ArrĂŞtĂ© sur le prix Ă  payer pour des services en vue d’une rĂ©habilitation : DORS/2021-234

La Gazette du Canada, Partie II, volume 155, numéro 26

Enregistrement
DORS/2021-234 Le 30 novembre 2021

LOI SUR LA GESTION DES FINANCES PUBLIQUES

En vertu du dĂ©cret C.P. 1995-698 du 26 avril 1995 rĂ©fĂ©rence a et de l’alinĂ©a 19(1)b) rĂ©fĂ©rence b de la Loi sur la gestion des finances publiques rĂ©fĂ©rence c, le ministre de la SĂ©curitĂ© publique et de la Protection civile prend l’ArrĂŞtĂ© sur le prix Ă  payer pour des services en vue d’une rĂ©habilitation, ci-après.

Ottawa, le 23 novembre 2021

Le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
Marco E.L. Mendicino

Arrêté sur le prix à payer pour des services en vue d’une réhabilitation

Prix à payer pour des services en vue d’une réhabilitation

Définition de services en vue d’une réhabilitation

1 Dans le prĂ©sent arrĂŞtĂ©, services en vue d’une rĂ©habilitation s’entend, entre autres :

Prix Ă  payer

2 Sous rĂ©serve du paragraphe 4(3.3) de la Loi sur le casier judiciaire, toute personne visĂ©e au paragraphe 3(1) de cette loi qui prĂ©sente une demande de rĂ©habilitation ou de suspension du casier Ă  la Commission des libĂ©rations conditionnelles du Canada en vertu de cette loi doit payer la somme de 50 $ au receveur gĂ©nĂ©ral pour la prestation de services en vue d’une rĂ©habilitation par la Commission des libĂ©rations conditionnelles du Canada.

Abrogation

3 L’Arrêté sur le prix à payer pour des services en vue d’une réhabilitation référence 1 est abrogé.

Entrée en vigueur

1er janvier 2022

4 Le prĂ©sent arrĂŞtĂ© entre en vigueur le 1er janvier 2022 ou, si elle est postĂ©rieure, Ă  la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie de l’Arrêté.)

Enjeux

Cette réduction des frais de service (c’est-à-dire les frais de demande) améliorera l’accès aux pardons / suspensions du casier et servira mieux les groupes marginalisés qui se heurtent à des obstacles socioéconomiques préexistants.

Contexte

D’importantes modifications apportĂ©es Ă  la Loi sur le casier judiciaire (LCJ) entre 2010 et 2012 rĂ©duisent l’accès Ă  la suspension du casier. Au nombre de ces modifications, notons le prolongement des pĂ©riodes d’attente, l’augmentation des frais de demande, l’application de nouveaux critères de dĂ©cision et la non-admissibilitĂ© au pardon des personnes condamnĂ©es pour certaines infractions (c’est-Ă -dire infractions sexuelles Ă  l’encontre d’un enfant, plus de trois actes criminels entraĂ®nant une peine d’emprisonnement de deux ans ou plus pour chaque condamnation). Le terme « pardon Â» a aussi Ă©tĂ© remplacĂ© par « suspension du casier Â».

L’augmentation des frais de demande en 2012, laquelle visait Ă  reflĂ©ter le recouvrement intĂ©gral des coĂ»ts du programme pour la Commission des libĂ©rations conditionnelles du Canada (CLCC), reposait sur un volume annuel prĂ©vu de 15 000 demandes. Les frais de demande de suspension du casier s’élèvent actuellement Ă  657,77 $, ce qui peut constituer un obstacle important pour ceux qui souhaitent demander une suspension du casier, en particulier pour les groupes marginalisĂ©s qui sont confrontĂ©s Ă  des obstacles socioĂ©conomiques prĂ©existants.

Objectif

La réduction des frais facilitera l’accès à la suspension du casier (ou pardon) pour la majorité des personnes ayant un casier judiciaire, tout en améliorant l’accès à l’emploi, au logement, à l’éducation et aux autres éléments essentiels pour soutenir la réinsertion sociale des délinquants. Ces mesures aideront à briser les obstacles préexistants pour les personnes qui sont les plus fortement touchées par le système de justice pénale.

Description

Le prĂ©sent projet vise Ă  rĂ©duire les frais de service de 657,77 $ Ă  50 $ en vertu de l’ArrĂŞtĂ© sur le prix Ă  payer pour des services en vue d’une rĂ©habilitation.

Cette rĂ©duction des frais vise Ă  accroĂ®tre l’accessibilitĂ© et Ă  mieux servir les groupes marginalisĂ©s qui sont confrontĂ©s Ă  des obstacles socioĂ©conomiques prĂ©existants. Des frais de 50 $ sont considĂ©rĂ©s comme des frais de faible importance puisqu’ils rĂ©pondent aux critères de l’alinĂ©a 2(1)a) du Règlement sur les frais de faible importance et, par consĂ©quent, seraient exemptĂ©s de l’application des articles 3 Ă  18 de la Loi sur les frais de service (norme de service, rajustement annuel de l’indice des prix Ă  la consommation, remise, consultation et examen parlementaire, etc.).

Élaboration de la réglementation

Consultation

Étant donnĂ© que les frais de demande seront rĂ©duits Ă  50 $, ce qui constitue une rĂ©duction considĂ©rable, ils sont considĂ©rĂ©s comme des frais de faible importance. La CLCC est par consĂ©quent exemptĂ©e de l’application des articles 3 Ă  18 de la Loi sur les frais de service (norme de service, ajustement annuel de l’indice des prix Ă  la consommation, remise, consultation et examen parlementaire, etc.). La Directive du Cabinet sur la rĂ©glementation et la Loi sur les textes rĂ©glementaires comportent toutefois des exigences en matière de publication prĂ©alable, et la Loi sur les textes rĂ©glementaires stipule que les modifications apportĂ©es Ă  l’ArrĂŞtĂ© sur le prix Ă  payer pour des services en vue d’une rĂ©habilitation doivent ĂŞtre enregistrĂ©es et publiĂ©es dans la Partie II de la Gazette du Canada.

Lors des consultations de la CLCC sur les frais d’utilisation tenues en 2016, 96 % des rĂ©pondants ont indiquĂ© que les frais actuels constituaient un obstacle Ă  la prĂ©sentation d’une demande. En 2019, les membres du Parlement ont maintes fois soulignĂ©, pendant l’étude parlementaire du projet de loi C-93, Loi prĂ©voyant une procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e et sans frais de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis, et de la motion M-161 (Programme de suspension de casier) que les barrières systĂ©miques empĂŞchent les demandeurs actuels et Ă  venir d’avoir accès au pardon. Une des principales entraves est la tarification actuelle.

Le 10 juin 2021, le ministre de la SĂ©curitĂ© publique a annoncĂ© l’intention du gouvernement de rĂ©duire les frais Ă  aussi peu que 50 $.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Ce projet n’a aucune incidence sur les obligations découlant des traités. Les peuples autochtones pourraient être favorablement touchés par le projet, et ce, de manière disproportionnée. La réduction des frais sera profitable pour toutes les personnes souhaitant obtenir une suspension du casier.

Choix de l’instrument

Le Décret TR/95-59 autorise le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile à prescrire par arrêté les frais à payer par tout utilisateur à qui des services de réhabilitation sont fournis par la Commission des libérations conditionnelles du Canada.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Bien que plusieurs autres montants aient Ă©tĂ© analysĂ©s, le montant proposĂ© de 50 $ tient compte des rĂ©sultats des consultations prĂ©cĂ©dentes, de la volontĂ© du gouvernement d’amĂ©liorer l’accès au pardon pour les groupes marginalisĂ©s, des lignes directrices du Conseil du TrĂ©sor ainsi que de l’analyse coĂ»ts-avantages effectuĂ©e par un entrepreneur indĂ©pendant en 2011. Les suspensions du casier soutiennent le « bien commun Â», comme le prouve l’analyse rĂ©alisĂ©e par Regulatory Impacts, Alternatives and Strategies (RIAS Inc.), qui a constatĂ© que pour chaque dollar dĂ©pensĂ© pour soutenir le programme, on peut s’attendre Ă  un gain de 2,83 $ pour la sociĂ©tĂ©. En rĂ©duisant les frais Ă  50 $, on s’assure que l’accès au pardon ne dĂ©pend pas de la capacitĂ© du demandeur de payer et, en fin de compte, on favorise la rĂ©insertion sociale des dĂ©linquants, ce qui contribue Ă  la sĂ©curitĂ© publique. En mĂŞme temps, les frais de 50 $ sont suffisamment Ă©levĂ©s pour reflĂ©ter le principe de la responsabilitĂ© individuelle et dissuader les demandes vexatoires ou incomplètes. Cette somme a Ă©tĂ© approuvĂ©e par le Conseil du TrĂ©sor dans le cadre de l’examen stratĂ©gique rĂ©alisĂ© par la CLCC en 2008 sur le recouvrement des coĂ»ts directs du programme. Ainsi, la rĂ©duction proposĂ©e des frais de demande donnerait Ă  un plus grand nombre de demandeurs accès au programme de suspension du casier.

L’hypothèse de planification retenue aux fins du prĂ©sent projet est que l’entrĂ©e en vigueur de la rĂ©duction des frais de service se fera le 1er janvier 2022.

Avec la rĂ©duction de l’ArrĂŞtĂ© sur le prix Ă  payer pour des services en vue d’une rĂ©habilitation Ă  50 $, on estime que la CLCC recevra une augmentation du nombre de demandes, qui passera de la moyenne actuelle d’un peu moins de 13 000 demandes Ă  20 000 demandes, en raison de la rĂ©duction des frais et des rĂ©percussions de la dĂ©cision de la Cour fĂ©dĂ©rale : P.H. c. Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral), datant du 19 mars 2020, qui a fait en sorte que toutes les personnes qui prĂ©sentent une demande de suspension du casier seront examinĂ©es en fonction des critères d’admissibilitĂ© et de dĂ©cision de la LCJ en vigueur Ă  la date de la perpĂ©tration de leur infraction. La mise en Ĺ“uvre de cette dĂ©cision a augmentĂ© l’accessibilitĂ© aux pardons / suspensions du casier pour certains demandeurs en rĂ©duisant les pĂ©riodes d’attente pour les demandes et en rendant certains demandeurs admissibles. La CLCC ne s’attend pas Ă  une augmentation supplĂ©mentaire au cours des premières annĂ©es, car cette estimation reprĂ©sente dĂ©jĂ  une hausse importante par rapport aux demandes reçues ces dernières annĂ©es, qui ont atteint en moyenne un peu moins de 10 000 demandes acceptĂ©es au cours des cinq dernières annĂ©es. Le volume plus Ă©levĂ© est considĂ©rĂ© comme une moyenne plus reprĂ©sentative de l’activitĂ© probable, compte tenu de la dĂ©cision P.H. et de la rĂ©duction significative des frais de demande. En effet, le coĂ»t Ă©levĂ© des frais actuels constitue un obstacle majeur pour les demandeurs.

Le tableau suivant présente le coût total du programme (c’est-à-dire le rajustement total du niveau de référence du budget de la CLCC requis), selon ces prévisions.

Tableau 1 : Coût du programme de la CLCC par exercice (en dollars)
  2020-2021 2022-2023 2023-2024 2024-2025 2025-2026 Total En cours
Coût du programme 3,1 13,4 12,4 11,3 11,5 51,7 11,8
Moins les recettes (0,2) (0,8) (0,8) (0,8) (0,8) (3,4) (0,8)
Total 2,9 12,6 11,6 10,5 10,7 48,3 11,0

Comme indiquĂ© dans le tableau ci-dessus, les recettes gĂ©nĂ©rĂ©es par la rĂ©duction proposĂ©e des frais (Ă  50 $) ne couvrent qu’une infime partie (c’est-Ă -dire moins de 10 %) du coĂ»t annuel total permanent du programme. En 2019, la CLCC a réévaluĂ© les coĂ»ts et dĂ©terminĂ© qu’un vĂ©ritable modèle de recouvrement intĂ©gral des coĂ»ts pour le programme entraĂ®nerait des frais de demande de plus de 800 $.

Il est important de noter que la réduction des frais sera compensée par une augmentation du niveau de référence de la CLCC.

La CLCC planifie et surveille le coût du programme par le biais de son processus de la Planification opérationnelle intégrée, de prévisions mensuelles en cours d’année, et d’exercices périodiques de réduction des coûts (soit tous les deux ans) pour s’assurer que les opérations du programme fonctionnent à un niveau optimal avec une efficacité maximale.

Lentille des petites entreprises

Une analyse réalisée suivant la Lentille des petites entreprises a permis de conclure que l’Arrêté n’aura aucune incidence sur les petites entreprises canadiennes.

Règle du « un pour un Â»

La règle du « un pour un Â» ne s’applique pas, puisqu’il n’y aura aucune incidence sur les entreprises.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

Ce projet n’est pas liĂ© Ă  un plan de travail ou Ă  un engagement dans le cadre d’un forum officiel de coopĂ©ration en matière de rĂ©glementation (par exemple le Conseil de coopĂ©ration en matière de rĂ©glementation Canada–États-Unis, la Table de conciliation et de coopĂ©ration en matière de rĂ©glementation de l’Accord de libre-Ă©change canadien, le Forum de coopĂ©ration en matière de rĂ©glementation de l’Accord Ă©conomique et commercial global entre le Canada et l’Union europĂ©enne).

Évaluation environnementale stratégique

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a été réalisée. Celle-ci a permis de conclure qu’une évaluation environnementale stratégique n’est pas nécessaire.

Analyse comparative entre les sexes plus

Une rĂ©duction des frais aurait une incidence favorable sur les adultes Ă  faible revenu de tous les groupes, qui n’ont peut-ĂŞtre pas Ă©tĂ© en mesure de prĂ©senter une demande de pardon en raison du coĂ»t qui s’y rattache. Étant donnĂ© que les personnes issues de communautĂ©s marginalisĂ©es, notamment les Canadiens de race noire et les Autochtones, sont surreprĂ©sentĂ©es Ă  toutes les Ă©tapes du système de justice pĂ©nale (tout en Ă©tant confrontĂ©es Ă  des obstacles socioĂ©conomiques prĂ©existants), l’un des principaux objectifs de ce projet est de rendre le programme de suspension du casier / pardon plus accessible en rĂ©duisant les frais de demande. Tous les demandeurs potentiels bĂ©nĂ©ficieront de cette rĂ©duction.

Parallèlement à la réduction des frais, une réforme législative visant à apporter de vastes changements qui amélioreront grandement l’accessibilité du programme et profiteront également à ces personnes a été déposée. L’évaluation du programme, qui sera dirigée par Sécurité publique Canada, permettra de vérifier si les groupes marginalisés sont mieux en mesure d’accéder au programme et de s’y retrouver, et de mesurer les avantages sociaux globaux des pardons. Sécurité publique Canada travaille en collaboration avec la CLCC pour déterminer dans quelle mesure il est possible de recueillir des renseignements démographiques afin que les résultats de la stratégie axée sur les résultats puissent être présentés sous le prisme de l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+). Les renseignements démographiques envisagés comprennent l’âge, le sexe, la race ou l’origine ethnique, la situation d’emploi, la région de résidence et d’autres variables.

La CLCC ne recueille actuellement pas de données d’ACS+ dans le cadre du programme Décisions relatives à la suspension du casier et recommandations concernant la clémence. Elle modifie toutefois le guide et les formulaires de demande de suspension du casier de sorte que les demandeurs aient, aux fins de communication, la possibilité de s’identifier comme étant un homme, une femme ou une personne d’un autre genre sur leur formulaire de demande. Dans le cadre de ce projet, la CLCC travaillera de concert avec Sécurité publique Canada afin de déterminer dans quelle mesure des renseignements démographiques peuvent être recueillis de sorte que l’on puisse faire état des résultats en tenant compte des groupes marginalisés et de l’incidence des réformes sur ces groupes.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Mise en œuvre

L’ArrĂŞtĂ© sur le prix Ă  payer pour des services en vue d’une rĂ©habilitation entre en vigueur le 1er janvier 2022, ou Ă  la date de l’enregistrement.

Il importe de noter qu’aucun changement ne sera apporté à la manière dont une personne demandera une suspension du casier / pardon ni à la façon dont les frais seront perçus.

Normes de service

La CLCC traite les demandes de suspension du casier selon les normes de service suivantes :

Le terme « acceptation Â» signifie que la demande a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme admissible et complète par la CLCC.

Ces normes de service resteront les mĂŞmes, par principe, après la mise en Ĺ“uvre de la rĂ©duction des frais Ă  50 $ par demande acceptĂ©e.

Personne-ressource

Lisa Noseworthy
Directrice
Division de la clémence et de suspension du casier
Commission des libérations conditionnelles du Canada
410, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)
K1A 0R1