Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie : DORS/2023-174

La Gazette du Canada, Partie II, volume 157, numéro 17

Enregistrement
DORS/2023-174 Le 4 aoĂ»t 2023

LOI SUR LES MESURES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

C.P. 2023-787 Le 4 aoĂ»t 2023

Sur recommandation de la ministre des Affaires Ă©trangères et en vertu des paragraphes 4(1)rĂ©fĂ©rence a, (1.1)rĂ©fĂ©rence b, (2)rĂ©fĂ©rence c et (3) de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales rĂ©fĂ©rence d, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie, ci-après.

Règlement modifiant le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie

Modification

1 L’article 734 de la partie 1 de l’annexe 1 du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie rĂ©fĂ©rence 1 est abrogĂ©.

Entrée en vigueur

2 Le présent règlement entre en vigueur à la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Règlement.)

Enjeux

Les modifications au Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie (le Règlement) retirent Igor Viktorovich Makarov de l’annexe 1 du Règlement Ă©tant donnĂ© que les motifs rĂ©glementaires justifiant son inscription n’existent plus.

Contexte

Ă€ la suite de l’occupation illĂ©gale et de la tentative d’annexion de la CrimĂ©e par la Russie en mars 2014, le gouvernement canadien, en coordination avec ses partenaires et alliĂ©s, a promulguĂ© des sanctions au moyen du Règlement, pris en application de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales (LMES). Ces sanctions interdisent de faire des transactions (ce qui entraĂ®ne dans les faits un gel des avoirs) avec des particuliers et des entitĂ©s dĂ©signĂ©es en Russie et en Ukraine qui soutiennent ou facilitent la violation de la souverainetĂ© de l’Ukraine par la Russie. Il est donc interdit Ă  toute personne au Canada et Ă  tout Canadien Ă  l’étranger, Ă  l’égard d’une personne dĂ©signĂ©e, d’effectuer une opĂ©ration portant sur un bien lui appartenant, de conclure une transaction avec elle, de lui fournir des services ou par ailleurs de mettre des marchandises Ă  sa disposition.

Le 24 fĂ©vrier 2022, le prĂ©sident russe Vladimir Poutine a annoncĂ© une « opĂ©ration militaire spĂ©ciale Â» alors que les forces russes lançaient une invasion Ă  grande Ă©chelle de l’Ukraine Ă  partir de la Russie et du BĂ©larus. L’invasion s’est transformĂ©e en une guerre d’usure qui rend peu probable une victoire rapide pour l’une ou l’autre des parties, qui continuent Ă  subir de lourdes pertes. L’armĂ©e russe a commis de terribles atrocitĂ©s contre des civils, notamment Ă  Izioum, Boutcha, Kharkiv et Marioupol. Des experts, y compris les missions d’enquĂŞte du mĂ©canisme de Moscou de l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (OSCE), la Commission d’enquĂŞte internationale indĂ©pendante sur l’Ukraine et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), ont conclu que la Russie commet de graves violations des droits de la personne, des crimes de guerre, de possibles crimes contre l’humanitĂ© et des violences sexuelles liĂ©es au conflit. Ces enquĂŞtes ont Ă©tabli un lien entre l’agression russe en Ukraine et la rĂ©pression systĂ©matique et les atteintes aux droits de la personne qui se produisent sur le territoire de la Russie. Selon le Service d’urgence d’État ukrainien, 30 % du territoire ukrainien (environ la taille de l’Autriche) est minĂ©. L’invasion militaire du prĂ©sident Poutine s’est accompagnĂ©e d’importantes cyberopĂ©rations malveillantes et de campagnes de dĂ©sinformation qui dĂ©peignent faussement l’Occident comme l’agresseur et accusent l’Ukraine de dĂ©velopper des armes chimiques, biologiques, radiologiques ou nuclĂ©aires avec le soutien de l’Organisation du TraitĂ© de l’Atlantique Nord (OTAN). La dĂ©tĂ©rioration des relations de la Russie avec l’Ukraine a Ă©tĂ© suivie d’une dĂ©tĂ©rioration de ses relations avec les États-Unis et l’OTAN, ce qui a accru les tensions.

Réponse internationale

La coalition des pays qui appuient l’Ukraine comprend, sans s’y limiter, le G7, des pays europĂ©ens et certaines des nations voisines de l’Ukraine. Ce groupe agit sur diffĂ©rents plans pour soutenir l’Ukraine, y compris la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique, la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire, la sĂ©curitĂ© alimentaire, l’aide humanitaire, la lutte contre la dĂ©sinformation russe, l’application de sanctions et de mesures Ă©conomiques, la saisie et la confiscation de biens, l’assistance militaire, l’imputabilitĂ© et le redressement et la reconstruction. Le Canada et les pays du G7 mènent des efforts diplomatiques intenses auprès du reste de la communautĂ© internationale afin de rallier des appuis en faveur de l’Ukraine et de contrer les faux rĂ©cits russes. Des votes clĂ©s au sein de cadres multilatĂ©raux ont eu pour effet d’isoler la Russie, notamment l’adoption de rĂ©solutions Ă  l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’ONU pour condamner l’agression russe contre l’Ukraine (mars 2022), dĂ©plorer les consĂ©quences humanitaires de cette agression (mars 2022), suspendre la participation de la Russie au Conseil des droits de l’homme de l’ONU (avril 2022) et condamner l’annexion illĂ©gale par la Russie de territoires ukrainiens (octobre 2022). La Russie continue de se servir de son statut de membre permanent du Conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU afin d’empĂŞcher celui-ci d’agir pour mettre un terme Ă  la guerre en Ukraine et aux politiques de dĂ©sinformation nuisibles de la Russie.

Réponse du Canada

Depuis fĂ©vrier 2022, le Canada a versĂ© ou s’est engagĂ© Ă  verser plus de 8 milliards de dollars d’aide Ă  l’Ukraine. Ce montant englobe l’assistance militaire, la cyberdĂ©fense et la formation des troupes ukrainiennes au Royaume-Uni et en Pologne dans le cadre de l’opĂ©ration UNIFIER. Afin de renforcer la rĂ©silience Ă©conomique de l’Ukraine, le Canada lui a accordĂ© de nouvelles ressources au moyen de prĂŞts et a Ă©mis une garantie de prĂŞt et une obligation de souverainetĂ© de l’Ukraine. Le Canada aide aussi l’Ukraine Ă  rĂ©parer son infrastructure Ă©nergĂ©tique et a levĂ© temporairement les droits de douane sur les importations en provenance de ce pays. De plus, le Canada a consacrĂ© des ressources pour apporter une aide humanitaire et une aide au dĂ©veloppement, et il lutte contre la dĂ©sinformation au moyen du MĂ©canisme de rĂ©ponse rapide du G7. Le Canada mène Ă©galement des programmes d’aide Ă  la stabilisation et Ă  la sĂ©curitĂ© en Ukraine, qui procurent notamment un appui aux organisations de dĂ©fense des droits civils et des droits de la personne. Le Canada a annoncĂ© deux nouvelles voies d’immigration au Canada pour les Ukrainiens : l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, qui leur procure un statut temporaire, et un volet spĂ©cial de rĂ©sidence permanente pour la rĂ©unification des familles.

Depuis 2014, en coordination avec ses alliĂ©s et partenaires, le Canada a imposĂ© des sanctions Ă  plus de 2 600 particuliers et entitĂ©s en Russie, au BĂ©larus, en Ukraine et en Moldavie qui sont complices de violations de la souverainetĂ© et de l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’Ukraine et de la Moldavie. Le Canada applique aussi des restrictions ciblĂ©es visant la Russie et le BĂ©larus dans les secteurs des finances, du commerce (biens et services), de l’énergie et des transports. Par ailleurs, le Canada fait partie de la coalition pour le plafonnement du prix du pĂ©trole russe, qui interdit la fourniture de services de transport maritime pour le pĂ©trole brut et les produits pĂ©troliers vendus par la Russie au-delĂ  du prix plafond fixĂ© par la coalition. Les prĂ©sentes modifications au Règlement s’inscrivent dans l’intensification des sanctions dĂ©jĂ  appliquĂ©es par le Canada en entravant davantage les transactions de la Russie avec le Canada. Le Canada cherche Ă  harmoniser ses mesures avec celles de ses partenaires, y compris les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union europĂ©enne, l’Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande, le Japon et l’Ukraine.

Les personnes dĂ©signĂ©es peuvent demander Ă  la ministre des Affaires Ă©trangères de radier leurs noms du Règlement. Le Règlement dĂ©finit « personne dĂ©signĂ©e Â» comme Ă©tant toute personne qui se trouve en Russie ou qui est un de ses nationaux ne rĂ©sidant pas habituellement au Canada.

Objectif

Répondre de manière équitable à l’évolution de la situation des personnes ciblées.

Description

Le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie (les modifications) retire un particulier de l’annexe 1 du Règlement.

Élaboration de la réglementation

Consultation

Affaires mondiales Canada mobilise régulièrement les intervenants pertinents, qui incluent des organisations de la société civile, des communautés culturelles, et des représentants d’autres gouvernements aux vues similaires pour discuter de l’approche du Canada relative à la mise en œuvre de sanctions.

Pour ce qui est de ces modifications, il n’est pas approprié d’y inclure des consultations publiques.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Une évaluation initiale de la portée géographique des modifications a été effectuée et n’a révélé aucune obligation découlant des traités modernes, puisque les modifications ne prendront pas effet dans une région visée par un traité moderne.

Choix de l’instrument

Au Canada, les règlements sont le seul instrument permettant d’appliquer des sanctions. Aucun autre instrument ne pourrait être considéré.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Les modifications sont positives pour le particulier qui n’est plus lĂ©galement Ă©ligible pour ĂŞtre dĂ©signĂ©. Il n’y aura aucun coĂ»t direct pour les entreprises ou le gouvernement Ă  la suite du retrait de l’individu de l’annexe 1 du Règlement. Tous les risques entraĂ®nĂ©s par la radiation de l’individu ne peuvent ĂŞtre pris en compte, compte tenu de l’application lĂ©gale du Règlement.

Lentille des petites entreprises

L’analyse de l’impact de cette dĂ©cision sur les petites entreprises a permis de conclure que la modification aura une incidence sur les petites entreprises. La radiation de l’individu de l’annexe 1 Ă©limine un fardeau administratif dĂ©coulant du processus pour demander une autorisation pour faire affaire avec l’individu en question.

Règle du « un pour un Â»

La règle du « un pour un Â» s’applique puisqu’il y a une diminution progressive du fardeau administratif pour les entreprises; cependant, cette rĂ©duction n’est pas considĂ©rĂ©e comme Ă©tant un fardeau puisqu’elle a Ă©tĂ© exemptĂ©e de l’exigence d’être contrĂ©e lorsque l’exigence a Ă©tĂ© introduite. Aucun titre rĂ©glementaire n’est abrogĂ© ou introduit.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

Les modifications ne sont pas liées à un plan de travail ou à un engagement dans le cadre d’un forum officiel de coopération réglementaire.

Évaluation environnementale stratégique

Il est peu probable que les modifications entraînent des effets importants sur l’environnement. Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a permis de conclure qu’une évaluation environnementale stratégique n’est pas nécessaire.

Analyse comparative entre les sexes plus

Puisque les modifications sont ciblées, aucune analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) de l’impact a été identifiée.

Justification

Les sanctions ont Ă©tĂ© adoptĂ©es en rĂ©ponse Ă  l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a dĂ©butĂ© le 24 fĂ©vrier 2022, qui poursuit la violation flagrante par la Russie de l’intĂ©gritĂ© territoriale et de la souverainetĂ© de l’Ukraine selon le droit international. Les sanctions visent des individus et entitĂ©s spĂ©cifiques considĂ©rĂ©s comme influents ou ayant des liens Ă©troits avec le rĂ©gime russe. En coordination avec les mesures prises par les alliĂ©s du Canada, les sanctions visent Ă  imposer un coĂ»t Ă©conomique direct Ă  la Russie et signalent la ferme condamnation par le Canada des dernières violations par la Russie de l’intĂ©gritĂ© territoriale et de la souverainetĂ© de l’Ukraine, tout en mettant en Ĺ“uvre les sanctions de manière Ă©quitable et adaptĂ©e.

Igor Viktorovich Makarov fut ajoutĂ© Ă  l’annexe 1 du Règlement le 19 avril 2022, sur la base de preuves qu’il Ă©tait un citoyen de la Russie et qu’il Ă©tait un associĂ© de hauts fonctionnaires du gouvernement russe. Depuis, il a fourni une preuve que sa demande de renonciation Ă  sa citoyennetĂ© russe fut finalisĂ©e et qu’il ne rĂ©side plus en Russie depuis 2013. Par consĂ©quent, il ne rĂ©pond plus aux critères de nationalitĂ© d’une « personne dĂ©signĂ©e Â» Ă©noncĂ©s dans le Règlement.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Les modifications entrent en vigueur le jour de leur enregistrement.

Le nom du particulier sera retiré de la Liste consolidée des sanctions autonomes canadiennes. Cela contribuera à favoriser la conformité au Règlement.

Les règlements de sanctions canadiennes sont appliquĂ©s par la Gendarmerie royale du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada. ConformĂ©ment Ă  l’article 8 de la LMES, quiconque contrevient sciemment au Règlement est passible, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© par procĂ©dure sommaire, d’une amende maximale de 25 000 $ ou d’une peine d’emprisonnement maximale d’un an, ou d’une combinaison des deux; ou encore, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© par mise en accusation, d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans.

L’Agence des services frontaliers du Canada a des pouvoirs d’exécution en vertu de la LMES et de la Loi sur les douanes et jouera un rôle dans l’application de ces sanctions.

Personne-ressource

Direction de la coordination des politiques et des opérations des sanctions
Affaires mondiales Canada
125, promenade Sussex
Ottawa (Ontario)
K1A 0G2
TĂ©lĂ©phone : 343‑203‑3975 ou 1‑833‑352‑0769
Courriel : sanctions@international.gc.ca