La Gazette du Canada, Partie I, volume 157, numĂ©ro 51 : ArrĂŞtĂ© no 2 sur la zone de protection marine de Tuvaijuittuq

Le 23 décembre 2023

Fondement législatif
Loi sur les océans

Ministère responsable
Ministère des Pêches et des Océans

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie de l’Arrêté.)

Résumé

Tuvaijuittuq est un habitat unique, d’une importance cruciale, situĂ© dans l’ExtrĂŞme-Arctique canadien, et a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© en tant que zone de protection marine (ZPM) par arrĂŞtĂ© ministĂ©riel en vertu de la Loi sur les ocĂ©ans. L’arrĂŞtĂ© existant, pris le 29 juillet 2019, protège cette zone pour une pĂ©riode de cinq ans. PĂŞches et OcĂ©ans Canada (le Ministère ou le MPO), Parcs Canada (PC), le gouvernement du Nunavut et la Qikiqtani Inuit Association (QIA), en consultation avec d’autres partenaires inuits clĂ©s et gouvernements territoriaux, ont travaillĂ© en collaboration pour examiner la protection marine Ă  long terme de la zone, y compris l’amĂ©nagement d’une aire protĂ©gĂ©e et de conservation autochtone (APCA). Les dĂ©fis dĂ©coulant de la pandĂ©mie de COVID-19 ont nui Ă  la capacitĂ© des parties de consulter de façon significative les collectivitĂ©s inuites touchĂ©es et de rĂ©aliser l’évaluation de faisabilitĂ©, notamment une Ă©tude de l’Inuit Qaujimajatuqangit sur la rĂ©gion de l’île d’Ellesmere et d’autres recherches scientifiques. La QIA, le gouvernement du Canada et le gouvernement du Nunavut conviennent que le dĂ©lai de cinq ans de la protection de la ZPM actuelle ne permet pas de rĂ©aliser l’évaluation de faisabilitĂ© et d’envisager une protection marine Ă  long terme de cette zone.

Le Ministère souhaite donc abroger l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel en vigueur Ă  Tuvaijuittuq et le remplacer par un nouvel arrĂŞtĂ© ministĂ©riel, l’ArrĂŞtĂ© no 2 sur la zone de protection marine de Tuvaijuittuq (le projet d’arrĂŞtĂ©). Cela laissera suffisamment de temps pour l’achèvement des recherches ainsi que pour l’élaboration, la consultation et la mise en Ĺ“uvre d’une protection marine Ă  long terme dans la zone.

La protection par un nouvel arrĂŞtĂ© ministĂ©riel pris en vertu de la Loi sur les ocĂ©ans continuerait de geler l’empreinte des activitĂ©s humaines dans la zone pour une pĂ©riode pouvant aller jusqu’à cinq ans, jusqu’en 2029. Cela signifie que, sous rĂ©serve de certaines exceptions et exemptions dĂ©jĂ  mentionnĂ©es dans l’arrĂŞtĂ© existant, aucune nouvelle activitĂ© ne serait autorisĂ©e dans la zone. Les activitĂ©s qui pourraient se poursuivre dans la zone sont notamment la recherche scientifique marine, les activitĂ©s de sĂ»retĂ©, de sĂ©curitĂ© et d’urgence, la navigation maritime et les activitĂ©s connexes menĂ©es par un ressortissant, une entitĂ©, un navire ou un État Ă©trangers; ainsi que l’installation, l’entretien et la rĂ©paration de câbles et de pipelines par un État Ă©tranger. Comme c’est le cas dans l’arrĂŞtĂ© existant, le projet d’arrĂŞtĂ© ne s’appliquerait pas aux droits des Inuits concernant l’exploitation de la faune de la rĂ©gion du Nunavut, comme le prĂ©voit l’Accord du Nunavut.

Un délai supplémentaire pour envisager des mesures de protection à long terme à Tuvaijuittuq appuiera d’autres priorités du gouvernement. Le projet d’arrêté continuerait également de respecter les objectifs de la Politique sur l’Inuit Nunangat élaborée conjointement afin de promouvoir la prospérité et d’appuyer le bien-être des collectivités et des personnes dans l’ensemble de l’Inuit Nunangat dans un souci d’équité socioéconomique et culturelle entre les Inuits et les autres Canadiens.

Enjeux

On considère la zone de protection marine (ZPM) de Tuvaijuittuq comme étant unique à l’échelle mondiale, nationale et régionale en raison de la présence d’une banquise pluriannuelle et l’on estime qu’il s’agit d’un habitat d’une importance capitale pour les communautés vivant sous la glace dans l’Arctique. Cette banquise pluriannuelle joue également un rôle important auprès de plusieurs espèces qui dépendent de la glace. Cette zone représente une partie de l’Extrême-Arctique canadien qui devrait conserver sa banquise pluriannuelle et deviendra probablement un refuge important pour le biote associé à la glace à mesure que la perte de glace de mer se poursuivra dans l’Arctique en raison des changements climatiques. La désignation de cette zone d’importance écologique comme ZPM par un arrêté ministériel pris en vertu de la Loi sur les océans contribuera à protéger et à conserver l’importante diversité biologique, l’habitat structurel unique et la fonction écosystémique dans cette zone pendant que des renseignements supplémentaires sont recueillis et que les outils de conservation appropriés sont évalués en vue d’une protection à long terme.

Pêches et Océans Canada (le Ministère ou le MPO) et Parcs Canada (PC) ont travaillé en collaboration avec des partenaires du Nord à l’élaboration d’une approche en plusieurs étapes pour examiner la faisabilité d’une protection marine à long terme de cette zone. La première étape de l’approche consistait à prendre l’arrêté ministériel de 2019 désignant la zone de Tuvaijuittuq comme ZPM en vertu de la Loi sur les océans pour une période pouvant aller jusqu’à cinq ans, tout en donnant le temps d’envisager une protection marine à long terme.

Le 9 janvier 2023, le prĂ©sident de la Qikiqtani Inuit Association (QIA) a envoyĂ© une lettre Ă  la ministre des PĂŞches, des OcĂ©ans et de la Garde cĂ´tière canadienne pour demander officiellement que l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel en vigueur Ă  Tuvaijuittuq soit abrogĂ© et remplacĂ© par arrĂŞtĂ© ministĂ©riel par une nouvelle ZPM semblable afin de donner plus de temps pour terminer les travaux de faisabilitĂ© et les consultations avec les collectivitĂ©s, compte tenu des retards dĂ©coulant de la pandĂ©mie, ainsi que pour amĂ©nager une aire protĂ©gĂ©e et de conservation autochtone (APCA). La QIA a mentionnĂ© que les travaux nĂ©cessaires Ă  l’amĂ©nagement d’une APCA Ă  Tuvaijuittuq dĂ©passeront le dĂ©lai restant prĂ©vu dans l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel.

Le gouvernement du Nunavut a également mentionné qu’il n’y avait pas assez de temps, en vertu de l’arrêté ministériel actuel, pour décider d’une mesure de protection à long terme à Tuvaijuittuq, notamment les travaux nécessaires pour examiner l’aménagement d’une APCA marine. Le Ministère convient avec ses partenaires qu’il faut plus de temps.

Pour prendre en compte les prĂ©occupations susmentionnĂ©es, le MPO propose d’abroger l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel en vigueur dans la ZPM de Tuvaijuittuq et de le remplacer par l’ArrĂŞtĂ© no 2 sur la zone de protection marine de Tuvaijuittuq (le projet d’arrĂŞtĂ©).

Contexte

En juin 2016, le Canada a annoncĂ© un plan en cinq points pour atteindre ses objectifs de conservation marine (OCM) nationaux et internationaux, afin de faire passer la proportion de zones marines et cĂ´tières protĂ©gĂ©es du Canada Ă  10 % d’ici 2020. Le MPO et PC ont reçu un financement dans le budget de 2017 pour poursuivre leurs initiatives de protection du milieu marin de l’ExtrĂŞme-Arctique, une zone communĂ©ment appelĂ©e la « dernière zone de glace Â». En juillet 2019, la ministre des PĂŞches et des OcĂ©ans a dĂ©signĂ©, par arrĂŞtĂ©, une ZPM qui englobe une grande partie de la banquise pluriannuelle dans le bassin de l’ExtrĂŞme-Arctique (Tuvaijuittuq) [figure 1]. L’amĂ©nagement de la ZPM par l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel de 2019 a contribuĂ© Ă  une augmentation du pourcentage de 5,55 % des OCM du Canada et a fait progresser la collaboration des Autochtones en matière de conservation marine.

La ZPM de Tuvaijuittuq chevauche trois zones d’importance Ă©cologique et biologique dĂ©signĂ©es par le MPO en 2011. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© choisie par PC comme site candidat pour faire partie de son rĂ©seau d’aires marines nationales de conservation. L’importance de cette zone a Ă©tĂ© reconnue par le milieu universitaire et les organisations non gouvernementales de l’environnement qui ont rĂ©clamĂ© sa protection en raison de son importance croissante dans le contexte d’un climat changeant.

Figure 1 : Carte de la zone de protection marine proposĂ©e de Tuvaijuittuq

Figure 1. Carte de la zone de protection marine proposĂ©e de Tuvaijuittuq – Version textuelle en dessous de l'image

Figure 1 : Carte de la zone de protection marine proposĂ©e de Tuvaijuittuq

La figure 1 est une carte de l'emplacement de la zone de protection marine Tuvaijuittuq. En haut Ă  gauche de la figure se trouve une carte Ă  plus grande Ă©chelle qui montre l'emplacement de la carte de la figure 1 au Canada. La carte de la figure 1 englobe une grande superficie au large du nord de l’Ă®le d’Ellesmere de la laisse de basse mer jusqu’Ă  la limite extĂ©rieure de la zone Ă©conomique exclusive du Canada. La limite ouest de Tuvaijuittuq commence Ă  l’intersection nord-est de la rĂ©gion dĂ©signĂ©e des Inuivialuit, reprĂ©sentĂ©e sur la carte par une ligne pointillĂ© jaune, et la rĂ©gion du Nunavut, reprĂ©sentĂ©e par une ligne pointillĂ© orange. La zone de protection marine dĂ©passe de peu la Station des Forces canadienne Alert le long de la cĂ´te nord-est de l’Ă®le d’Ellesmere. Une partie de la zone se trouve dans la rĂ©gion du Nunavut. L’Ă©chelle figure dans le coin infĂ©rieur gauche de la carte et la flèche du nord figure dans le coin supĂ©rieur droit de la carte. La lĂ©gende figure dans le coin infĂ©rieur droit de la carte. On y trouve des couleurs et des symboles pour reprĂ©senter la rĂ©gion dĂ©signĂ©e des Inuivialuit, la rĂ©gion du Nunavut ainsi que la zone de protection marine Tuvaijuittuq. La carte reprĂ©sente aussi une partie du Groenland qui se trouve Ă  l’est de Tuvaijuittuq et de l’Ă®le d’Ellesmere.

Le climat arctique subit des changements rapides qui entraînent une perte de glace de mer, et plus particulièrement de la banquise pluriannuelle. Ces changements entraînent de nouveaux défis, mais aussi de nouvelles possibilités pour l’Arctique, notamment une saison de navigation prolongée et la création de nouvelles routes de navigation. Cela pourrait par ailleurs rendre l’exploitation minière, pétrolière et gazière, la pêche commerciale, la recherche et le tourisme plus accessibles dans l’Arctique. Ces types d’activités peuvent poser un risque pour l’habitat, la biodiversité et la fonction écosystémique dans la zone.

L’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel en vigueur dans la ZPM de Tuvaijuittuq est la première Ă©tape d’une approche en plusieurs Ă©tapes visant Ă  Ă©valuer la faisabilitĂ© d’une protection marine Ă  long terme dans cette zone. Le Ministère et PC collaborent avec des partenaires inuits et du Nord Ă  l’élaboration d’une protection Ă  long terme pour la totalitĂ© ou une partie de la ZPM de Tuvaijuittuq. Les travaux visant Ă  dĂ©terminer la faisabilitĂ© d’une protection Ă  long terme ont Ă©tĂ© Ă©clairĂ©s en partie par l’équipe du Programme multidisciplinaire arctique (PMA) – Dernière zone de glace actuellement dirigĂ© par le MPO. Cette Ă©quipe a Ă©tudiĂ© la structure, la fonction et le rĂ´le de l’écosystème associĂ© Ă  la banquise dans l’ocĂ©an Arctique.

Objectif

L’objectif de la proposition est d’abroger l’arrêté ministériel existant pour Tuvaijuittuq et de le remplacer par le projet d’arrêté afin de donner plus de temps pour examiner l’aménagement d’une APCA maritime, de consulter de façon significative les collectivités et les intervenants concernés et de recueillir des renseignements supplémentaires (par exemple étude de l’Inuit Qaujimajatuqangit et d’autres recherches scientifiques).

Les défis auxquels ont fait face les gouvernements fédéral et territoriaux, les partenaires inuits et les principaux intervenants pendant la pandémie de COVID-19 de 2020-2023 ont limité la capacité des parties à effectuer les travaux nécessaires pour mettre en œuvre des mesures de protection à long terme dans la zone. L’abrogation de l’arrêté ministériel en vigueur à Tuvaijuittuq et son remplacement par le projet d’arrêté accorderaient le temps supplémentaire nécessaire pour consulter de façon significative les collectivités inuites touchées, ce qui permettrait de réaliser une évaluation de faisabilité pour la zone, d’élaborer et de mettre en œuvre en collaboration une protection à long terme à Tuvaijuittuq qui répondrait aux intérêts des Inuits de Qikiqtani et du gouvernement du Canada. Cela donnerait également plus de temps aux Inuits et au gouvernement du Nunavut et atténuerait les pressions exercées sur eux lorsqu’ils participent à ces processus. Ces pressions sont notamment la capacité de participation à la lumière des priorités concurrentes associées à la participation à de multiples dossiers fédéraux de conservation. En reconnaissant ces pressions, le projet d’arrêté contribuerait grandement à l’engagement du Canada à faire progresser la réconciliation et aiderait à maintenir les relations existantes avec les principaux partenaires. Ces partenariats importants s’étendront à des projets d’intérêt commun, notamment l’avancement par arrêté ministériel des ZPM de Sarvarjuaq et de Qikiqtait.

La protection continue de la rĂ©gion laisserait le temps de poursuivre la recherche Ă  l’appui d’une justification d’une protection Ă  long terme fondĂ©e sur des donnĂ©es probantes. Les renseignements recueillis dans le cadre de ces initiatives de recherche aideraient le MPO Ă  mieux comprendre la zone, fourniraient une base de rĂ©fĂ©rence pour la recherche et la surveillance maritimes et favoriseraient la sensibilisation visant Ă  amĂ©liorer les connaissances du public sur l’importance de cette rĂ©gion du monde relativement peu connue. Le projet d’arrĂŞtĂ© ferait Ă©galement en sorte que la ZPM de Tuvaijuittuq continue de contribuer Ă  hauteur de 5,55 % aux OCM du Canada, tandis que l’on envisage une protection Ă  long terme.

L’abrogation de l’arrêté ministériel existant pour la ZPM de Tuvaijuittuq et l’établissement d’un nouvel arrêté ministériel sur celle-ci garantiraient des avantages permanents pour les communautés environnantes et l’ensemble de la population canadienne.

Description

La ZPM de Tuvaijuittuq couvre une superficie de 319 411 kmrĂ©fĂ©rence 2 et comprend les eaux marines au large du nord de l’île d’Ellesmere, de la laisse de basse mer Ă  la limite externe de la zone Ă©conomique exclusive du Canada (figure 1). Une partie de la zone est situĂ©e dans la rĂ©gion du Nunavut. Elle comprend Ă©galement les fonds marins, le sous-sol jusqu’à une profondeur de cinq mètres et la colonne d’eau, y compris la glace de mer. Une version PDF du plan numĂ©ro FB 42596 et la carte des Archives d’arpentage des terres du Canada correspondante peuvent ĂŞtre tĂ©lĂ©chargĂ©es en ligne (DĂ©tails du plan | Rechercher un plan d’arpentage [nrcan-rncan.gc.ca]). Les limites initiales de la zone d’étude Ă©taient fondĂ©es sur l’avis scientifique (2011/55) du SecrĂ©tariat canadien de consultation scientifique de 2011, qui soulignait l’importance de la zone.

Comme c’est le cas avec l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel, la protection par un projet d’arrĂŞtĂ© permettrait de geler l’empreinte des activitĂ©s humaines dans la zone pour une pĂ©riode pouvant aller jusqu’à cinq ans. Cela signifie qu’il serait interdit d’exercer toute activitĂ© qui perturbe, endommage, dĂ©truit ou supprime de la ZPM tout Ă©lĂ©ment gĂ©ologique ou archĂ©ologique unique, tout organisme marin vivant ou toute partie de son habitat, ou qui est susceptible de le faire, sauf en ce qui concerne les activitĂ©s prĂ©cises Ă©numĂ©rĂ©es ci-dessous. Toute activitĂ© qui a eu lieu dans la ZPM au cours des 12 mois prĂ©cĂ©dant la dĂ©signation (ou qui est autorisĂ©e par une licence, un permis ou tout autre moyen) pourrait se poursuivre Ă  titre d’activitĂ© « en cours Â» aux termes du projet d’arrĂŞtĂ©. Le projet d’arrĂŞtĂ© ne s’appliquerait pas aux droits des Inuits d’exploiter les ressources fauniques de la rĂ©gion du Nunavut, comme le prĂ©voit l’Accord du Nunavut. Certaines activitĂ©s menĂ©es par un ressortissant, une entitĂ©, un navire ou un État Ă©trangers continueraient Ă©galement d’être exemptĂ©es de l’application des interdictions Ă©noncĂ©es dans le projet d’arrĂŞtĂ©.

En 2019, le MPO a consultĂ© les Canadiens et les intervenants et a collaborĂ© avec des partenaires inuits, y compris des organisations inuites, des gouvernements territoriaux, les collectivitĂ©s voisines et d’autres ministères fĂ©dĂ©raux afin de dĂ©terminer toutes les activitĂ©s en cours et autorisĂ©es dans la zone au cours des 12 mois prĂ©cĂ©dant la dĂ©signation de 2019. Depuis 2019, le MPO continue de collaborer avec les partenaires inuits et le gouvernement du Nunavut afin de mobiliser les intervenants, de les sensibiliser au projet d’arrĂŞtĂ© et de leur donner la possibilitĂ© de formuler des commentaires. Selon les renseignements recueillis, le projet d’arrĂŞtĂ© autoriserait de nouveau les « activitĂ©s en cours Â» suivantes dans la ZPM :

Le projet d’arrĂŞtĂ© ne s’appliquerait pas en ce qui concerne :

ConformĂ©ment Ă  l’alinĂ©a 35.1(2)d) de la Loi sur les ocĂ©ans, les activitĂ©s suivantes exercĂ©es par un ressortissant Ă©tranger, une entitĂ© qui est constituĂ©e en personne morale ou formĂ©e sous le rĂ©gime de la lĂ©gislation d’un pays Ă©tranger, un navire Ă©tranger ou un État Ă©tranger sont autorisĂ©es dans la ZPM :

Le paragraphe 35.1(3) de la Loi sur les ocĂ©ans prĂ©cise certaines activitĂ©s qui doivent ĂŞtre autorisĂ©es dans toutes les ZPM. Les activitĂ©s suivantes font partie des exceptions prĂ©vues dans la Loi sur les ocĂ©ans et sont donc autorisĂ©es dans la ZPM :

Élaboration de la réglementation

Consultation

Du 18 novembre au 6 dĂ©cembre 2022, le MPO, PC, le gouvernement du Nunavut et la QIA ont menĂ© des consultations communautaires conjointes Ă  Arctic Bay, Ă  Clyde River, Ă  Grise Fiord, Ă  Pond Inlet et Ă  Resolute Bay pour discuter du processus d’évaluation de faisabilitĂ© de Tuvaijuittuq, communiquer les rĂ©sultats des Ă©valuations rĂ©alisĂ©es pour la rĂ©gion (par exemple aperçu Ă©cologique, Ă©valuation socioĂ©conomique prĂ©liminaire, Ă©valuation des ressources et des Ă©conomies de Ressources naturelles Canada [RNCan]), et solliciter les commentaires des collectivitĂ©s sur l’utilisation de la zone et les perspectives entourant la protection. Un petit nombre de personnes de Grise Fiord, d’Arctic Bay, de Pond Inlet et de Clyde River peuvent accĂ©der occasionnellement Ă  la zone de Tuvaijuittuq pour mener des activitĂ©s fondĂ©es sur les droits.

Le 9 janvier 2023, la QIA a Ă©crit une lettre Ă  la ministre des PĂŞches, des OcĂ©ans et de la Garde cĂ´tière canadienne pour demander que l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel soit abrogĂ© et remplacĂ© par un nouvel arrĂŞtĂ© ministĂ©riel (le projet d’arrĂŞtĂ©) afin de donner plus de temps pour rĂ©aliser l’évaluation de faisabilitĂ© et les consultations des collectivitĂ©s, et examiner l’amĂ©nagement d’une APCA pour rĂ©pondre pleinement Ă  la vision de la QIA en matière de conservation et d’intendance dirigĂ©es par les Inuits. Dans sa lettre, la QIA a mentionnĂ© que les travaux nĂ©cessaires Ă  l’amĂ©nagement d’une APCA Ă  Tuvaijuittuq dĂ©passeront le dĂ©lai restant prĂ©vu dans l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel.

Ă€ la suite de cette entente, le MPO, PC, la QIA et le gouvernement du Nunavut ont consultĂ©, d’avril Ă  juillet 2023, les cinq organisations de chasseurs et de trappeurs (OCT), les conseils de hameau et les collectivitĂ©s afin de prĂ©senter une proposition d’abrogation et de remplacement de l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel et solliciter des commentaires sur cette initiative. Parallèlement, le MPO et ses partenaires ont mobilisĂ© les principaux intervenants afin qu’ils participent Ă  la proposition. Les intervenants qui ont participĂ© au processus d’élaboration de l’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel actuel (2019) ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s de nouveau de juillet Ă  aoĂ»t 2023, de mĂŞme que d’autres groupes dĂ©terminĂ©s depuis, en collaboration avec les partenaires. Les intervenants du Nunavut ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s par l’intermĂ©diaire du ComitĂ© directeur sur les objectifs de conservation marine du Nunavut (reprĂ©sentĂ© par Environnement et Changement climatique Canada [ECCC], PC, Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada [RCAANC], Transports Canada [TC], le MPO, le ministère de l’Environnement du gouvernement du Nunavut et Nunavut Tunngavik Inc. [NTI]), le Conseil du milieu marin du Nunavut, le Qikiqtaaluk Wildlife Board, le Nunavut Inuit Wildlife Secretariat, la Commission du Nunavut chargĂ©e de l’examen des rĂ©percussions, la Qikiqtaaluk Corporation, et le Qikiqtaaluk Wildlife Board. Les intervenants de la rĂ©gion dĂ©signĂ©e des Inuvialuit ont participĂ© Ă  l’élaboration de la proposition par l’intermĂ©diaire du ComitĂ© de coordination rĂ©gionale du Partenariat de la mer de Beaufort, qui est constituĂ© de la SociĂ©tĂ© rĂ©gionale inuvialuit, du Conseil inuvialuit de gestion du gibier, du ComitĂ© mixte de gestion de la pĂŞche, de PC, de RCAANC, du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, du gouvernement du Yukon, d’ECCC, de RNCan et de TC.

De juillet Ă  aoĂ»t 2023, des consultations ont Ă©tĂ© menĂ©es auprès d’organisations industrielles et non gouvernementales, notamment le Conseil consultatif maritime canadien, la Nunavut Fisheries Association, le ComitĂ© consultatif des intervenants sur la pĂŞche du poisson de fond dans l’est de l’Arctique, Arctic Security Consultants, Oceans North, le Fonds mondial pour la nature-Canada (WWF-Canada), l’Ecology Action Centre et le Conseil circumpolaire inuit. Des intervenants clĂ©s de l’industrie des navires de croisière ont Ă©galement Ă©tĂ© mobilisĂ©s au cours de cette pĂ©riode. Parmi les intervenants externes mobilisĂ©s, seul le WWF-Canada a formulĂ© des commentaires. Cet intervenant a appuyĂ© sans rĂ©serve la proposition.

Le Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut (CGRFN) a Ă©tĂ© initialement mobilisĂ© en juin 2023 au moyen d’une note d’information et d’une mise Ă  jour verbale lors de sa rĂ©union trimestrielle afin de discuter de la proposition. La prĂ©sentation officielle au CGRFN de la proposition Ă  des fins d’approbation est prĂ©vue lors de la rĂ©union trimestrielle qui se tiendra au printemps 2024, Ă  la suite de sa publication prĂ©alable dans la Partie I de la Gazette du Canada.

Conformément aux exigences énoncées dans l’Accord du Nunavut, le MPO a présenté sa proposition pour le projet d’arrêté à la Commission d’aménagement du Nunavut (CAN) afin qu’elle en détermine la conformité. Ce processus permet de déterminer si une proposition de projet est conforme ou non au plan d’utilisation des terres approprié. La CAN a effectué une révision du projet et a conclu qu’un processus de détermination de la conformité n’était pas nécessaire.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Des renseignements sur la mobilisation et les consultations des Autochtones se trouvent dans la section ci-dessus. Cette proposition a été soumise à une évaluation en vertu de la Directive du Cabinet sur l’approche fédérale pour la mise en œuvre des traités modernes. L’évaluation a permis de conclure que la mise en œuvre de cette proposition présentera un risque extrêmement faible d’incidences sur les droits, les intérêts et/ou les dispositions relatives à l’autonomie gouvernementale des partenaires des traités modernes de l’Accord du Nunavut. Comme le précise cette proposition, le MPO continuera de respecter les obligations de consultation énoncées dans l’Accord du Nunavut. Le MPO poursuivra également son engagement auprès de la QIA et d’autres organes de gouvernance dans la région visée par le traité sur les changements de politique et de programme dans le cadre de la mise en œuvre de l’arrêté ministériel et des travaux subséquents liés à l’établissement d’une aire de conservation.

Choix de l’instrument

La Loi sur les ocĂ©ans confère au ministre des PĂŞches et des OcĂ©ans le pouvoir, par arrĂŞtĂ© ministĂ©riel, de « geler l’empreinte Â» des activitĂ©s humaines dans une zone pour une pĂ©riode pouvant aller jusqu’à cinq ans.

Le climat arctique subit des changements rapides qui entraînent une perte de glace de mer, et plus particulièrement de la banquise pluriannuelle. Ces changements présentent de nouvelles possibilités et de nouveaux défis dans l’Arctique. Par exemple, le réchauffement pourrait entraîner une saison de navigation prolongée et la création de nouvelles routes de navigation, ce qui pourrait par ailleurs rendre l’exploitation minière, pétrolière et gazière, la pêche commerciale, la recherche et le tourisme plus accessibles dans l’Arctique. L’accessibilité accrue à ces types d’activités pose un risque pour l’habitat, la biodiversité et la fonction écosystémique dans la zone de Tuvaijuittuq.

Depuis 2019, des efforts ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s afin de mieux comprendre la zone et d’évaluer la faisabilitĂ© des options de protection Ă  long terme pour la zone de Tuvaijuittuq. Le Programme multidisciplinaire arctique (PMA) – Dernière zone de glace du MPO actuellement en cours dans certaines parties de la ZPM de Tuvaijuittuq Ă©tudie l’écosystème de glace pluriannuelle dans l’ExtrĂŞme-Arctique canadien afin de comprendre la structure, la fonction et le rĂ´le de l’écosystème associĂ© Ă  la glace de mer dans l’ocĂ©an Arctique. Le PMA – Dernière zone de glace utilise une approche concertĂ©e pour intĂ©grer les composantes physique, biochimique et Ă©cologique de l’écosystème liĂ© Ă  la glace de mer-ocĂ©an et de sa rĂ©ponse aux forçages climatiques et ocĂ©aniques. Ces travaux portent notamment sur l’évaluation de la prĂ©sence et la rĂ©partition des mammifères marins ainsi que leur utilisation de l’habitat de la zone.

La pandĂ©mie de COVID-19 a posĂ© des dĂ©fis imprĂ©vus et importants Ă  la capacitĂ© des parties de consulter de façon significative les collectivitĂ©s inuites touchĂ©es et de terminer leur Ă©valuation de l’intĂ©rĂŞt et de la possibilitĂ© d’une protection Ă  long terme Ă  Tuvaijuittuq, y compris des Ă©lĂ©ments comme une Ă©tude de l’Inuit Qaujimajatuqangit dirigĂ©e par la QIA et des Inuits de la rĂ©gion de l’île d’Ellesmere et d’autres recherches scientifiques rĂ©alisĂ©es par l’intermĂ©diaire du PMA – Glace sĂ©culaire.

Compte tenu de l’augmentation possible des pressions exercées par le transport maritime et l’exploration de l’océan Arctique, le projet d’arrêté assurerait une protection plus immédiate et provisoire en gelant l’empreinte des activités humaines dans la zone pendant cinq années supplémentaires, pendant que le gouvernement du Canada, la QIA et le gouvernement du Nunavut terminent leur évaluation conjointe et mènent des consultations supplémentaires sur l’intérêt et la faisabilité d’une protection à long terme de la zone.

Analyse de la réglementation

Coûts et avantages

L’analyse coĂ»ts-avantages (ACA) du projet d’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel a tenu compte des rĂ©percussions sur tous les intervenants et les Inuits, principalement du point de vue qualitatif. Les coĂ»ts du gouvernement fĂ©dĂ©ral ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s quantitativement. L’horizon temporel (de 2024 Ă  2029) utilisĂ© pour Ă©valuer les rĂ©percussions est de cinq ans, et les coĂ»ts sont prĂ©sentĂ©s en dollars de 2024 avec un taux d’actualisation de 7 %.

L’analyse socioéconomique préliminaire révèle que la désignation proposée de Tuvaijuittuq comme ZPM en vertu de la Loi sur les océans entraînerait des coûts peu élevés pour les entreprises, les consommateurs, la population canadienne et les gouvernements. Il est peu probable qu’il y ait un intérêt quelconque à entreprendre des activités supplémentaires ou nouvelles dans ce secteur au cours de la période de cinq ans proposée. L’arrêté ministériel actuel est en vigueur depuis 2019, par conséquent, le remplacement de l’arrêté existant par le projet d’arrêté, qui est très semblable, n’entraînerait pas de coûts supplémentaires ou d’incidences pour les entreprises ou d’autres intervenants.

Le trafic maritime a été limité dans la région, récemment et par le passé. Il n’y a pas de pêche commerciale ou récréative active dans la ZPM proposée et la récolte de subsistance est limitée ou inexistante.

Il n’y a pas de permis d’exploitation pétrolière et gazière dans la zone de Tuvaijuittuq, et aucun puits extracôtier n’a été foré dans les limites de la ZPM. La Commission géologique du Canada estime qu’il y a une forte probabilité que des ressources pétrolières soient présentes dans la zone, mais les données sont limitées en raison de la nature éloignée et de l’inaccessibilité générale de Tuvaijuittuq. La banquise épaisse et pluriannuelle de Tuvaijuittuq (la plus épaisse dans l’Arctique canadien) et la prévision que la zone restera couverte de glace de mer estivale plus longtemps que toute autre zone de l’Arctique canadien malgré les changements climatiques et le réchauffement de la planète empêchent l’accès à la zone; par conséquent, il ne sera pas possible d’extraire physiquement ou économiquement des ressources dans un avenir prévisible.

Dans l’ensemble, les perspectives de mise en valeur des ressources pétrolières dans la ZPM dès 2035 ou à très long terme en fonction de l’amélioration des conditions des glaces, demeurent hautement spéculatives (RNCan, 2022). La zone est protégée par le moratoire fédéral indéfini de 2016, qui fera l’objet d’un examen tous les cinq ans et qui interdit d’émettre tout nouveau titre pétrolier et gazier dans les eaux au large de l’Arctique canadien. C’est pourquoi on ne prévoit pas que cette ZPM proposée entraînera des coûts supplémentaires pour le secteur pétrolier et gazier.

Une fois que le projet d’arrĂŞtĂ© sera en place, le gouvernement fĂ©dĂ©ral continuera d’assumer les coĂ»ts associĂ©s Ă  la gestion continue de la ZPM proposĂ©e de Tuvaijuittuq, y compris la surveillance, l’application de la loi, l’administration et la recherche scientifique. L’établissement de la ZPM proposĂ©e de Tuvaijuittuq devrait entraĂ®ner un coĂ»t total de 14 millions de dollars (en dollars de 2024) sur la pĂ©riode de cinq ans de 2024 Ă  2029, soit un coĂ»t annuel moyen de 3,4 millions de dollars (en dollars de 2024) pour le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Ces coĂ»ts gouvernementaux seront financĂ©s au moyen des ressources existantes et aucun nouveau financement ne sera demandĂ© (voir les dĂ©tails Ă  l’annexe 4).

Étant donnĂ© que les renseignements sur les rĂ©sultats Ă©cologiques potentiels attribuables Ă  l’établissement de la ZPM ne sont pas facilement accessibles, les avantages n’ont pas pu ĂŞtre Ă©valuĂ©s quantitativement. Cependant, on prĂ©voit que des avantages dĂ©couleront de l’interdiction continue de certaines activitĂ©s (par exemple le gel de l’empreinte) dans la zone jusqu’à ce qu’une protection Ă  long terme puisse ĂŞtre mise en place, notamment :

Même si l’analyse n’a pu quantifier les avantages potentiels ou comparer les valeurs actualisées des coûts et des avantages de manière quantitative, on estime que les avantages écologiques, économiques, sociaux et culturels de la ZPM dépasseraient probablement les coûts perçus.

Lentille des petites entreprises

La lentille des petites entreprises ne s’applique pas, car aucune augmentation importante des coûts pour les petites entreprises ne découle de ce projet d’arrêté.

Règle du « un pour un Â»

La ZPM n’imposerait aucun fardeau administratif aux entreprises. Par consĂ©quent, la règle du « un pour un Â» ne s’appliquerait pas.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

En 2010, le Canada s’est engagĂ© Ă  atteindre les objectifs de conservation marine Ă©tablis en vertu de la Convention sur la diversitĂ© biologique des Nations Unies, connus sous l’appellation « objectif 11 d’Aichi Â». Cet objectif engage le Canada Ă  protĂ©ger 10 % des zones cĂ´tières et marines d’ici 2020 au moyen de rĂ©seaux d’aires protĂ©gĂ©es et d’autres mesures de conservation par zone.

La ZPM de Tuvaijuittuq contribuerait Ă  la conservation de 5,55 % du territoire ocĂ©anique protĂ©gĂ© du Canada et son Ă©tablissement a permis au Canada de dĂ©passer de près de 4 % ses objectifs de conservation marine de 2020. Le Canada s’est engagĂ© Ă  atteindre son objectif de conserver 25 % de ses terres et de ses eaux d’ici 2025, et 30 % de chacune d’entre elles d’ici 2030. Un engagement similaire de conserver 30 % de nos terres et de nos eaux d’ici 2030 a Ă©tĂ© pris Ă  l’échelle mondiale en dĂ©cembre 2022, lorsque les Parties Ă  la Convention sur la diversitĂ© biologique (CDB) ont adoptĂ© le Cadre mondial de la biodiversitĂ© de Kunming-MontrĂ©al, qui remplace le Plan stratĂ©gique de la CDB pour la biodiversitĂ© 2011-2020 et ses objectifs d’Aichi. La zone Ă©conomique exclusive (ZEE) du Canada est une zone sur laquelle le Canada exerce certains droits souverains. En raison de la couverture de glace dans cette zone, le Canada maintient un niveau de contrĂ´le environnemental accru sur les navires. De plus, un accord entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis sur la coopĂ©ration dans l’Arctique s’applique Ă  la ZPM pour faciliter la navigation des brise-glaces dans leurs eaux arctiques respectives. La ZPM n’autoriserait pas la navigation commerciale intĂ©rieure, mais le projet d’arrĂŞtĂ© reconnaĂ®trait les obligations en vertu du droit international coutumier, de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et de l’accord canado-amĂ©ricain.

La ZPM appuierait également d’autres priorités du gouvernement, y compris la réconciliation avec les peuples autochtones et la mise en œuvre complète des accords sur les revendications territoriales, et contribuerait aux objectifs du nouveau Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord élaboré conjointement afin de promouvoir la prospérité et de soutenir le bien-être des collectivités et des personnes de tout l’Inuit Nunangat ainsi que d’assurer l’équité socioéconomique et culturelle entre les Inuits et les autres Canadiens.

Évaluation environnementale stratégique

Cette initiative rĂ©glementaire rĂ©pond aux cibles et aux prioritĂ©s clĂ©s de l’objectif 14 de la StratĂ©gie fĂ©dĂ©rale de dĂ©veloppement durable (2022-2026) de conserver et protĂ©ger les ocĂ©ans du Canada. La protection de la zone de Tuvaijuittuq contribue Ă  l’atteinte des objectifs et des cibles du Canada en matière de biodiversitĂ© pour 2020 des Nations Unies en ce qui concerne la santĂ© des cĂ´tes et des ocĂ©ans et la santĂ© des populations fauniques. Ces objectifs peuvent ĂŞtre atteints de diffĂ©rentes manières, notamment en appliquant des approches Ă©cosystĂ©miques Ă  la gestion, en veillant Ă  ce que les espèces qui sont en sĂ©curitĂ© le demeurent et en Ă©tablissant une base solide de recherche et d’analyse scientifique sur les changements climatiques.

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, un examen préliminaire a permis de conclure qu’une évaluation environnementale stratégique n’était pas nécessaire. Le projet d’arrêté abrogerait l’arrêté existant et le remplacerait par des mesures de protection très semblables. Le projet d’arrêté n’a donc aucune incidence, positive ou négative, sur l’environnement. Toutefois, les mesures de protection continues découlant du projet d’arrêté auraient des répercussions positives sur l’environnement, assurant ainsi la protection continue de cet habitat unique et d’une importance cruciale dans l’Extrême-Arctique du Canada.

Analyse comparative entre les sexes plus

Une analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) a été effectuée et aucune répercussion liée à l’ACS+ n’a été cernée pour cette initiative de réglementation. La ZPM de Tuvaijuittuq est située dans une région très éloignée à l’écart de toute collectivité établie. Il est difficile et coûteux de naviguer dans cette zone en raison de la banquise pluriannuelle persistante qui recouvre la majeure partie de la région; par conséquent, il y a très peu d’activités dans la zone. De plus, la désignation de la ZPM permettrait aux activités actuelles de se poursuivre, par conséquent, aucune incidence sur l’ACS+ n’est prévue.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Mise en œuvre et normes de service

Le projet d’arrêté entrerait en vigueur lors de son enregistrement.

Pour compléter l’orientation générale fournie par le projet d’arrêté, un plan de gestion de la ZPM serait élaboré en fonction des règlements et de l’objectif de conservation et conformément à l’Entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuits (ERAI) pertinente.

Conformité et application

En tant qu’autorité fédérale responsable de la désignation et de la gestion de cette ZPM, le MPO assumerait la responsabilité globale de veiller au respect et à l’application de ce projet d’arrêté ministériel. Ces activités seraient menées dans le cadre du mandat officiel et des responsabilités en matière d’application de la loi du MPO en vertu de la Loi sur les océans, de la Loi sur les pêches, de la Loi sur la protection des pêches côtières et d’autres lois liées à la conservation et à la protection des pêches et à la sûreté maritime.

La surveillance de la conformité dans la ZPM se ferait par la surveillance et la détection du trafic maritime au moyen de systèmes d’information automatiques et de NORDREG (le Système de trafic dans l’Arctique canadien de la Garde côtière canadienne), ainsi que par une surveillance aérienne. Les efforts de surveillance, les rapports d’événements ainsi que les approches et les stratégies visant à assurer la conformité seront décrits dans un plan de conformité exécutoire axé sur les risques.

Les agents d’application de la loi dĂ©tenant des pouvoirs d’application de la loi dĂ©signĂ©s par le MPO en vertu de l’article 39 de la Loi sur les ocĂ©ans appliqueraient le projet d’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel. Toute personne contrevenant au projet d’arrĂŞtĂ© ministĂ©riel commettrait une infraction et pourrait ĂŞtre passible des mesures d’application prĂ©vues Ă  l’article 39.6 de la Loi sur les ocĂ©ans.

En vertu de l’article 39.6 de la Loi sur les ocĂ©ans, toute infraction au Règlement serait passible d’une amende maximale de 8 000 000 $ pour une infraction punissable par procĂ©dure sommaire et d’une amende maximale de 12 000 000 $ pour un acte criminel. La violation des conditions d’un permis ou d’une licence qui s’appliquent aux activitĂ©s menĂ©es dans cette ZPM peut Ă©galement entraĂ®ner des accusations en vertu d’autres lois canadiennes applicables, comme la Loi sur les pĂŞches, la Loi sur la protection des pĂŞches cĂ´tières, la Loi sur les espèces en pĂ©ril ou d’autres lois ou règlements applicables.

Personnes-ressources

Bethany Schroeder (elle-la)
Gestionnaire de division
Programme des océans, Région du centre et de l’Arctique
Pêches et Océans Canada
Institut des eaux douces
501, rue University
Winnipeg (Manitoba)
R3T 2N6

Elizabeth Edmondson
Gestionnaire par intérim
Planification et conservation marines, Région de la capitale nationale
Pêches et Océans Canada
200, rue Kent
Ottawa (Ontario)
K1A 0E6
Courriel : DFO.ArcticMPC-ArctiquePCM.MPO@dfo-mpo.gc.ca

PROJET DE RÉGLEMENTATION

Avis est donnĂ© que la ministre des PĂŞches et des OcĂ©ans, en vertu du paragraphe 35.1(2)rĂ©fĂ©rence a de la Loi sur les ocĂ©ans rĂ©fĂ©rence b, se propose de prendre le ArrĂŞtĂ© no 2 sur la zone de protection marine de Tuvaijuittuq, ci-après.

Les intĂ©ressĂ©s peuvent prĂ©senter leurs observations au sujet du projet d’arrĂŞtĂ© dans les trente jours suivant la date de publication du prĂ©sent avis. Ils sont fortement encouragĂ©s Ă  le faire au moyen de l’outil en ligne disponible Ă  cet effet sur le site Web de la Gazette du Canada. S’ils choisissent plutĂ´t de prĂ©senter leurs observations par courriel, par la poste ou par tout autre moyen, ils sont priĂ©s d’y citer la Partie I de la Gazette du Canada, ainsi que la date de publication du prĂ©sent avis, et d’envoyer le tout Ă  Bethany Schroeder, gestionnaire de division, Programme des ocĂ©ans, RĂ©gion du centre et de l’Arctique, Institut des eaux douces, 501, rue University, Winnipeg (Manitoba), R3T 2N6, (courriel : DFO.ArcticMPC-ArctiquePCM.MPO@dfo-mpo.gc.ca).

Ottawa, le 7 dĂ©cembre 2023

La ministre des Pêches et des Océans
Diane Lebouthillier

ArrĂŞtĂ© no 2 sur la zone de protection marine de Tuvaijuittuq

Définitions

Définitions

1 Les dĂ©finitions suivantes s’appliquent au prĂ©sent arrĂŞtĂ© :

Accord
L’accord sur les revendications territoriales conclu entre les Inuit de la rĂ©gion du Nunavut et Sa MajestĂ© la Reine du chef du Canada, signĂ© le 25 mai 1993 et dĂ©posĂ© devant la Chambre des communes au nom du ministre des Affaires Indiennes et du Nord le 26 mai 1993, ainsi que toutes les modifications qui peuvent lui ĂŞtre apportĂ©es conformĂ©ment Ă  ses dispositions. (Agreement)
zone de protection marine
L’espace maritime désigné par l’article 2. (Marine Protected Area)

Zone de protection marine

2 (1) Est dĂ©signĂ© comme zone de protection marine de Tuvaijuittuq l’espace maritime dans l’ocĂ©an Arctique constituĂ© des eaux au large du cĂ´tĂ© nord de l’île d’Ellesmere et dĂ©crit dans le plan numĂ©ro FB42596, certifiĂ© le 16 juillet 2019, et reprĂ©sentĂ© dans le plan numĂ©ro CLSR 108395, tels qu’ils sont dĂ©posĂ©s aux Archives d’arpentage des terres du Canada.

Fond marin, sous-sol et eaux surjacentes

(2) La zone de protection marine comprend, sous la laisse de basse mer, le fond marin, le sous-sol jusqu’à une profondeur de cinq mètres et les eaux surjacentes au fond marin, y compris la glace de mer.

Activités en cours

3 Pour l’application de l’alinĂ©a 35.1(2)a) de la Loi sur les ocĂ©ans, les catĂ©gories d’activitĂ©s qui sont en cours dans la zone de protection marine sont les suivantes :

Interdictions

4 (1) Il est interdit, dans la zone de protection marine, d’exercer toutes activitĂ©s, sauf celles visĂ©es aux alinĂ©as 3a) et b), qui perturbent, endommagent, dĂ©truisent ou retirent de la zone toute caractĂ©ristique gĂ©ologique ou archĂ©ologique unique, tout organisme marin vivant ou toute partie de son habitat, ou qui sont susceptibles de le faire.

Exemption

(2) MalgrĂ© le paragraphe (1), il est permis d’exercer les activitĂ©s ci-après dans la zone de protection marine :

Non-application Accord

5 Le présent arrêté ne s’applique pas à l’égard des droits de récolte des ressources fauniques des Inuit qui sont visés par l’Accord.

Abrogation

6 L’Arrêté sur la zone de protection marine de Tuvaijuittuq référence 2 est abrogé.

Entrée en vigueur

Enregistrement

7 Le présent arrêté entre en vigueur à la date de son enregistrement.

Conditions d’utilisation et Avis de confidentialité

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