Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie : DORS/2024-39

La Gazette du Canada, Partie II, volume 158, numéro 6

Enregistrement
DORS/2024-39 Le 29 fĂ©vrier 2024

LOI SUR LES MESURES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

C.P. 2024-168 Le 29 fĂ©vrier 2024

Attendu que la gouverneure en conseil juge que les actions de la Fédération de Russie constituent une rupture sérieuse de la paix et de la sécurité internationales qui a entraîné une grave crise internationale,

Ă€ ces causes, sur recommandation de la ministre des Affaires Ă©trangères et en vertu de l’alinĂ©a 4(1)a)rĂ©fĂ©rence a et des paragraphes (1.1)rĂ©fĂ©rence b, (2)rĂ©fĂ©rence c et (3) de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales rĂ©fĂ©rence d, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie, ci-après.

Règlement modifiant le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie

Modifications

1 Le mĂŞme règlement est modifiĂ© par adjonction, après l’article 3.14, de ce qui suit :

Diamants — importation de toute provenance

3.15 (1) Il est interdit Ă  toute personne au Canada et Ă  tout Canadien Ă  l’étranger d’importer, d’acheter ou d’acquĂ©rir toute marchandise visĂ©e Ă  la colonne 1 de la partie 1 de l’annexe 12, peu importe oĂą elle se trouve, de la Russie ou d’une personne qui s’y trouve.

Diamants — importation de la Russie

(2) Il est interdit Ă  toute personne au Canada et Ă  tout Canadien Ă  l’étranger d’importer, d’acheter ou d’acquĂ©rir toute marchandise visĂ©e Ă  la colonne 1 de la partie 2 de l’annexe 12 de la Russie ou d’une personne qui s’y trouve.

Non-application

(3) Les paragraphes (1) et (2) ne s’appliquent pas aux effets personnels qui sont emportés par une personne physique qui arrive au Canada si ces effets sont uniquement destinés à son usage personnel ou à celui de sa famille immédiate.

2 L’article 5 du mĂŞme règlement est remplacĂ© par ce qui suit :

Participation à une activité interdite

5 Il est interdit Ă  toute personne se trouvant au Canada et Ă  tout Canadien se trouvant Ă  l’étranger de faire sciemment quoi que ce soit qui occasionne ou facilite la rĂ©alisation de toute activitĂ© interdite par les articles 3 Ă  3.15, qui y contribue ou qui vise Ă  le faire.

3 Les articles 26 Ă  35 de la partie 2 de l’annexe 6 du mĂŞme règlement sont abrogĂ©s.

4 Le mĂŞme règlement est modifiĂ© par adjonction, après l’annexe 11, de l’annexe 12 figurant Ă  l’annexe du prĂ©sent règlement.

Antériorité de la prise d’effet

5 Pour l’application de l’alinĂ©a 11(2)a) de la Loi sur les textes rĂ©glementaires, le prĂ©sent règlement prend effet avant sa publication dans la Gazette du Canada.

Entrée en vigueur

6 Le prĂ©sent règlement entre en vigueur le 1er mars 2024 ou, si elle est postĂ©rieure, Ă  la date de son enregistrement.

ANNEXE

(article 4)

ANNEXE 12

(paragraphes 3.15(1) et (2))

PARTIE 1

Diamants — importation de toute provenance
Article

Colonne 1

Marchandises

Colonne 2

Code du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises note a du tableau 1

1 Diamants non triés dont le poids est égal ou supérieur à un carat, même travaillés, mais non montés ni sertis 710210
2 Diamants non industriels dont le poids est égal ou supérieur à un carat, bruts ou simplement sciés, clivés ou débrutés, mais non montés ni sertis 710231
3 Diamants non industriels dont le poids est égal ou supérieur à un carat, non montés ni sertis, autres que les diamants bruts ou simplement sciés, clivés ou débrutés 710239

Note(s) du tableau 1

Note a du tableau 1

Les codes du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises (publié par l’Organisation mondiale des douanes) mentionnés à la colonne 2 ne sont fournis qu’à titre indicatif.

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PARTIE 2

Diamants — importation de la Russie
Article

Colonne 1

Marchandises

Colonne 2

Code du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises note a du tableau 2

1 Diamants non triés dont le poids est de moins d’un carat, même travaillés, mais non montés ni sertis 710210
2 Diamants non industriels dont le poids est de moins d’un carat, bruts ou simplement sciés, clivés ou débrutés, mais non montés ni sertis 710231
3 Diamants non industriels dont le poids est de moins d’un carat, non montés ni sertis, autres que les diamants bruts ou simplement sciés, clivés ou débrutés 710239
4 Diamants synthétiques ou reconstitués, bruts ou simplement sciés ou dégrossis 710421
5 Diamants synthétiques ou reconstitués, autres que les diamants bruts ou simplement sciés ou dégrossis 710491
6 Articles de bijouterie ou de joaillerie, avec diamants, et leurs parties, en métaux précieux ou en plaqués ou doublés de métaux précieux 7113
7 Articles d’orfèvrerie, avec diamants, et leurs parties, en métaux précieux ou en plaqués ou doublés de métaux précieux 7114
8 Ouvrages, avec diamants, en métaux précieux ou en plaqués ou doublés de métaux précieux non dénommés ni compris ailleurs dans ce tableau, autres que les catalyseurs sous forme de toiles ou de treillis en platine 711590
9 Ouvrages en pierres gemmes ou en pierres synthétiques ou reconstituées, avec diamants 711620
10 Montres-bracelets, montres de poche et montres similaires (y compris les compteurs de temps des mêmes types), avec boîte en métaux précieux ou en plaqués ou doublés de métaux précieux, avec diamants 9101

Note(s) du tableau 2

Note a du tableau 2

Les codes du Système harmonisé de désignation et de codification des marchandises (publié par l’Organisation mondiale des douanes) mentionnés à la colonne 2 ne sont fournis qu’à titre indicatif.

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RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Règlement.)

Enjeux

Les revenus tirĂ©s par l’industrie russe appartenant Ă  l’État des exportations de diamants russes et de produits de joaillerie connexes constituent une source de soutien financier Ă  l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Russie est le plus grand producteur de diamants naturels du monde en termes de volume et on estime qu’elle en a tirĂ© plus de 4 milliards de dollars en 2022.

Contexte

Ă€ la suite de l’occupation illĂ©gale et de la tentative d’annexion de la CrimĂ©e par la Russie en mars 2014, le gouvernement du Canada, en coordination avec ses partenaires et alliĂ©s, a promulguĂ© des sanctions au moyen du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie (le Règlement), pris en application de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales (LMES). Ces sanctions imposent des interdictions de transactions (un gel effectif des avoirs) aux particuliers et aux entitĂ©s dĂ©signĂ©s qui soutiennent ou permettent la violation par la Russie de la souverainetĂ© de l’Ukraine. Ces sanctions imposent des interdictions de transactions (un gel des avoirs) aux particuliers et entitĂ©s dĂ©signĂ©s qui soutiennent ou encouragent la violation de la souverainetĂ© de l’Ukraine par la Russie. Il est interdit Ă  toute personne au Canada et Ă  tout Canadien Ă  l’étranger, Ă  l’égard d’une personne dĂ©signĂ©e Ă  l’annexe 1, 2 ou 3 du Règlement, d’effectuer une opĂ©ration portant sur un bien lui appartenant, de conclure une transaction avec elle, de lui fournir des services ou par ailleurs de mettre des marchandises Ă  sa disposition.

Le 24 fĂ©vrier 2022, le prĂ©sident russe Poutine a annoncĂ© une « opĂ©ration militaire spĂ©ciale Â» alors que les forces russes lançaient une invasion Ă  grande Ă©chelle de l’Ukraine Ă  partir des territoires russe et biĂ©lorusse. De violents combats se poursuivent dans l’est et le sud de l’Ukraine. Dans le cadre de sa stratĂ©gie militaire, la Russie continue de tirer des missiles et de lancer des attaques de drones kamikazes contre des infrastructures civiles essentielles. Des experts, notamment les missions d’enquĂŞte du mĂ©canisme de Moscou de l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe, la Commission internationale indĂ©pendante d’enquĂŞte sur l’Ukraine et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ont conclu que la Russie commettait de graves violations des droits de la personne, des crimes de guerre, d’éventuels crimes contre l’humanitĂ© et des violences sexuelles liĂ©es au conflit. Ces Ă©tudes ont Ă©tabli un lien entre l’agression extĂ©rieure de la Russie et la rĂ©pression systĂ©matique et les violations des droits de la personne Ă  l’échelle nationale. Selon le Service d’urgence d’État ukrainien, 30 % du territoire ukrainien (soit environ la taille de l’Autriche) a Ă©tĂ© minĂ© par la Russie, ce qui a donnĂ© lieu Ă  des appels Ă  des restrictions plus sĂ©vères sur les exportations d’explosifs. En date du mois de dĂ©cembre 2023, la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine a confirmĂ© que 10 000 civils avaient Ă©tĂ© tuĂ©s et 19 000 autres blessĂ©s depuis le 24 fĂ©vrier 2022. En outre, 56 Ă©tablissements mĂ©dicaux et 223 Ă©tablissements d’enseignement dans le pays ont Ă©tĂ© dĂ©truits par l’armĂ©e russe depuis l’invasion.

L’invasion militaire du président Poutine s’est accompagnée d’importantes opérations cybernétiques malveillantes et de campagnes de désinformation qui présentent faussement l’Occident comme l’agresseur et prétendent que l’Ukraine développe des armes chimiques, biologiques, radiologiques et/ou nucléaires avec le soutien de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Le maintien du rĂ©gime de sanctions sans prĂ©cĂ©dent imposĂ© par le Canada et ses partenaires Ă  l’encontre de la Russie est justifiĂ© par la poursuite de l’invasion russe de l’Ukraine et les efforts dĂ©ployĂ©s par la Russie pour contourner ces sanctions. En 2023, divers rapports ont fait Ă©tat de discussions entre des responsables iraniens et russes concernant la mise en place d’itinĂ©raires parallèles (tels que le corridor international de transport Nord-Sud) pour l’expĂ©dition de marchandises, y compris de pĂ©trole, afin d’échapper aux sanctions. Les responsables russes et iraniens ont ouvertement dĂ©clarĂ© leur intention de contourner les sanctions en utilisant de nouveaux couloirs de transport, y compris en mer Caspienne. Ils ont Ă©galement pris des mesures concrètes en ce sens. Le 5 dĂ©cembre 2023, le ministre russe des Affaires Ă©trangères SergueĂŻ Lavrov et son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian se sont rencontrĂ©s Ă  Moscou et ont signĂ© un accord pour contrer les « sanctions unilatĂ©rales Â».

Réponse internationale

Alors que la guerre se poursuit, les membres du G7 et leurs partenaires demeurent dĂ©terminĂ©s Ă  appuyer l’Ukraine par la diplomatie avec l’ensemble de la communautĂ© internationale afin d’encourager le soutien Ă  l’Ukraine et de contrer la dĂ©sinformation russe. Le plan de paix en dix points du prĂ©sident Zelensky a suscitĂ© l’intĂ©rĂŞt et la participation de plus de 80 pays, lesquels se sont rencontrĂ©s trois fois en 2023 et une fois en 2024. Des votes clĂ©s dans des forums multilatĂ©raux comme l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies et le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations Unies (CSNU) ont rĂ©ellement isolĂ© la Russie. Cependant, la Russie utilise constamment sa position de membre permanent du CSNU pour s’opposer aux mesures visant sa guerre en Ukraine. Certains pays se sont abstenus de critiquer ouvertement la Russie ou d’imposer des sanctions en raison de considĂ©rations gĂ©opolitiques, d’incitations commerciales ou simplement par crainte de reprĂ©sailles, certains faisant Ă©galement valoir que le conflit n’est pas une prioritĂ© pour leur rĂ©gion.

La coalition de pays soutenant directement l’Ukraine comprend, sans s’y limiter, les pays du G7 et les pays europĂ©ens. Ce groupe s’efforce de soutenir l’Ukraine dans plusieurs domaines, notamment la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique, la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, la sĂ©curitĂ© alimentaire, l’aide humanitaire, la lutte contre la dĂ©sinformation russe, les sanctions et les mesures Ă©conomiques, la saisie et la confiscation d’actifs, l’aide militaire, la responsabilisation, le rĂ©tablissement et la reconstruction. Lors du Sommet des dirigeants des pays de l’OTAN Ă  Vilnius en juillet 2023, l’OTAN a affirmĂ© que l’Ukraine serait en mesure de se joindre Ă  l’Alliance lorsque les conditions le permettront, ce dont les membres ont convenu. Ils ont Ă©galement convenu de bonifier l’ensemble complet de mesures d’assistance pour l’Ukraine et ont créé le Conseil OTAN-Ukraine. La plateforme de coordination des donateurs d’organisations multiples du G7 a Ă©tĂ© créée en 2022. En 2023, les dirigeants du G7 se sont engagĂ©s Ă  mettre en Ĺ“uvre une interdiction totale (directe et indirecte) des importations de diamants russes. L’interdiction directe est en place dans tous les États membres du G7 depuis le 1er janvier 2024.

Réponse du Canada

En rĂ©ponse Ă  l’invasion Ă  grande Ă©chelle de l’Ukraine par la Russie, le Canada s’est engagĂ© Ă  verser plus de 9,7 milliards de dollars en aide financière, militaire, humanitaire et en matière de dĂ©veloppement, de sĂ©curitĂ© et de stabilisation, ainsi que d’immigration. Le Canada demeure rĂ©solu Ă  soutenir la stabilitĂ©, la sĂ©curitĂ© et la souverainetĂ© de l’Ukraine alors qu’elle rĂ©siste Ă  la guerre d’agression menĂ©e par la Russie. Le Canada appuie le plan de paix en dix points conçu par l’Ukraine, un plan qui respecte la souverainetĂ© et l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’Ukraine, la Charte des Nations Unies et le droit international.

Depuis 2014, en coordination avec ses alliĂ©s et partenaires, le Canada impose des sanctions Ă  plus de 2 900 particuliers et entitĂ©s en Russie, au BĂ©larus, en Ukraine et en Moldova qui sont complices de la violation de la souverainetĂ© et de l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’Ukraine. La durĂ©e des sanctions imposĂ©es par le Canada et ses partenaires est explicitement liĂ©e Ă  la rĂ©solution pacifique du conflit et au respect de la souverainetĂ© et de l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’Ukraine, Ă  l’intĂ©rieur de ses frontières telles qu’elles sont reconnues par la communautĂ© internationale, y compris la CrimĂ©e, ainsi que la mer territoriale de l’Ukraine. De plus, le Canada a mis en Ĺ“uvre des restrictions ciblĂ©es Ă  l’encontre de la Russie et du BĂ©larus dans les secteurs des finances, du commerce (biens et services), de l’énergie et des transports. Le Canada fait Ă©galement partie de la coalition pour le plafonnement du prix du pĂ©trole russe, qui limite la prestation de services maritimes liĂ©s au pĂ©trole brut et aux produits pĂ©troliers russes au-delĂ  d’un prix fixĂ© par la coalition.

Engagement du G7 à mettre en œuvre l’interdiction des importations de diamants en provenance de Russie

Les pays du G7 reprĂ©sentent 70 % du marchĂ© mondial du diamant. La Russie est le premier producteur mondial de diamants bruts en termes de valeur (plus de 3,5 milliards de dollars amĂ©ricains en 2022) et un important exportateur mondial de diamants bruts (exportations supĂ©rieures Ă  3,8 milliards de dollars amĂ©ricains en 2022). Son conglomĂ©rat minier partiellement Ă©tatique, Alrosa, reprĂ©sente 95 % de la production russe de diamants et se classe au premier rang mondial des producteurs diamants en volume, et au deuxième en valeur. Le Canada et la plupart des autres membres du G7 ont dĂ©jĂ  imposĂ© des sanctions contre Alrosa. L’Union europĂ©enne (UE) reste le centre du commerce mondial de diamants, avec environ 86 % des diamants bruts du monde passant par la Belgique, dont 25 % en provenance de Russie.

En fĂ©vrier, mai et dĂ©cembre 2023, les dirigeants du G7 ont affirmĂ© leur engagement Ă  mettre en Ĺ“uvre des sanctions coordonnĂ©es et d’autres mesures Ă©conomiques pour contrer la capacitĂ© de la Russie Ă  financer sa guerre d’agression contre l’Ukraine en ciblant l’industrie du diamant russe. Compte tenu des revenus importants que la Russie tire de l’exportation des diamants, les dirigeants ont convenu de mettre en place des mesures Ă©conomiques visant Ă  rĂ©duire les revenus tirĂ©s de la vente de diamants russes, notamment des diamants bruts et polis. Depuis, les responsables ont Ă©laborĂ© un plan visant Ă  interdire les importations directes et indirectes de diamants non industriels russes sur les marchĂ©s du G7. L’interdiction directe est en vigueur dans tous les États membres du G7 depuis le 1er janvier 2024. Grâce Ă  une mise en Ĺ“uvre progressive, l’interdiction indirecte des diamants russes sur les marchĂ©s du G7 devrait commencer le 1er mars 2024, avec l’interdiction des diamants naturels non industriels extraits en Russie d’une taille Ă©gale ou supĂ©rieure Ă  1,0 carat. Le G7 vise le 1er septembre 2024 pour Ă©tendre l’interdiction indirecte Ă  tous les diamants naturels non industriels extraits en Russie d’une taille Ă©gale ou supĂ©rieure Ă  0,5 carat.

L’interdiction indirecte du G7 complétera l’interdiction directe du G7 sur les importations de diamants russes (flux directs de produits diamantaires non industriels exportés directement de Russie vers un pays du G7) qui a été mise en œuvre par les États membres du G7. Le Règlement interdit actuellement certaines importations et exportations de diamants et de produits connexes à destination et en provenance de la Russie.

Objectif

  1. Imposer des coûts supplémentaires à la Russie pour son attaque non provoquée et son agression contre l’Ukraine en interdisant l’importation indirecte de diamants russes d’un carat ou plus au Canada, à l’instar de tous les autres membres du G7.
  2. Souligner le maintien de l’unité des membres du G7 dans leur réponse aux attaques continues de la Russie en Ukraine.
  3. Veiller à ce que les diamants russes interdits sur d’autres marchés ne soient pas détournés vers le Canada.

Description

ConformĂ©ment Ă  l’engagement du G7, les modifications interdisent l’achat, l’importation ou l’acquisition de certains diamants extraits ou produits en Russie qui sont exportĂ©s, traitĂ©s et/ou polis dans un pays tiers. En particulier, l’interdiction s’applique aux diamants naturels dont le poids est supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  1,0 carat, dans les codes suivants du Système harmonisĂ© de dĂ©signation et de codification des marchandises (SH) de l’Organisation mondiale des douanes :

L’interdiction s’applique à tout individu ou entité au Canada ainsi qu’aux Canadiens à l’étranger.

Les modifications comprennent Ă©galement des changements nĂ©cessaires Ă  l’interdiction d’importation de produits de luxe (partie 2 de l’annexe 6) dans le Règlement afin d’assurer l’uniformitĂ© et la clartĂ© avec l’interdiction existante concernant l’importation de diamants et de produits connexes. L’interdiction directe des importations de diamants fait dĂ©sormais l’objet d’une interdiction autonome avec sa propre annexe [article 3.15(2), partie 2, annexe 12].

Les interdictions ne s’appliquent pas aux effets personnels qui sont emportés par une personne physique qui arrive au Canada si ces effets sont uniquement destinés à son usage personnel ou à celui de sa famille immédiate.

Élaboration de la réglementation

Consultation

Affaires mondiales Canada s’entretient rĂ©gulièrement avec les parties prenantes concernĂ©es, comme les organisations de la sociĂ©tĂ© civile, les communautĂ©s culturelles et d’autres gouvernements d’opinion commune, au sujet de la façon dont le Canada met en Ĺ“uvre les sanctions. L’engagement du G7 Ă  interdire l’importation de diamants russes a Ă©tĂ© annoncĂ© publiquement en fĂ©vrier, mai et dĂ©cembre 2023. Ressources naturelles Canada (RNCan) et Affaires mondiales Canada ont pris contact avec l’industrie canadienne du diamant pour l’aider Ă  respecter les nouvelles exigences.

Au cours de l’engagement ciblĂ© RNCan en novembre 2023, l’industrie a fait part de ses commentaires par Ă©crit et a participĂ© Ă  un appel tĂ©lĂ©phonique au cours duquel elle a fait part de ses observations. Lors d’un autre engagement ciblĂ© en janvier 2024, l’industrie a participĂ© Ă  un appel et a donnĂ© son avis sur les types de documents qu’elle pouvait actuellement fournir pour attester de l’origine non russe au cours de cette pĂ©riode.

Affaires mondiales Canada a également entamé un dialogue avec des pays producteurs de diamants en Afrique qui seront touchés par cette interdiction afin de les informer de l’interdiction et de réduire autant que possible les conséquences négatives sur leurs industries diamantaires.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Une première évaluation de la portée géographique du Règlement a été réalisée et n’a cerné aucune obligation découlant des traités modernes, étant donné que le Règlement n’entre pas en vigueur dans une zone couverte par un traité moderne.

Choix de l’instrument

Les règlements constituent le seul moyen de promulguer des sanctions au Canada. Aucun autre instrument ne peut être envisagé.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

L’interdiction des importations indirectes de diamants russes par le G7 s’inscrit en complĂ©ment de l’interdiction des importations directes (c’est-Ă -dire flux directs de produits diamantaires non industriels exportĂ©s directement de la Russie vers un pays du G7), qui a pris effet 1er janvier 2024 dans les États membres (dont le Canada). Cette nouvelle interdiction permettra au Canada de faire front commun avec ses partenaires du G7 pour restreindre une source essentielle de revenus servant Ă  financer la guerre menĂ©e par la Russie en Ukraine. Cette mesure tĂ©moigne de la dĂ©termination du G7 Ă  faire en sorte que la Russie subisse les consĂ©quences de ses actes, comme il s’y est engagĂ© publiquement. Il s’agit d’un autre signal clair de l’unitĂ© entre les États membres et de leur soutien Ă  l’Ukraine.

Le Règlement interdit actuellement certaines importations et exportations de diamants et de produits liĂ©s aux diamants Ă  destination et en provenance de la Russie. En 2021, au Canada, la valeur des importations visĂ©es par l’interdiction des importations directes de diamants russes Ă©tait estimĂ©e Ă  4,1 millions de dollars. En 2022, Ă  la suite de l’invasion russe, le Canada a sanctionnĂ© la sociĂ©tĂ© d’État russe Alrosa, si bien que ce conglomĂ©rat diamantaire ne bĂ©nĂ©ficie plus des avantages dĂ©coulant du statut de nation la plus favorisĂ©e (c’est-Ă -dire que des droits de douane de 35 % s’appliquent dĂ©sormais Ă  toutes les importations russes au Canada). Cette mesure a entraĂ®nĂ© une forte diminution de toutes les importations de diamants russes, y compris les importations directes, celles-ci se chiffrant Ă  13 440 $ pour les huit premiers mois de 2023, contre 327 224 $ en 2022.

En 2023, en ce qui concerne les produits qui ne pourront plus ĂŞtre importĂ©s indirectement (c’est-Ă -dire SH 7102.10, SH 7102.31 et SH 7102.39), les importations canadiennes se sont chiffrĂ©es Ă  373,3 millions de dollars, et cela en provenance de tous les pays. Il n’y a pas eu d’importations directes de Russie. Les principaux fournisseurs canadiens de diamants ont Ă©galement rĂ©duit sensiblement leurs importations directes de diamants russes. En consĂ©quence, le Canada ne devrait pas en importer une quantitĂ© importante des diamants russes après l’entrĂ©e en vigueur de l’interdiction des importations indirectes.

L’interdiction des importations indirectes par le G7 entraînera des coûts supplémentaires pour les importateurs canadiens, car ceux-ci devront fournir d’autres renseignements ou documents pour prouver l’origine de leurs diamants. La décision d’exiger ces documents ou renseignements sera laissée à la discrétion de l’agent des services frontaliers, au moment de l’importation.

À l’heure actuelle, les produits correspondant aux lignes tarifaires 7102.10 et 7102.31 du Système harmonisé (SH) sont déjà régis par la Loi sur l’exportation et l’importation des diamants bruts. Pour leur importation, ils doivent être accompagnés d’un certificat du processus de Kimberley (CPK) valide, délivré par l’autorité compétente dans le pays exportateur. Ce document contient des renseignements sur le poids en carats et le pays d’origine. L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) le vérifie, y appose son timbre intégré et le renvoie à l’importateur, qui doit le transmettre à RNCan dans les sept jours suivant l’importation. Par conséquent, aucun coût supplémentaire n’est prévu pour leur importation.

L’ASFC devra engager de lĂ©gères dĂ©penses pour les activitĂ©s de mise en Ĺ“uvre, de communication et de sensibilisation rendues nĂ©cessaires par les modifications (par exemple la mise Ă  jour de ses notes de service et de ses instruments de travail, la rĂ©ponse aux demandes d’orientation fonctionnelle et l’actualisation de sa page Web). Le recrutement de personnel supplĂ©mentaire ne sera pas nĂ©cessaire. Le Règlement ne devrait pas entraĂ®ner une augmentation des coĂ»ts liĂ©s Ă  la conformitĂ©, Ă  l’exĂ©cution et Ă  la vĂ©rification pour l’ASFC. Des vĂ©rifications postĂ©rieures Ă  l’importation sont actuellement effectuĂ©es et continueront Ă  l’être dans le cadre d’activitĂ©s plus larges de vĂ©rification de la conformitĂ©. Une fois que l’interdiction entrera en vigueur, il faudra que les producteurs non russes rĂ©pondent Ă  la demande sur les marchĂ©s du G7 (70 % des ventes mondiales de diamants). Ces marchĂ©s devront s’adapter, puisque cela aura une incidence sur la valeur des diamants non russes, qui proviennent principalement d’Afrique subsaharienne et du Canada. Le Canada est un exportateur important de diamants bruts dans le monde (y compris vers ses partenaires du G7 et de l’UE). En 2022, la valeur des exportations canadiennes de diamants a Ă©tĂ© de 2,7 milliards de dollars dans le monde et de près de 1,3 milliard de dollars vers les partenaires du G7 et de l’UE. Les importateurs doivent s’attendre Ă  payer plus cher pour l’achat de diamants non russes.

Lentille des petites entreprises

Selon l’analyse de la lentille des petites entreprises, le Règlement aura des rĂ©percussions sur les petites entreprises canadiennes. Les importateurs devront remplir une attestation sur l’origine des diamants importĂ©s, ce qui est considĂ©rĂ© comme un « fardeau administratif Â» au sens de la Politique sur la limitation du fardeau rĂ©glementaire sur les entreprises. Aucune autre marge de manĹ“uvre n’est prĂ©vue pour les petits importateurs, car ce document est un Ă©lĂ©ment essentiel du processus de vĂ©rification. En outre, il ne s’agirait pas d’un lourd fardeau pour les importateurs. Les modifications pourraient Ă©galement avoir des consĂ©quences indirectes pour les petites entreprises si celles-ci doivent s’approvisionner auprès d’autres sources. Ă€ cela s’ajoute l’obligation d’obtenir les documents nĂ©cessaires les autorisant Ă  effectuer certaines transactions ou activitĂ©s qui seraient sinon interdites.

Règle du « un pour un Â»

La règle du « un pour un Â» s’applique puisqu’il s’agit d’une augmentation progressive du fardeau administratif pesant sur les entreprises et que le Règlement est considĂ©rĂ© comme Ă©tant un ajout au fardeau en vertu de la règle; aucun instrument rĂ©glementaire n’est abrogĂ© ou introduit. Les importateurs de diamants travaillĂ©s relevant du code d’importation 7102.39 devront disposer de preuves concernant le pays d’origine de leurs importations de diamants, car un agent des services frontaliers pourrait leur demander, lors de l’importation, de fournir des documents confirmant que les diamants n’ont pas Ă©tĂ© extraits en Russie. Le coĂ»t annuel estimĂ© du fardeau administratif liĂ© Ă  cette exigence est de 14 781 $, exprimĂ© en dollars de 2012 et actualisĂ© jusqu’en 2012 en utilisant un taux d’actualisation de 7 %, comme l’exige le Règlement sur la rĂ©duction de la paperasse.

Le processus d’attribution de licence pour les entreprises qui demandent l’autorisation d’importer des diamants d’origine russe rĂ©pond Ă©galement Ă  la dĂ©finition de « fardeau administratif Â» aux termes de la Loi sur la rĂ©duction de la paperasse; cependant, bien que des licences puissent ĂŞtre accordĂ©es en vertu du Règlement, elles sont accordĂ©es Ă  la discrĂ©tion de la ministre et sur une base exceptionnelle. Par consĂ©quent, aucun coĂ»t administratif connexe n’est mentionnĂ© ici.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

Bien que les modifications ne soient pas liées à un plan de travail ou à un engagement dans le cadre d’un forum officiel de coopération réglementaire, elles visent à mettre en œuvre les engagements pris par le premier ministre dans le contexte de l’appartenance du Canada au G7 et reflètent la coopération étroite et continue avec d’autres membres du G7 qui prennent des mesures similaires.

Évaluation environnementale stratégique

Il est peu probable que les modifications entraînent des effets importants sur l’environnement. Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a conclu qu’une évaluation environnementale stratégique n’est pas nécessaire.

Analyse comparative entre les sexes plus (ACS+)

Le sujet des sanctions économiques a déjà été évalué pour en déterminer les effets sur l’égalité des genres et la diversité. Bien qu’elles soient destinées à faciliter un changement de comportement par le biais d’une pression économique sur des individus et des entités dans des États étrangers, les sanctions prévues par la Loi sur les mesures économiques spéciales peuvent néanmoins avoir une incidence involontaire sur certains groupes et individus vulnérables. Plutôt que de viser la Russie dans son ensemble, ces sanctions ciblées ont un impact sur la capacité de la Russie à exporter des diamants et garantissent que des revenus ne puissent être générés depuis le Canada qui seraient susceptibles de soutenir les efforts de guerre de la Russie. Ainsi, il est peu probable que ces sanctions aient un impact important sur des groupes vulnérables comparativement à des sanctions économiques communes de grande ampleur dirigées contre un État.

Le Règlement toucherait en grande partie des entreprises, qui sont des entités juridiques, plutôt que des particuliers. Bien qu’elles ne visent pas les exploitations minières artisanales et à petite échelle ainsi que les activités de valorisation locales, il est possible que ces mesures produisent quelques effets accessoires limités sur celles-ci, auxquelles participent de manière disproportionnée des femmes et des communautés indigènes. Tous les efforts seront faits pour garantir que la mise en œuvre de ces mesures minimise tout impact différencié sur ces communautés.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Les modifications entrent en vigueur Ă  la date de leur enregistrement.

Affaires mondiales Canada collabore avec l’ASFC pour une mise en œuvre efficace, en activant un dispositif de surveillance à la frontière lorsqu’une nouvelle interdiction est mise en œuvre et en évaluant, sur demande, si des sanctions doivent être appliquées. L’ASFC assure une présence sur le terrain et dispose de l’expertise et des pouvoirs, ce qui est essentiel pour qu’elle puisse faire appliquer la loi.

Lorsque les modifications entreront en vigueur, les fonctionnaires de l’ASFC pourront demander aux importateurs de fournir des documents attestant que leurs produits ne proviennent pas de Russie. Les importateurs de diamants sont encouragĂ©s Ă  remplir un formulaire d’attestation de l’origine de ces derniers afin d’accĂ©lĂ©rer les formalitĂ©s de passage de la frontière. Ce formulaire d’attestation sera mis en ligne par l’entremise d’un avis des douanes lorsque les modifications entreront en vigueur. En outre, les importateurs peuvent choisir d’importer des diamants par l’intermĂ©diaire du nĹ“ud d’importation du G7 Ă  Anvers, en Belgique, en expĂ©diant les diamants vers ce nĹ“ud. Ă€ partir du 1er mars 2024, les diamants non russes transitant par ce nĹ“ud recevront un certificat du G7, attestant qu’ils ne sont pas d’origine russe.

Des informations ou des documents supplĂ©mentaires peuvent ĂŞtre demandĂ©s Ă  tout moment par un agent de l’ASFC au moment de l’importation. Il peut s’agir de documents relatifs Ă  l’origine, Ă  l’achat et au transport de tout matĂ©riau provenant de fournisseurs intervenant dans l’exploitation minière, la fabrication ou la production des diamants. Voici quelques exemples de documents justificatifs destinĂ©s Ă  faciliter le passage de la frontière :

Pour être prises en considération, les informations requises doivent être présentées dans l’une des langues officielles du Canada (anglais ou français). Le cas échéant, les documents originaux et les traductions doivent être fournis.

Le Service des délégués commerciaux (SDC) du Ministère, à l’étranger et au Canada, continue d’aider les clients à comprendre la réglementation canadienne en matière de sanctions, et notamment ses effets sur les activités auxquelles des Canadiens pourraient prendre part. Le Ministère intensifie aussi ses campagnes d’information dans tout le pays, notamment auprès des entreprises, des universités et des gouvernements provinciaux et territoriaux, pour faire mieux connaître et respecter les sanctions appliquées par le Canada.

Les agents de la Gendarmerie royale du Canada et de l’ASFC sont habilitĂ©s Ă  faire respecter les sanctions en vertu de leurs pouvoirs respectifs, tels qu’ils sont dĂ©finis dans la Loi sur les douanes, la LMES et le Code criminel. ConformĂ©ment Ă  l’article 8 de la LMES, quiconque contrevient volontairement au Règlement est passible, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© : par procĂ©dure sommaire, d’une amende maximale de 25 000 $ ou d’une peine d’emprisonnement maximale d’un an ou des deux; ou encore, par mise en accusation, d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans.

Personne-ressource

Andreas Weichert
Directeur
Direction de l’Europe de l’Est et de l’Eurasie
Affaires mondiales Canada
125, promenade Sussex
Ottawa (Ontario)
K1A 0G2
TĂ©lĂ©phone : 613‑203‑3603
Courriel : Andreas.Weichert@international.gc.ca