Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant le BĂ©larus : DORS/2021-236

La Gazette du Canada, Partie II, volume 155, numéro 26

Enregistrement
DORS/2021-236 Le 2 dĂ©cembre 2021

LOI SUR LES MESURES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

C.P. 2021-993 Le 1er dĂ©cembre 2021

Attendu que la gouverneure en conseil juge que des violations graves et systématiques des droits de la personne ont été commises au Bélarus,

Ă€ ces causes, sur recommandation de la ministre des Affaires Ă©trangères et en vertu des paragraphes 4(1) rĂ©fĂ©rence a, (1.1) rĂ©fĂ©rence b, (2) et (3) de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales rĂ©fĂ©rence c, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant le BĂ©larus, ci-après.

Règlement modifiant le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant le Bélarus

Modifications

1 (1) Le paragraphe 4(1) du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant le BĂ©larus rĂ©fĂ©rence 1 devient l’article 4.

(2) L’alinĂ©a 4a) du mĂŞme règlement est remplacĂ© par ce qui suit :

(3) L’alinĂ©a 4d) du mĂŞme règlement est remplacĂ© par ce qui suit :

2 La partie 1 de l’annexe 1 du mĂŞme règlement est modifiĂ©e par adjonction, après l’article 72, de ce qui suit :

3 La partie 2 de l’annexe 1 du mĂŞme règlement est modifiĂ©e par adjonction, après l’article 5, de ce qui suit :

Antériorité de la prise d’effet

4 Pour l’application de l’alinĂ©a 11(2)a) de la Loi sur les textes rĂ©glementaires, le prĂ©sent règlement prend effet avant sa publication dans la Gazette du Canada.

Entrée en vigueur

5 Le présent règlement entre en vigueur à la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Règlement.)

Enjeux

En aoĂ»t 2020, Ă  la suite d’une Ă©lection prĂ©sidentielle frauduleuse entachĂ©e d’irrĂ©gularitĂ©s significatives, les manifestations publiques de masse contre le gouvernement national ont Ă©tĂ© brutalement rĂ©primĂ©es par les forces de sĂ©curitĂ© gouvernementales, ce qui a entraĂ®nĂ© des violations flagrantes et systĂ©matiques des droits de la personne. Depuis lors, les autoritĂ©s bĂ©larussiennes ont continuĂ© d’employer une rhĂ©torique agressive envers l’opposition, ont refusĂ© d’engager le dialogue et ont rejetĂ© les appels Ă  la tenue de nouvelles Ă©lections prĂ©sidentielles. Les violations des droits de la personne se poursuivent et il n’y a pas eu de responsabilitĂ© pour les violations passĂ©es ou actuelles. Le Canada et ses partenaires internationaux aux vues similaires ont condamnĂ© Ă  plusieurs reprises les actions des autoritĂ©s bĂ©larussiennes et leur traitement des voix de l’opposition.

Contexte

Le 9 aoĂ»t 2020, la RĂ©publique du BĂ©larus a tenu des Ă©lections prĂ©sidentielles entachĂ©es de nombreuses irrĂ©gularitĂ©s. Sous la direction du prĂ©sident au pouvoir Alexander Lukashenko, le gouvernement du BĂ©larus a menĂ© une campagne de rĂ©pression systĂ©matique pendant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant le vote et pendant le dĂ©roulement de l’élection elle-mĂŞme, et a utilisĂ© la violence soutenue par l’État contre le peuple bĂ©larussien afin de rĂ©primer les manifestations antigouvernementales. Human Rights Watch, Amnistie internationale, le Bureau du commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, le Viasna Human Rights Centre, ainsi que l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe, ont tous signalĂ© de nombreuses violations des droits de la personne. Depuis lors, plusieurs organisations renommĂ©es des droits de le personne, incluant le Viasna Human Rights Centre, ont Ă©tĂ© contraints de fermer.

Depuis les Ă©lections prĂ©sidentielles de 2020, le gouvernement du BĂ©larus continue de commettre ces violations flagrantes et systĂ©matiques des droits de la personne. Celles-ci comprennent des dĂ©tentions arbitraires prolongĂ©es, la brutalitĂ©, l’intimidation et l’usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques. Les arrestations arbitraires se poursuivent. De plus, il existe des restrictions indues aux droits Ă  la libertĂ© d’expression, de rĂ©union pacifique et Ă  la libertĂ© d’association. Les observateurs des droits de la personne ont identifiĂ© une escalade de l’ampleur de la rĂ©pression contre les journalistes indĂ©pendants en 2021, notamment des dĂ©tentions arbitraires, l’imposition d’amendes et de peines d’emprisonnement, la perte d’accrĂ©ditations mĂ©diatiques et des descentes de police. Le 23 mai 2021, le gouvernement du BĂ©larus a orchestrĂ© un Ă©vĂ©nement qui a constituĂ© une escalade importante et dangereuse de ses attaques contre les voix de l’opposition. Le vol Ryanair 4978, volant entre Athènes, Grèce, et Vilnius, Lituanie, a Ă©tĂ© dĂ©routĂ© vers l’aĂ©roport national de Minsk Ă  la demande des autoritĂ©s aĂ©ronautiques bĂ©larussiennes. Le dĂ©tournement a Ă©tĂ© demandĂ© sur la base d’une Ă©ventuelle menace Ă  la bombe Ă  bord, qui n’a pas Ă©tĂ© corroborĂ©e. Ă€ l’atterrissage Ă  Minsk, deux passagers, le journaliste et militant bĂ©larussien Roman Protasevich et sa compagne russe, Sofia Sapega, ont Ă©tĂ© retirĂ©s du vol. En date d’octobre 2021, ils demeurent assignĂ©s Ă  rĂ©sidence, en attendant leur procès.

Depuis le dernier cycle de sanctions (aoĂ»t 2021), la situation a continuĂ© de se dĂ©tĂ©riorer. Le 6 septembre 2021, Marrya Kolesnikova, figure de proue de l’opposition, a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  11 ans de prison pour complot en vue de prendre le pouvoir et menace Ă  la sĂ©curitĂ© nationale, après un an de dĂ©tention Ă  la suite de son enlèvement dans le centre de Minsk et Ă  une tentative d’expulsion forcĂ©e du pays. Fin septembre 2021, le ministère de la Justice du BĂ©larus a intentĂ© une action en justice pour dissoudre le ComitĂ© Helsinki de BiĂ©lorussie, l’une des plus anciennes associations indĂ©pendantes de dĂ©fense des droits de la personne du pays. La situation Ă  la frontière avec les États de l’Union europĂ©enne (UE) s’est Ă©galement aggravĂ©e, la Pologne ayant rejoint la Lituanie et la Lettonie en dĂ©clarant l’état d’urgence le 7 septembre 2021. Enfin, les inquiĂ©tudes concernant la forte emprise de Lukashenko sur ses citoyens demeurent. Ă€ la suite de l’exercice militaire ZAPAD de septembre (du 10 au 16 septembre), la Russie a laissĂ© sur place jusqu’à 10 % de l’équipement militaire, qui sera utilisĂ© par le BĂ©larus. L’UE a rĂ©cemment imposĂ© des sanctions supplĂ©mentaires, et les États-Unis et le Royaume-Uni se prĂ©parent Ă  faire de mĂŞme prochainement. Une coordination avec ces pays aux vues similaires renforcera l’effet des sanctions canadiennes. Il n’y a rien qui indique que le gouvernement du BĂ©larus soit vĂ©ritablement dĂ©terminĂ© Ă  trouver une solution nĂ©gociĂ©e avec les groupes d’opposition, ni de faire en sorte que les responsables de violations flagrantes et systĂ©matiques des droits de la personne aient Ă  rĂ©pondre de leurs actes. Aucune mesure appropriĂ©e n’a Ă©tĂ© prise pour rĂ©tablir les droits dĂ©mocratiques ou pour remĂ©dier aux violations des droits de la personne qui se poursuivent.

Le Canada s’est fortement engagĂ© dans la situation au BĂ©larus, tant directement avec le gouvernement du BĂ©larus et avec des partenaires internationaux, ainsi qu’au sein de forums multilatĂ©raux, tels que l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe, la Coalition pour la libertĂ© des mĂ©dias et la Freedom Online Coalition. Le 29 septembre 2020, le Canada, en coordination avec le Royaume-Uni, a annoncĂ© des sanctions contre 11 fonctionnaires du gouvernement du BĂ©larus en vertu du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant le BĂ©larus (le Règlement). Le 15 octobre 2020, le Canada, en coordination avec l’Union europĂ©enne, a annoncĂ© des sanctions contre 31 autres fonctionnaires du gouvernement du BĂ©larus en vertu du Règlement. Le 6 novembre 2020, des sanctions supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© annoncĂ©es contre 13 autres fonctionnaires bĂ©larussiens, encore en coordination avec l’Union europĂ©enne. Le 21 juin 2021, en coordination avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union europĂ©enne, le Canada a annoncĂ© des sanctions contre 17 particuliers et 5 entitĂ©s en vertu du Règlement. Le 9 aoĂ»t 2021, le Canada a annoncĂ© de nouvelles sanctions imposant des restrictions sur certaines activitĂ©s liĂ©es aux valeurs mobilières et aux instruments du marchĂ© monĂ©taire, au financement par emprunt, Ă  l’assurance et Ă  la rĂ©assurance, aux produits pĂ©troliers, et aux produits Ă  base de chlorure de potassium. Jusqu’à maintenant, le Canada a sanctionnĂ© 72 individus et 5 entitĂ©s liĂ©s aux Ă©vĂ©nements au BĂ©larus.

Le Règlement interdit Ă  toute personne (individus et entitĂ©s) au Canada et Ă  tout Canadien Ă  l’étranger de mener les activitĂ©s suivantes :

En consĂ©quence d’être inscrites dans le règlement, et en vertu de l’application de l’alinĂ©a 35(1)d) de la Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s, les personnes figurant sur la liste sont Ă©galement interdites de territoire au Canada.

Le DĂ©cret concernant l’autorisation, par permis, Ă  procĂ©der Ă  certaines opĂ©rations (mesures Ă©conomiques spĂ©ciales — BĂ©larus) [le DĂ©cret] confère au ministre des Affaires Ă©trangères le pouvoir de dĂ©livrer Ă  une personne se trouvant au Canada ou Ă  un Canadien se trouvant Ă  l’étranger un permis l’autorisant Ă  exĂ©cuter une activitĂ© ou une opĂ©ration, ou tout type d’activitĂ©s ou d’opĂ©rations, qui feraient autrement l’objet d’une interdiction ou d’une restriction au titre du Règlement.

Objectifs

Description

Le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant le Bélarus (les modifications) ajoute 24 individus et 7 entités à l’annexe du Règlement. Il sera interdit aux personnes au Canada et aux Canadiens à l’étranger de traiter avec les personnes énumérées dans l’annexe. Ces personnes, qui ne sont pas des citoyens canadiens, seront interdites sur le territoire canadien en vertu de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR).

Élaboration de la réglementation

Consultation

Affaires mondiales Canada mobilise régulièrement les intervenants pertinents, y compris des organisations de la société civile et les communautés culturelles, ainsi que d’autres gouvernements aux vues similaires au sujet de l’approche adoptée par le Canada quant à la mise en œuvre de sanctions.

En ce qui concerne les modifications, des consultations publiques n’auraient pas été appropriées, car la publication des nouvelles interdictions aurait divulgué des communications confidentielles avec des États étrangers et aurait pu raisonnablement être préjudiciable à la conduite des affaires internationales.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Une évaluation initiale de la portée géographique de l’initiative a été effectuée et n’a révélé aucune obligation découlant des traités modernes, car les modifications ne prennent pas effet dans une région visée par un traité moderne.

Choix de l’instrument

Au Canada, les règlements sont le seul instrument permettant d’appliquer des sanctions. Aucun autre instrument ne pourrait être pris en compte.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

L’application des sanctions servira à faire pression sur le gouvernement du Bélarus afin qu’il modifie son comportement. Ces nouvelles sanctions communiquent un message clair indiquant que le Canada n’acceptera pas que des violations flagrantes et systématiques des droits de la personne continuent à se produire au Bélarus aux mains de l’État en toute impunité. Étant donné que les efforts déployés jusqu’à présent n’ont pas convaincu le gouvernement du Bélarus d’accepter la responsabilité à l’égard des violations des droits de la personne ni d’appliquer pleinement les ententes issues du processus de négociation avec les groupes d’opposition, les sanctions qui visent à avoir un large impact envoient un message important de la part du Canada.

Les banques et les institutions financières canadiennes sont tenues de se conformer aux sanctions. Elles le feront en ajoutant les nouvelles interdictions à leurs systèmes de surveillance existants, ce qui pourrait entraîner un coût de mise en conformité mineur.

Les modifications entraîneront des coûts supplémentaires pour les entreprises qui demandent des permis les autorisant à exercer des activités ou à effectuer des transactions autrement interdites. Toutefois, les coûts seront probablement faibles, car il est peu probable que les entreprises canadiennes fassent affaire avec les nouvelles personnes visées par ces sanctions.

Lentille des petites entreprises

Comme il est peu probable que les entreprises canadiennes aient des relations d’affaires avec les nouvelles personnes visées par des sanctions, on ne s’attend pas à ce que les modifications entraînent une perte importante d’occasions pour les petites entreprises.

Afin d’aider les petites entreprises à se conformer au Règlement, Affaires mondiales Canada a entrepris de sensibiliser davantage les parties prenantes en les informant des modifications qui y ont été apportées, notamment par des mises à jour du site Web au sujet des sanctions et par la mise en place d’une ligne d’assistance téléphonique sur les sanctions. En outre, le Service des délégués commerciaux est engagé dans la mise en œuvre de la stratégie de diversification du commerce du Canada, qui aidera les entreprises canadiennes à trouver d’autres marchés d’exportation.

Règle du « un pour un Â»

La règle du un pour un ne s’applique pas aux modifications, car celles-ci ne créent aucun fardeau administratif supplémentaire pour les entreprises.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

Bien que les modifications ne soient pas liées à un plan de travail ou à un engagement pris dans le cadre d’un forum officiel de coopération en matière de réglementation, elles s’alignent avec les mesures prises par des partenaires aux vues similaires.

Évaluation environnementale stratégique

Il est peu probable que les modifications entraînent des effets importants sur l’environnement. Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a permis de conclure qu’une évaluation environnementale stratégique n’est pas nécessaire.

Analyse comparative entre les sexes plus (ACS+)

Des exceptions sont prévues dans le Règlement, notamment pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire afin d’atténuer, dans une certaine mesure, l’impact des sanctions sur les groupes vulnérables. Le ministre des Affaires étrangères peut également délivrer des permis en vertu du Décret. En tant que telles, ces nouvelles sanctions sont susceptibles d’avoir très peu d’impact sur les citoyens du Bélarus.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Au Canada, les règlements sur les sanctions sont appliquĂ©s par la Gendarmerie royale du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada. ConformĂ©ment Ă  l’article 8 de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales, quiconque contrevient dĂ©libĂ©rĂ©ment au Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant le BĂ©larus est passible, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© par procĂ©dure sommaire, d’une amende maximale de 25 000 $ ou d’une peine d’emprisonnement maximale d’un an, ou une combinaison des deux, ou encore, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© par mise en accusation, d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans.

Personne-ressource

Andrew Turner
Directeur
Direction des relations avec l’Eurasie et l’Europe de l’Est
TĂ©lĂ©phone : 343‑203‑3603
Courriel : andrew.turner@international.gc.ca