emploi d’urgence pour toute partie de cette pĂ©riode.

Entrée en vigueur

4 Le présent décret entre en vigueur à la date de sa prise.

NOTE EXPLICATIVE

(La présente note ne fait pas partie du Décret.)

Proposition

La gouverneure en conseil, conformĂ©ment au paragraphe 23(2.1) de la Loi sur la gestion des finances publiques, concluant qu’il est dĂ©raisonnable de recouvrer la dette, approuve le DĂ©cret de remise visant certaines prestations d’urgence.

Le Décret permettrait, sous certaines conditions, la remise partielle des trop payés dans le cas d’étudiants jugés inadmissibles à la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ou à la Prestation d’assurance-emploi d’urgence (PAEU), annoncées publiquement comme une PCU, qui auraient autrement été admissibles à la Prestation canadienne d’urgence pour étudiants (PCUE) s’ils en avaient fait la demande. Ainsi, les personnes pouvant démontrer qu’elles auraient été admissibles à la PCUE se verront remettre un montant équivalant à celui qu’elles auraient pu recevoir au titre de la PCUE si elles en avaient fait la demande, sans dépasser le montant des paiements de PCU ou PAEU non admissibles qui ont été reçus.

Objectif

Le DĂ©cret vise Ă  permettre d’avoir les rĂ©sultats suivants :

Contexte

En raison de la pandĂ©mie de COVID-19, plusieurs Canadiens n’ont pas pu travailler, et un grand nombre d’entre eux ont perdu leur emploi. Pour attĂ©nuer les incidences Ă©conomiques de la pandĂ©mie sur les travailleurs canadiens, en mars 2020, le gouvernement du Canada a mis en place la PCU, soit un programme d’urgence de soutien du revenu pour les personnes incapables de travailler Ă  cause de la COVID-19, en vertu de la Loi sur la prestation canadienne d’urgence. La PCU a Ă©tĂ© offerte par le biais de l’Agence du revenu du Canada (ARC). Parallèlement, le gouvernement du Canada a prĂ©sentĂ© la PAEU offerte par Service Canada. Celle-ci visait les personnes aux revenus assurables, alors que la PCU visait les personnes, comme les travailleurs indĂ©pendants, aux revenus non assurables.

Même si des critères d’admissibilité de la PAEU étaient différents de ceux de la PCU, dans un souci de communication simple avec les Canadiens, les deux programmes (PCU et PAEU) ont été présentés comme une seule prestation d’urgence (PCU). L’objectif était de faire en sorte que les demandeurs de l’un ou l’autre soutien du revenu, en vertu de la Loi sur la prestation canadienne d’urgence ou de la Loi sur l’assurance-emploi, fassent l’objet d’un même traitement.

La PCU et la PAEU offraient une prestation forfaitaire imposable de 500 $ par semaine, pour une pĂ©riode maximale de 28 semaines, entre le 15 mars 2020 et le 3 octobre 2020, aux personnes qui avaient cessĂ© de travailler et qui n’avaient pas de revenu d’emploi ou de travail indĂ©pendant pour des raisons liĂ©es Ă  la COVID-19. Pour accĂ©lĂ©rer le traitement des paiements, le gouvernement a prĂ©sentĂ© la PCU et la PAEU comme des programmes fondĂ©s sur l’attestation qui exigeaient des demandeurs de confirmer qu’ils rĂ©pondaient aux critères d’admissibilitĂ© pour y recourir, et cela, aux termes d’activitĂ©s de vĂ©rification ultĂ©rieure. Par consĂ©quent, la prĂ©sentation de relevĂ©s d’emploi (normalement exigĂ©s en vertu du rĂ©gime d’assurance-emploi) ne s’imposait pas dans le cadre de la Loi sur la prestation canadienne d’urgence ou de la Loi sur l’assurance-emploi.

En avril 2020, Ă  la suite de l’annonce de la PCU, le gouvernement du Canada a Ă©galement prĂ©sentĂ© la PCUE aux termes de la Loi sur la prestation canadienne d’urgence pour Ă©tudiants. La PCUE a fourni du soutien financier aux Ă©tudiants de niveau postsecondaire ainsi qu’aux diplĂ´mĂ©s rĂ©cents de niveaux postsecondaire et secondaire qui n’étaient pas Ă  mĂŞme de trouver un emploi en raison de la COVID-19. Les demandeurs ont touchĂ© 1 250 $ pour une pĂ©riode de quatre semaines, pendant une durĂ©e maximale de 16 semaines, entre le 10 mai et le 29 aoĂ»t 2020. Ils pouvaient Ă©galement toucher 750 $ de plus (pour un montant total de 2 000 $) pour chaque pĂ©riode de quatre semaines s’ils avaient un handicap ou des personnes Ă  charge. Les demandeurs n’avaient droit qu’à une seule des trois prestations, notamment la PCU, la PAEU ou la PCUE, pour la mĂŞme pĂ©riode.

La PCU, la PAEU et la PCUE ont Ă©tĂ© mises en Ĺ“uvre en tant que programmes de prestations d’urgence, chacun dotĂ© de ses propres critères d’admissibilitĂ©, les demandeurs devant attester qu’ils rĂ©pondent aux critères d’admissibilitĂ© du programme en question. Par exemple, il Ă©tait clairement indiquĂ© dans Loi sur la prestation canadienne d’urgence et la Loi sur l’assurance-emploi que la prestation Ă©tait destinĂ©e Ă  ceux qui avaient cessĂ© de travailler en raison de la COVID-19, tandis que la PCUE ne fournissait un soutien du revenu aux Ă©tudiants que s’ils Ă©taient incapables de travailler, cherchaient du travail mais ne pouvaient pas le trouver, ou travaillaient mais Ă©taient incapables de gagner plus de 1 000 $ (avant impĂ´ts) au cours de la pĂ©riode de quatre semaines pour laquelle ils postulaient en raison de la COVID-19. Ces programmes de prestations d’urgence ont Ă©tĂ© mis en place pour permettre aux demandeurs d’attester spĂ©cifiquement qu’ils satisfaisaient Ă  tous les critères d’admissibilitĂ© Ă  la prestation pour laquelle ils postulaient.

Selon l’ARC, quelque 98 000 Canadiens qui n’avaient pas droit Ă  la PCU ou la PAEU touchĂ©e, mais ils auraient pu ĂŞtre admissibles Ă  la PCUE s’ils en avaient fait la demande Ă  temps. La Loi sur la prestation canadienne d’urgence exige la prĂ©sentation des demandes avant le 2 dĂ©cembre 2020, y compris dans les cas de demandes pour des pĂ©riodes rĂ©troactives. La Loi sur la prestation canadienne d’urgence pour Ă©tudiants prĂ©voit qu’aucune demande ne pourrait ĂŞtre prĂ©sentĂ©e après le 30 septembre 2020. Par consĂ©quent, les cas des 98 000 Canadiens dĂ©passent le dĂ©lai statutaire pour ce qui est de demander la PCUE.

Quant aux Ă©tudiants qui ont demandĂ© la PCU ou la PAEU et qui y Ă©taient inadmissibles, ils pourraient faire l’objet d’un trop-payĂ© jusqu’à 14 000 $, selon les pĂ©riodes de prestations oĂą ils en ont reçues. Ă€ l’heure actuelle, il n’existe aucun moyen lĂ©gal leur permettant de recourir Ă  la PCUE, Ă©tant donnĂ© l’expiration des dĂ©lais rĂ©glementaires pour prĂ©senter une demande. Dans ce contexte, mĂŞme s’ils auraient pu avoir droit Ă  la PCUE, ils ne peuvent en aucune façon recourir Ă  la prestation.

En vue de remédier à cette situation, le présent décret prévoit un certain allègement pour les personnes qui ont demandé la PCU ou la PAEU, mais qui auraient pu être admissibles à la PCUE. Le Décret permet de veiller à ce que les personnes qui avaient touché des trop-payés de la PCU/la PAEU et qui peuvent prouver qu’elles auraient répondu aux critères d’admissibilité à la PCUE ne remboursent pas les montants équivalant aux prestations qu’elles auraient pu toucher aux termes de la PCUE. De cette façon, ces personnes ne rembourseraient que les trop-payés de la PCU/la PAEU excédant les montants de la PCUE qu’elles auraient pu toucher.

L’adoption de cette approche se justifie pour des motifs de compassion, Ă©tant donnĂ© que l’esprit de la politique des trois programmes visait Ă  garantir que les demandeurs touchent les prestations auxquelles ils avaient droit dans une situation d’incertitude financière. Au cours des premiers mois de la pandĂ©mie, les Ă©tudiants avaient dĂ©clarĂ© ĂŞtre très prĂ©occupĂ©s au sujet des rĂ©percussions de la pandĂ©mie de COVID-19 sur leur emploi et qu’ils auraient peut-ĂŞtre demandĂ© la PCU ou la PAEU, au lieu de la PCUE, en raison de l’annonce qui a Ă©tĂ© faite plusieurs semaines avant celle de la PCUE. La PCU ou la PAEU ont Ă©tĂ© annoncĂ©es le 25 mars 2020, alors que la PCUE l’a Ă©tĂ© près d’un mois plus tard, soit le 22 avril 2020. Compte tenu des circonstances, il serait dĂ©raisonnable d’exiger que les personnes concernĂ©es remboursent les montants qu’elles auraient pu toucher si elles avaient demandĂ© la PCUE de prĂ©fĂ©rence. Le paragraphe 23(2.1) de la LGFP prĂ©voit que le gouverneur en conseil peut remettre les dettes dues Ă  l’État lorsque le recouvrement de celles-ci est jugĂ© dĂ©raisonnable.

De plus, la dette au titre de la PCU/la PAEU pourrait peser lourd sur la capacité des étudiants à payer les études postsecondaires.

Répercussions

Les personnes qui remplissent les conditions suivantes verront leur dette remise:

Le DĂ©cret s’appliquerait Ă©galement Ă  toute personne qui :

Pour bénéficier du Décret, les personnes admissibles doivent présenter une demande proactive en remplissant un formulaire de demande qui sera disponible sur le site Web de l’ARC. Les particuliers peuvent soumettre leur formulaire de demande et les pièces justificatives en ligne ou par la poste. L’ARC recevra et examinera les renseignements sur l’admissibilité au Décret. S’il est admissible, un crédit sera traité égal au montant que le client aurait reçu en vertu de la PCUE. Ce montant ne dépassera pas le montant reçu au titre du CERB ou de la PAEU.

Le DĂ©cret permettrait de rĂ©duire considĂ©rablement la dette des personnes admissibles envers l’État. En vertu de la PCU, les demandeurs admissibles ont touchĂ© 2 000 $ pour une pĂ©riode de quatre semaines, alors qu’aux termes de la PCUE, les Ă©tudiants ont touchĂ© 1 250 $ pour la pĂ©riode de quatre semaines. Dans le cadre du DĂ©cret, les personnes concernĂ©es ne rembourseraient que 750 $ pour chaque pĂ©riode de quatre semaines oĂą elles n’étaient pas admissibles Ă  la PCU, au lieu du montant total de 2 000 $. Les bĂ©nĂ©ficiaires qui ont un handicap ou des personnes Ă  charge et qui auraient eu droit au montant de 2 000 $ pour une pĂ©riode de quatre semaines, s’ils ont touchĂ© la PCUE, ne rembourseraient pas les montants de la PCU touchĂ©s pour ces semaines, vu que ceux-ci seraient pleinement compensĂ©s par la PCUE qu’ils auraient touchĂ©e et donc la dette pour cette pĂ©riode sera entièrement remise.

Les dettes visĂ©es par le DĂ©cret ne seraient remises que si les personnes concernĂ©es produisent une dĂ©claration de revenus pour 2019 et 2020 le 31 dĂ©cembre 2022 ou antĂ©rieurement. Cette mesure vise Ă  permettre de vĂ©rifier le respect de ces personnes des exigences de revenu, entre autres, pour recourir Ă  la PCUE. Les personnes qui ne produiraient pas de dĂ©claration de revenus pour 2020 avant la date limite de dĂ©cembre 2022 auraient une dette remboursable Ă  l’État. En vertu du DĂ©cret, la date limite de dĂ©cembre 2022 accorde davantage de temps aux demandeurs pour produire les dĂ©clarations de revenus, vu qu’elle dĂ©passe de plus d’un an le dĂ©lai normal de produire des dĂ©clarations de revenus pour 2020.

Toute personne demandant une remise de dette doit prĂ©senter une demande en soumettant un formulaire et des pièces justificatives pour demander que ses dettes soient rĂ©duites conformĂ©ment au DĂ©cret. Les bĂ©nĂ©ficiaires de la PCU et de la PAEU qui n’y auraient pas Ă©tĂ© admissibles aux termes des activitĂ©s de validation avant et après le versement des paiements, peuvent soumettre le formulaire y affĂ©rent dĂ»ment rempli et des documents justificatifs pour demander l’ajustement de leurs dettes conformĂ©ment au DĂ©cret. De mĂŞme, le DĂ©cret s’appliquerait aux personnes qui n’ont pas Ă©tĂ© cernĂ©es aux fins de vĂ©rification, mais qui ont agi de façon proactive et de bonne foi pour rembourser la PCU ou la PAEU touchĂ©e dès qu’elles se seraient rendu compte de leur Ă©ventuelle inadmissibilitĂ©. De plus, si une personne a remboursĂ© les paiements de PCU auxquels elle n’avait pas droit avant de demander une remise, en plus de satisfaire aux exigences du DĂ©cret, elle sera remboursĂ©e d’un montant Ă©quivalant Ă  celui qu’elle aurait pu recevoir au titre de la PCUE, sans dĂ©passer le montant des paiements de PCU auxquels elle ne pouvait pas prĂ©tendre.

Le coĂ»t estimatif du DĂ©cret est de 67,9 millions de dollars.

Consultation

Selon les résultats des activités de consultation avec les intervenants internes, il faut agir de façon proactive pour empêcher les étudiants d’éprouver des difficultés financières et éviter de causer de l’anxiété et de la confusion chez les Canadiens quant au remboursement des prestations d’urgence.

Personne-ressource

Steven Côté
Directeur exécutif
Politique de l’assurance-emploi
Direction générale des compétences et de l’emploi
Emploi et Développement social Canada
Courriel : steven.f.cote@hrsdc-rhdcc.gc.ca