Vol. 148, no 8 — Le 9 avril 2014

Enregistrement

DORS/2014-58 Le 17 mars 2014

LOI SUR LES MESURES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie

C.P. 2014-282 Le 17 mars 2014

Attendu que le gouverneur en conseil juge que les actions de la Fédération de Russie constituent une rupture sérieuse de la paix et de la sécurité internationales qui a entraîné ou est susceptible d’entraîner une grave crise internationale,

À ces causes, sur recommandation du ministre des Affaires étrangères et en vertu des paragraphes 4(1) à (3) de la Loi sur les mesures économiques spéciales (voir référence a), Son Excellence le Gouverneur général en conseil prend le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie, ci-après.

RÈGLEMENT SUR LES MESURES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES VISANT LA RUSSIE

DÉFINITIONS

Définitions

1. Les définitions qui suivent s’appliquent au présent règlement.

« Convention »
Convention

« Convention » S’entend de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques faite à Vienne le 18 avril 1961.

« ministre »
Minister

« ministre » Le ministre des Affaires étrangères.

« pension »
pension

« pension » Toute prestation versée sous le régime de la Loi sur la sécurité de la vieillesse, le Régime de pensions du Canada ou la Loi sur le régime des rentes du Québec, RLRQ, ch. R-9, toute pension, rente de retraite ou autre prestation versée conformément ou relativement à un régime d’épargne-retraite ou à un régime de retraite et toute somme versée conformément ou relativement à la Loi sur la saisie-arrêt et la distraction de pensions, la Loi sur le partage des prestations de retraite ou à l’égard d’une invalidité.

« personne désignée »
designated person

« personne désignée » Toute personne qui se trouve en Russie ou qui est un de ses nationaux ne résidant pas habituellement au Canada et dont le nom est inscrit sur la liste établie à l’annexe.

« Russie »
Russia

« Russie » La Fédération de Russie. Y sont assimilés :

LISTE

Annexe

2. Figure sur la liste établie à l’annexe le nom de toute personne dont le gouverneur en conseil est convaincu, sur recommandation du ministre, qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’il s’agit de l’une ou l’autre des personnes suivantes :

INTERDICTIONS

Opérations et activités interdites

3. Il est interdit à toute personne au Canada et à tout Canadien à l’étranger :

Non-application

4. L’article 3 ne s’applique pas à l’égard de ce qui suit :

Activités interdites

5. Il est interdit à toute personne au Canada et à tout Canadien à l’étranger de faire quoi que ce soit qui occasionne, facilite ou favorise la perpétration de tout acte interdit par l’article 3, ou qui vise à le faire.

OBLIGATIONS

Obligation de vérification

6. Il incombe aux entités ci-après de vérifier de façon continue l’existence de biens qui sont en leur possession ou sous leur contrôle et qui appartiennent à toute personne désignée ou sont contrôlés par elle ou en son nom :

Obligation de communication

7. (1) Toute personne au Canada et tout Canadien à l’étranger est tenu de communiquer sans délai au commissaire de la Gendarmerie royale du Canada :

Immunité

(2) Nul ne contrevient au paragraphe (1) parce qu’il a fait une communication de bonne foi au titre de ce paragraphe.

DEMANDES

Demande de radiation

8. (1) Toute personne désignée peut demander par écrit au ministre de radier son nom de la liste établie à l’annexe.

Recommandation

(2) Sur réception de la demande, le ministre décide s’il a des motifs raisonnables de recommander la radiation au gouverneur en conseil.

Décision

(3) Il rend sa décision dans les quatre-vingt-dix jours suivant la réception de la demande.

Avis

(4) Il donne sans délai au demandeur un avis de sa décision.

Nouvelle demande

(5) Si la situation du demandeur a évolué de manière importante depuis la présentation de sa dernière demande, il peut en présenter une nouvelle.

Demande d’attestation

9. (1) Toute personne qui affirme ne pas être une personne désignée peut demander au ministre de lui délivrer une attestation portant qu’elle n’est pas la personne qui a été désignée en application de l’article 2.

Attestation

(2) S’il est établi que le demandeur n’est pas une personne désignée, le ministre lui délivre l’attestation dans les trente jours suivant la réception de la demande.

ANTÉRIORITÉ DE LA PRISE D’EFFET

Loi sur les textes réglementaires

10. Pour l’application de l’alinéa 11(2)a) de la Loi sur les textes réglementaires, le présent règlement prend effet avant sa publication dans la Gazette du Canada.

ENTRÉE EN VIGUEUR

Enregistrement

11. Le présent règlement entre en vigueur à la date de son enregistrement.

ANNEXE
(articles 1, 2 et 8)

PERSONNES

1. Sergey Yur’yevich GLAZ’YEV

2. Andrei KLISHAS

3. Valentina Ivanovra MATVIYENKO

4. Yelena Borisovna MIZULINA

5. Dmitry Olegovich ROGOZIN

6. Leonid Eduardovich SLUTSKIY

7. Vladislav Yur’yevich SURKOV

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Ce résumé ne fait pas partie du Règlement ou du Décret.)

Enjeux

La Russie a déployé d’importantes forces militaires en Crimée, et elle a ainsi outrepassé les accords conclus avec l’Ukraine et violé la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.

Contexte

Une semaine avant que le président de l’Ukraine, Viktor Ianoukovitch, ne signe l’accord d’association et de libre-échange avec l’Union européenne (UE) en novembre 2013, le gouvernement ukrainien a annoncé contre toute attente qu’il suspendait la signature de l’accord et qu’il choisissait de resserrer ses liens avec la Russie. La Russie avait menacé l’Ukraine de sanctions économiques si elle signait une entente avec l’UE.

Face à cette situation, plus d’un demi-million d’Ukrainiens sont descendus dans la rue pour protester contre cette décision. En décembre 2013, le gouvernement ukrainien a fait part d’un accord conclu avec la Russie comportant une aide de 15 milliards de dollars et une baisse du prix du gaz. Cette annonce a suscité une nouvelle vague de manifestations. Le gouvernement de M. Ianoukovitch les a toutefois réprimées en ayant recours à la violence et à la répression. Des activistes ont été battus, enlevés et torturés. Ces mesures ont été encouragées et soutenues par la Russie. Viktor Ianoukovitch s’est rendu en Russie à trois reprises pour coordonner ses actions avec celles du président russe Vladimir Poutine.

À mesure que les manifestations s’intensifiaient, les forces de sécurité ukrainiennes ont ouvert le feu sur les manifestants avec des fusils d’assaut et de tireur d’élite chargés de balles réelles. Cette explosion de violence a fait plus de 80 morts le 20 février 2014. Plusieurs milliers d’autres Ukrainiens ont été blessés. Le 22 février 2014, le Parlement ukrainien a voté la destitution de M. Ianoukovitch. La nuit suivante, il a fui la ville de Kiev pour se réfugier en Russie.

L’unité d’élite de la police anti-émeute, appelée « Berkout », porte la responsabilité de la quasi-totalité des crimes commis le 20 février 2014. Les tireurs d’élite de cette unité ont été filmés en train de tirer sur des manifestants avec leur fusil. Le 1er mars 2014, la Russie a déclaré que les officiers Berkout obtiendraient la citoyenneté russe. Elle a d’ailleurs remis à quelques-uns un passeport russe lors d’une cérémonie publique.

Le 27 février 2014, à Simferopol, la capitale de la province ukrainienne de Crimée, des hommes lourdement armés vêtus d’uniformes ont assiégé les édifices du gouvernement et le Parlement provincial. Ils avaient retiré leur insigne et portaient des masques, mais leurs uniformes et leur équipement laissaient entendre qu’ils appartenaient à l’armée russe. Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a annoncé qu’il avait placé les forces armées en état d’alerte pour contrer une éventuelle « agression » militaire.

Le 28 février 2014, les troupes russes ont pris le contrôle des aéroports de Crimée et d’autres installations stratégiques. Des troupes russes supplémentaires sont ensuite arrivées par avion. Selon le ministre de l’Intérieur de l’Ukraine, il s’agissait d’une « invasion armée et d’une occupation ».

Le 1er mars 2014, la présence des troupes russes s’est intensifiée dans certains lieux stratégiques de Crimée. Le président Vladimir Poutine a demandé l’accord du Parlement russe pour l’envoi de troupes en Ukraine et non seulement en Crimée. Poutine a expliqué que ces troupes étaient nécessaires pour protéger la vie de ses compatriotes russes. Le Parlement lui a donné le feu vert. Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a accusé la Russie d’agression en ajoutant que Moscou tentait d’inciter Kiev à entrer dans un conflit armé.

Le 2 mars 2014, on a estimé au moins 6 000 soldats russes déployés en Crimée. L’Ukraine a lancé un appel à la communauté internationale. En réponse à cet appel, le G7 a décidé de suspendre les préparatifs du Sommet du G8 de Sotchi, prévu en juin 2014.

Entre le 2 mars 2014 et le 14 mars 2014, les forces russes ont progressivement pris le contrôle opérationnel de la péninsule de Crimée en capturant des installations clés et des goulots d’étranglement et en accroissant leur présence militaire à environ 20 000 personnes.

Comme l’assemblée législative provinciale de Crimée était sous contrôle militaire russe, le président de la législature a annoncé que les législateurs avaient adopté une motion de censure à l’égard du gouvernement provincial de la Crimée. Le président a aussi annoncé que les législateurs avaient voté pour nommer Serhiy Aksyonov le nouveau premier ministre de la Crimée. Le 6 mars 2014, le Parlement de Crimée autoproclamé a adopté une résolution déclarant sa décision unanime de faire partie de la Russie et d’avancer la date du référendum de deux semaines, soit le 16 mars 2014.

Objectifs

Le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie (le Règlement) impose des sanctions économiques ciblées contre les autorités et/ou les entités russes responsables d’avoir enfreint le droit international en s’attaquant à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Description

Ce règlement a été mis en application afin de répondre à la gravité de la situation dans la province ukrainienne de Crimée qui, du point de vue du gouverneur en conseil, constitue une rupture sérieuse de la paix et de la sécurité internationales et est susceptible d’entraîner ou a déjà entraîné une grave crise internationale.

L’annexe du Règlement établit une liste de sept personnes désignées. Les critères pour être ajouté à la liste sont mentionnés à l’article 2 du Règlement. Le Règlement interdit aux personnes au Canada et aux Canadiens à l’étranger :

Des exceptions aux interdictions précédentes peuvent s’appliquer aux points suivants :

Le Décret concernant l’autorisation, par permis, à procéder à certaines opérations (mesures économiques spéciales - Russie) distinct, en vertu du paragraphe 4(4) de la Loi sur les mesures économiques spéciales, autorise le ministre des Affaires étrangères à délivrer à toute personne au Canada et à tout Canadien à l’extérieur du Canada un permis pour effectuer une transaction, ou toute catégorie de transaction, avec une personne désignée qui fait l’objet d’une interdiction ou d’une restriction au titre du Règlement.

Règle du « un pour un »

La règle du « un pour un » s’applique à cette proposition, étant donné qu’elle présente un minimum de coûts administratifs pour les entreprises, en raison des exigences de déclaration. Toutefois, le fardeau administratif associé à ce règlement est exempté de la règle du « un pour un », puisqu’il concerne des circonstances uniques et exceptionnelles.

Lentille des petites entreprises

La lentille des petites entreprises ne s’applique pas, car le Règlement n’entraîne aucun coût (ou les coûts sont négligeables) pour les petites entreprises. Le Règlement n’a aucune retombée disproportionnée sur ces mêmes entreprises.

Consultation

Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada a rédigé le Règlement en consultation avec le ministère de la Justice et Citoyenneté et Immigration Canada.

Justification

Les mesures comprises dans le Règlement démontrent que le Canada est très préoccupé par la situation dans la province ukrainienne de Crimée. Les mesures comprises dans le Règlement visent les individus en position de pouvoir qui sont responsables de l’intervention militaire russe en Ukraine et qui contreviennent aux obligations internationales de la Russie.

Mise en œuvre, application et normes de service

La Gendarmerie royale du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada sont chargées de l’application des sanctions. Conformément à l’article 8 de la Loi sur les mesures économiques spéciales, toute personne contrevenant au Règlement encourt, sur la déclaration de culpabilité, une amende maximale de 25 000 $ ou un emprisonnement maximal d’un an, ou les deux; ou par mise en accusation, un emprisonnement maximal de cinq ans.

Personne-ressource

Jennifer May
Directrice
Direction des relations commerciales et bilatérales avec l’Europe de l’Est et du Sud-Est
Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada
125, promenade Sussex
Ottawa (Ontario)
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Téléphone : 613-992-7991
Télécopieur : 613-995-1277
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