Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie : DORS/2022-262

La Gazette du Canada, Partie II, volume 156, numéro 26

Enregistrement
DORS/2022-262 Le 7 dĂ©cembre 2022

LOI SUR LES MESURES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES

C.P. 2022-1302 Le 7 dĂ©cembre 2022

Attendu que la gouverneure en conseil juge que des violations graves et systématiques des droits de la personne ont été commises dans la Fédération de Russie,

Ă€ ces causes, sur recommandation de la ministre des Affaires Ă©trangères et en vertu des paragraphes 4(1)rĂ©fĂ©rence a, (1.1)rĂ©fĂ©rence b, (2)rĂ©fĂ©rence c et (3) de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales rĂ©fĂ©rence d, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie, ci-après.

Règlement modifiant le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie

Modifications

1 Les articles 3.1, 3.2, 3.3, 3.4, 3.5, 3.6, 3.7, 3.8, 3.9 et 3.10 du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie rĂ©fĂ©rence 1 deviennent les articles 3.01, 3.02, 3.03, 3.04, 3.05, 3.06, 3.07, 3.08, 3.09 et 3.1, respectivement.

2 Le titre de la partie 1 de l’annexe 1 du mĂŞme règlement est remplacĂ© par ce qui suit :

Particuliers — rupture sĂ©rieuse de la paix et de la sĂ©curitĂ© internationales

3 La partie 1.1 de l’annexe 1 du mĂŞme règlement est modifiĂ©e par adjonction, selon l’ordre numĂ©rique, de ce qui suit :

4 Le titre de la partie 2 de l’annexe 1 du mĂŞme règlement est remplacĂ© par ce qui suit :

EntitĂ©s — rupture sĂ©rieuse de la paix et de la sĂ©curitĂ© internationales

5 L’annexe 1 du mĂŞme règlement est modifiĂ©e par adjonction, après la partie 2, de ce qui suit :

PARTIE 3
EntitĂ©s — violations graves des droits de la personne

6 Les renvois qui suivent le titre « ANNEXE 2 Â», Ă  l’annexe 2 du mĂŞme règlement, sont remplacĂ©s par ce qui suit :

(articles 1, 2.1, 3.01, 3.02 et 8)

7 Les renvois qui suivent le titre « ANNEXE 3 Â», Ă  l’annexe 3 du mĂŞme règlement, sont remplacĂ©s par ce qui suit :

(articles 1, 2.1, 3.01 et 8)

8 Le renvoi qui suit le titre « ANNEXE 4 Â», Ă  l’annexe 4 du mĂŞme règlement, est remplacĂ© par ce qui suit :

(paragraphe 3.03(1))

9 Le renvoi qui suit le titre « ANNEXE 5 Â», Ă  l’annexe 5 du mĂŞme règlement, est remplacĂ© par ce qui suit :

(paragraphe 3.05(1))

10 Les renvois qui suivent le titre « ANNEXE 5.1 Â», Ă  l’annexe 5.1 du mĂŞme règlement, sont remplacĂ©s par ce qui suit :

(paragraphes 3.06(1) et (2))

11 Les renvois qui suivent le titre « ANNEXE 6 Â», Ă  l’annexe 6 du mĂŞme règlement, sont remplacĂ©s par ce qui suit :

(paragraphes 3.08(1) et (3))

12 Le renvoi qui suit le titre « ANNEXE 7 Â», Ă  l’annexe 7 du mĂŞme règlement, est remplacĂ© par ce qui suit :

(paragraphe 3.09(1))

13 Le renvoi qui suit le titre « ANNEXE 8 Â», Ă  l’annexe 8 du mĂŞme règlement, est remplacĂ© par ce qui suit :

(article 3.1)

Antériorité de la prise d’effet

14 Pour l’application de l’alinĂ©a 11(2)a) de la Loi sur les textes rĂ©glementaires, le prĂ©sent règlement prend effet avant sa publication dans la Gazette du Canada.

Entrée en vigueur

15 Le présent règlement entre en vigueur à la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Règlement.)

Enjeux

La Fédération de Russie continue de commettre des violations graves et systématiques des droits de la personne en Russie. Cette oppression sur le plan intérieur est étroitement liée à la guerre d’agression que ce pays mène en Ukraine.

Contexte

Ă€ la suite de l’occupation illĂ©gale et de la tentative d’annexion de la CrimĂ©e par la Russie en mars 2014, le gouvernement du Canada, en coordination avec ses partenaires et alliĂ©s, a promulguĂ© des sanctions au moyen du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie pris en application de la Loi sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales (LMES). Ces sanctions interdisent de faire des transactions (ce qui entraĂ®ne dans les faits un gel des avoirs) avec des particuliers et des entitĂ©s dĂ©signĂ©es en Russie et en Ukraine qui soutiennent ou facilitent la violation de la souverainetĂ© de l’Ukraine par la Russie. Il est donc interdit Ă  toute personne au Canada et Ă  tout Canadien Ă  l’étranger, Ă  l’égard d’une personne dĂ©signĂ©e, d’effectuer une opĂ©ration portant sur un bien lui appartenant, de conclure une transaction avec elle, de lui fournir des services ou par ailleurs de mettre des marchandises Ă  sa disposition.

Ă€ la fin de l’automne 2021, après des mois d’intensification, la Russie a commencĂ© Ă  rassembler des troupes, des Ă©quipements militaires et des capacitĂ©s militaires aux frontières de l’Ukraine et autour du pays. Le renforcement a continuĂ© jusqu’en fĂ©vrier 2022, jusqu’à ce que, au total, de 150 000 Ă  190 000 soldats soient rassemblĂ©s. Le 15 fĂ©vrier 2022, la Douma russe (l’équivalent de la Chambre des communes au Canada) a votĂ© pour demander au prĂ©sident Poutine de reconnaĂ®tre les prĂ©tendues « RĂ©publique populaire Â» de Louhansk et « RĂ©publique populaire Â» de Donetsk dans l’est de l’Ukraine, violant ainsi encore davantage la souverainetĂ© de l’Ukraine et les accords de Minsk visant Ă  apporter une solution pacifique au conflit dans l’est de l’Ukraine. Le 18 fĂ©vrier 2022, les prĂ©tendues autoritĂ©s soutenues par la Russie ont ordonnĂ© l’évacuation des femmes et des enfants de la rĂ©gion, ainsi que la conscription des hommes âgĂ©s de 18 Ă  55 ans. Le 20 fĂ©vrier 2022, la Russie a prolongĂ© un exercice militaire conjoint avec le BĂ©larus et a annoncĂ© que les troupes russes ne quitteraient pas le BĂ©larus. Le 21 fĂ©vrier 2022, Ă  la suite d’une rĂ©union du Conseil de sĂ©curitĂ© russe, le prĂ©sident Poutine a signĂ© des dĂ©crets reconnaissant « l’indĂ©pendance Â» et la « souverainetĂ© Â» des soi-disant RĂ©publique populaire de Louhansk (RPL) et RĂ©publique populaire de Donetsk (RPD). ImmĂ©diatement après, le prĂ©sident Poutine a ordonnĂ© aux troupes russes de conduire des fonctions de maintien de la paix dans les rĂ©gions de ces soi-disant rĂ©publiques. Il a aussi expressĂ©ment abandonnĂ© les accords de Minsk, les dĂ©clarant « inexistants Â». Le 22 fĂ©vrier 2022, la Douma russe a accordĂ© au prĂ©sident Poutine le droit d’utiliser des forces militaires Ă  l’extĂ©rieur du pays. Pour la première fois dans ce conflit, des troupes russes en uniforme ainsi que des vĂ©hicules blindĂ©s ont commencĂ© Ă  se positionner dans les rĂ©gions de Donetsk et de Louhansk, et ce, sur ordre officiel. Le 24 fĂ©vrier 2022, le prĂ©sident Poutine a annoncĂ© une « opĂ©ration militaire spĂ©ciale Â» au moment oĂą des forces russes lançaient une invasion Ă  grande Ă©chelle contre l’Ukraine. Cette invasion a commencĂ© par des frappes ciblĂ©es contre des infrastructures militaires ukrainiennes d’importance, avec l’incursion de forces russes au nord de l’Ukraine en provenance de la Russie et du BĂ©larus, Ă  l’est en provenance de la Russie et des rĂ©gions dites de la RPL et de la RPD, et au sud en provenance de la CrimĂ©e.

La dégradation des relations qu’entretient la Russie avec l’Ukraine s’est accompagnée d’une détérioration de ses relations avec les États-Unis et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ce qui a entraîné une hausse des tensions.

Réponse internationale

Depuis le dĂ©but de la crise actuelle, le Canada et la communautĂ© internationale demandent Ă  la Russie de dĂ©samorcer la situation, d’emprunter la voie diplomatique et de faire preuve de transparence dans ses activitĂ©s militaires. Les nĂ©gociations diplomatiques se sont dĂ©roulĂ©es en plusieurs volets, notamment par : (1) les pourparlers bilatĂ©raux entre les États-Unis et la Russie (par exemple le Dialogue stratĂ©gique sur la stabilitĂ©); (2) l’OTAN; (3) l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (OSCE); et (4) le Format Normandie (Ukraine, Russie, Allemagne, France) pour la mise en Ĺ“uvre des accords de Minsk.

Le 21 fĂ©vrier 2022, les ministres des Affaires Ă©trangères du G7 ont publiĂ© une dĂ©claration condamnant la reconnaissance par la Russie des soi-disant rĂ©gions de la RPL et de la RPD et mentionnant que le G7 s’apprĂŞtait Ă  renforcer ses mesures restrictives en rĂ©ponse aux actions russes. De plus, ils ont rĂ©affirmĂ© leur attachement inĂ©branlable envers la souverainetĂ© et l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’Ukraine. Les ministres des Affaires Ă©trangères du G7 et les dirigeants de l’OTAN continuent de faire front commun pour promettre que les agissements de la Russie seront lourds de consĂ©quences pour ce pays.

En septembre 2022, un rapport du Bureau des institutions dĂ©mocratiques et des droits de la personne de l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (OSCE) a Ă©tabli un lien direct entre les violations systĂ©matiques des droits de la personne et la rĂ©pression Ă  l’intĂ©rieur de la Russie, et sa guerre d’agression contre l’Ukraine. Toujours en septembre 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit prĂ©occupĂ© par le grand nombre de personnes arrĂŞtĂ©es pour avoir protestĂ© contre la mobilisation partielle des troupes dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, appelant Ă  la libĂ©ration immĂ©diate de ceux dĂ©tenus arbitrairement.

Réponse du Canada

Le Canada continue de condamner fermement le comportement de la Russie envers l’Ukraine. Le Canada a annoncĂ© plusieurs contributions pour soutenir l’Ukraine, y compris des programmes humanitaires, de dĂ©veloppement, de rĂ©silience, de sĂ©curitĂ©, de droits de la personne et de stabilisation en Ukraine. Cela reprĂ©sente plus de 600 millions de dollars depuis janvier 2022. Pour soutenir la rĂ©silience Ă©conomique de l’Ukraine, le Canada Ă©galement a offert jusqu’à 1,45 milliard de dollars en prĂŞts supplĂ©mentaires au gouvernement ukrainien par l’entremise du nouveau compte pour l’Ukraine administrĂ© par le Fonds monĂ©taire international (FMI); ce montant a Ă©tĂ© entièrement dĂ©boursĂ©.

Le Canada a Ă©galement envoyĂ© des armes telles que des lance-roquettes, des grenades Ă  main, des armes antiblindĂ©s et des munitions pour soutenir l’Ukraine. Ces contributions s’ajoutent Ă  plus de 57 millions de dollars en Ă©quipement militaire que le Canada a fourni Ă  l’Ukraine de 2015 Ă  2021 et Ă  l’élargissement de l’engagement du Canada dans l’opĂ©ration REASSURANCE, la contribution des Forces armĂ©es canadiennes aux mesures d’assurance et de dissuasion de l’OTAN en Europe centrale et orientale.

Depuis le 24 fĂ©vrier 2022, le gouvernement du Canada a adoptĂ© un certain nombre de mesures punitives et imposĂ© des sanctions Ă©conomiques sĂ©vères et Ă©tendues contre la Russie en raison de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine. Depuis le dĂ©but de la crise, le Canada a adoptĂ© en vertu de la LMES des sanctions qui visent plus de 1 500 particuliers et entitĂ©s en Russie, au BĂ©larus et en Ukraine. Il s’agit notamment de hauts responsables du gouvernement russe, y compris le prĂ©sident Poutine et des membres de la Douma, du Conseil de la fĂ©dĂ©ration et du Conseil de sĂ©curitĂ©, des responsables militaires et des oligarques (notamment Roman Abramovitch, les frères Rotenberg, Oleg Deripaska, Alisher Usmanov, Gennady Timchenko, Yevgeny Prigozhin) et les membres de leur famille.

Le Canada a également ciblé la capacité de la Russie à accéder au système financier mondial, à lever ou à transférer des fonds, et à conserver des fonds en dollars canadiens en appliquant des sanctions à l’endroit de plusieurs institutions financières russes importantes, y compris la Sberbank, la VTB et la VEB, ainsi que la Banque centrale de Russie, le ministère des Finances et le Fonds du patrimoine national. Le Canada a aussi plaidé avec succès en faveur du retrait de plusieurs banques russes du système de paiement SWIFT.

De plus, le Canada a pris des mesures pour faire pression sur l’économie russe et limiter les Ă©changes commerciaux de la Russie avec le Canada. L’économie de la Russie dĂ©pend fortement du secteur de l’énergie. Le Canada a donc interdit l’importation de trois types distincts de produits pĂ©troliers, y compris le pĂ©trole brut, en provenance de Russie. Le Canada a rĂ©voquĂ© le statut de « nation la plus favorisĂ©e Â» de la Russie, appliquant des droits de 35 % sur toutes les importations en provenance de ce pays. En rĂ©ponse au soutien apportĂ© par le BĂ©larus Ă  la Russie, le Canada a Ă©galement rĂ©voquĂ© le statut de « nation la plus favorisĂ©e Â» du BĂ©larus.

Enfin, le Canada a cessé de délivrer de nouvelles licences d’exportation et a annulé les licences valides pour l’exportation vers la Russie d’articles militaires, stratégiques et à double usage contrôlés, à l’exception de ceux faisant partie de chaînes d’approvisionnement médicales essentielles et de l’aide humanitaire.

Ces modifications au Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie renforcent les sanctions existantes du Canada contre la Russie en entravant davantage les opérations entre la Russie et le Canada. Ces mesures sont prises en coordination avec des partenaires, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne, l’Australie et le Japon.

Conditions Ă  remplir pour imposer et lever les sanctions

Conformément à la LMES, le gouverneur en conseil peut imposer des sanctions économiques ou autres contre des États, des entités et des particuliers étrangers lorsque, entre autres, une personne a participé à des violations graves et systématiques des droits de la personne en Russie.

La durée des sanctions imposées par le Canada et ses partenaires aux vues similaires a été explicitement liée au règlement pacifique du conflit, et au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières telles qu’elles sont reconnues par la communauté internationale; ces frontières incluent la Crimée et les zones maritimes limitrophes de l’Ukraine. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne et l’Australie continuent aussi à mettre à jour leurs régimes de sanctions à l’encontre de particuliers et d’entités en Ukraine et en Russie.

Objectif

  1. Condamner les atteintes aux droits de la personne commises en Russie.
  2. Faire subir davantage de pressions financières à des cadres supérieurs et à des institutions de la Russie en les ciblant parce qu’ils répriment le droit fondamental des citoyens russes de s’opposer aux politiques de la Russie et de les dénoncer, y compris l’invasion illégale de l’Ukraine, l’enrôlement des citoyens pour qu’ils aillent se battre en Ukraine et les mesures antidémocratiques.
  3. Arrimer les mesures prises à celles des partenaires internationaux pour faire ressortir que les alliés demeurent unis dans leurs efforts pour faire face aux atteintes aux droits de la personne commise en Russie, qui sont liées à l’agression russe en Ukraine.

Description

Le Règlement modifiant le Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie (les modifications) ajoute Ă  l’annexe 1 du Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie 33 particuliers et 6 entitĂ©s avec lesquels il est gĂ©nĂ©ralement interdit de traiter. Les particuliers sont des cadres supĂ©rieurs ou d’anciens cadres supĂ©rieurs responsables de violations des droits de la personne rattachĂ©e Ă  la rĂ©pression systĂ©matique des manifestations et de l’opposition Ă  l’égard de la guerre illĂ©gale que la Russie mène en Ukraine, aux enrĂ´lements forcĂ©s et aux dĂ©cisions antidĂ©mocratiques du gouvernement russe. Un certain nombre de ces particuliers figurent sur la liste de 6 000 fonctionnaires corrompus dressĂ©e par l’organisation d’AlexeĂŻ Navalny, militant anticorruption et chef de l’opposition politique russe emprisonnĂ©. L’un des particuliers visĂ©s a rĂ©cemment Ă©tĂ© condamnĂ© par un tribunal des Pays-Bas pour son implication dans l’écrasement du vol MH-17 de Malaysia Airlines en Ukraine en 2014. Les entitĂ©s visĂ©es sont des institutions fĂ©dĂ©rales russes impliquĂ©es dans les enquĂŞtes, les poursuites et les emprisonnements auxquels sont assujettis les citoyens russes qui tentent de dĂ©noncer les politiques de la Russie Ă  l’égard de l’Ukraine ou de s’y opposer. Les modifications renomment Ă©galement les paragraphes de l’article 3 afin d’assurer une numĂ©rotation cohĂ©rente dans le Règlement.

Élaboration de la réglementation

Consultation

Affaires mondiales Canada consulte régulièrement les intervenants pertinents, notamment des organisations de la société civile, des communautés culturelles et des représentants d’autres gouvernements aux vues similaires pour discuter de la démarche suivie par le Canada pour appliquer des sanctions. Affaires mondiales Canada fonde son travail de recherche sur les analyses de mouvements prodémocraties en Russie et à l’extérieur de ce pays.

Pour ce qui est des modifications visant des particuliers et des entités, il ne serait pas opportun de mener des consultations publiques, compte tenu du risque de fuite des actifs et de l’urgence d’imposer ces mesures en réponse à la rupture de la paix et de la sécurité internationales en cours en Ukraine.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Une évaluation initiale de la portée géographique des modifications a été effectuée et n’a révélé aucune obligation découlant des traités modernes, puisque les modifications ne prendront pas effet dans une région visée par un traité moderne.

Choix de l’instrument

Au Canada, les règlements sont le seul instrument permettant d’appliquer des sanctions. Aucun autre instrument ne pourrait être considéré.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Les sanctions visant des entités et des particuliers précis ont moins d’impact sur les entreprises canadiennes que les sanctions économiques habituelles à grande échelle, et ont un impact limité sur les citoyens du pays des entités et particuliers visés. Il est probable que les entités et les particuliers nouvellement visés aient des liens limités avec le Canada et, par conséquent, qu’ils n’aient pas de relations d’affaires importantes pour l’économie canadienne.

Les banques et les institutions financières canadiennes sont tenues de se conformer aux sanctions. Elles le feront en ajoutant les nouvelles entités et les nouveaux particuliers désignés à leurs systèmes de surveillance existants, ce qui pourrait entraîner un coût de mise en conformité mineur.

Les modifications pourraient entraîner des coûts supplémentaires pour les entreprises qui cherchent à obtenir des permis qui les autoriseraient à effectuer des activités ou des transactions précises qui sont autrement interdites.

Lentille des petites entreprises

De même, les modifications pourraient entraîner des coûts supplémentaires pour les petites entreprises qui cherchent à obtenir des permis qui les autoriseraient à effectuer des activités ou des transactions précises qui sont autrement interdites. Cependant, les coûts seront probablement faibles, car il est peu probable que les petites entreprises canadiennes aient ou auront des relations avec les entités ou les particuliers nouvellement inscrits. Aucune perte notable d’occasions pour les petites entreprises n’est prévue en raison des modifications.

Règle du « un pour un Â»

Le processus d’autorisation pour les entreprises correspond Ă  la dĂ©finition de « fardeau administratif Â» dans la Loi sur la rĂ©duction de la paperasse et devrait ĂŞtre calculĂ© et compensĂ© dans les 24 mois. Cependant, les modifications rĂ©pondent Ă  une situation d’urgence et, par consĂ©quent, elles sont exemptĂ©es de l’obligation de compenser le fardeau administratif et la prise du règlement selon la règle du « un pour un Â».

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

Bien que les modifications ne soient pas liées à un plan de travail ni à un engagement dans le cadre d’un mécanisme officiel de coopération en matière de réglementation, elles sont harmonisées avec les mesures prises par les alliés du Canada.

Évaluation environnementale stratégique

Il est peu probable que les modifications entraînent des effets importants sur l’environnement. Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a permis de conclure qu’une évaluation environnementale stratégique n’est pas nécessaire.

Analyse comparative entre les sexes plus (ACS+)

Le sujet des sanctions Ă©conomiques a dĂ©jĂ  fait l’objet d’une analyse des effets sur l’égalitĂ© des genres et la diversitĂ© dans le passĂ©. Bien qu’elles visent Ă  encourager un changement de comportement en exerçant une pression Ă©conomique sur des particuliers et des entitĂ©s Ă  l’étranger, les sanctions prises en vertu de la LMES peuvent nĂ©anmoins avoir une incidence involontaire sur certains groupes et certaines personnes vulnĂ©rables. Or, les sanctions ciblĂ©es n’auront pas d’effet sur la Russie dans son ensemble, mais plutĂ´t sur des individus soupçonnĂ©s de mener des activitĂ©s qui soutiennent, facilitent ou financent, directement ou indirectement, une violation de la souverainetĂ© ou de l’intĂ©gritĂ© territoriale de l’Ukraine, ou y contribuent. Ainsi, par comparaison avec les sanctions Ă©conomiques habituelles visant de manière gĂ©nĂ©rale un État Ă©tranger, les sanctions dont il est question ici n’auront probablement pas d’incidence importante sur les groupes vulnĂ©rables, et leurs effets collatĂ©raux se limiteront aux personnes qui dĂ©pendent des entitĂ©s et des particuliers ciblĂ©s.

Justification

Les modifications visent Ă  exercer une pression Ă©conomique directe sur la Russie et Ă  signaler que le Canada condamne avec vigueur les violations par la Russie des obligations qu’elle a contractĂ©es en matière de droits de la personne Ă  l’échelle internationale. Les 33 particuliers et 6 entitĂ©s inscrits sont d’importants acteurs du secteur de la sĂ©curitĂ© et de la justice en Russie, qui sont responsables de la rĂ©pression de l’opposition en Russie au sujet de l’invasion illĂ©gale menĂ©e par ce pays, de la mobilisation de 300 000 hommes russes pour aller combattre en Ukraine et des dĂ©cisions antidĂ©mocratiques prises en continu par le rĂ©gime de Poutine.

L’OSCE a conclu que, en muselant les critiques et l’action citoyenne au sein de la population russe au sujet de la guerre en Russie, les responsables et les membres de l’élite russes visent Ă  s’assurer qu’ils ne feront face Ă  aucune opposition en Russie alors que le pays mène une agression en sol Ă©tranger. L’OSCE indique que cette rĂ©pression dure depuis plus de 10 ans et s’est intensifiĂ©e ces dernières annĂ©es. L’un des Ă©lĂ©ments clĂ©s sur le plan lĂ©gislatif pour rĂ©primer les activitĂ©s de la sociĂ©tĂ© civile est la loi sur les « agents Ă©trangers Â», qui est dĂ©noncĂ©e par les organismes internationaux de surveillance des droits de la personne. Après l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement russe a apportĂ© d’autres modifications Ă  cette loi en vue d’empĂŞcher toute critique Ă  propos de la guerre et les manifestations antiguerre. Dans ce contexte, le rĂ©gime russe a tentĂ© d’interdire l’usage du mot « guerre Â» et de dĂ©signer toute critique de l’invasion comme de la dĂ©sinformation et de la trahison.

Les citoyens russes qui expriment des critiques et participent Ă  des manifestations subissent d’autres violations de leurs droits fondamentaux lorsqu’ils sont en dĂ©tention, y compris de la violence excessive et de la torture. Ces violations des droits de la personne sont profondĂ©ment ancrĂ©es dans le secteur de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et de la justice de la Russie et sont particulièrement prĂ©judiciables aux femmes et aux membres de groupes ethniques minoritaires. Selon des rapports d’ONG telles que Human Rights Watch, les violations des droits commises dans le système pĂ©nitentiaire russe auraient augmentĂ© dans la pĂ©riode ayant prĂ©cĂ©dĂ© la guerre illĂ©gale en Ukraine, spĂ©cialement contre les Russes qui dĂ©nonçaient la guerre et la mobilisation. Des Ukrainiens dĂ©placĂ©s de force en Russie aux fins de filtration subissent un traitement similaire imposĂ© par les mĂŞmes particuliers et institutions. Les pĂ©nitenciers russes servent aussi de bassin de recrutement pour remĂ©dier aux rĂ©sultats militaires pires que prĂ©vu de la Russie en Ukraine, spĂ©cialement pour le groupe Wagner de sinistre rĂ©putation, dont les mercenaires se battent activement en Ukraine et qui est accusĂ© d’atteintes aux droits de la personne. Ă€ l’instar de ses partenaires, le Canada a dĂ©jĂ  inscrit ce groupe Ă  titre d’entitĂ© visĂ©e par des sanctions (no 88), de mĂŞme que le propriĂ©taire du groupe, Yevgeny Prigozhin (no 472).

Ces sanctions témoignent de la solidarité du Canada avec les pays de vues similaires qui imposent des restrictions similaires. L’ajout des personnes visées par des sanctions du Canada est conforme aux mesures prises par ses partenaires.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Les modifications entrent en vigueur le jour de leur enregistrement.

Les noms des entités et des individus inscrits seront accessibles en ligne pour que les institutions financières puissent en prendre connaissance et seront ajoutés à la Liste consolidée des sanctions autonomes canadiennes. Cela contribuera à faciliter le respect du Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie.

Les règlements de sanctions canadiennes sont appliquĂ©s par la Gendarmerie royale du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). ConformĂ©ment Ă  l’article 8 de la LMES, quiconque contrevient sciemment au Règlement sur les mesures Ă©conomiques spĂ©ciales visant la Russie est passible, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© par procĂ©dure sommaire, d’une amende maximale de 25 000 $ ou d’une peine d’emprisonnement maximale d’un an, ou d’une combinaison des deux; ou encore, sur dĂ©claration de culpabilitĂ© par mise en accusation, d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans.

L’ASFC a des pouvoirs d’exécution en vertu de la LMES et de la Loi sur les douanes et jouera un rôle dans l’application de ces sanctions.

Personne-ressource

Andrew Turner
Directeur
Direction de l’Europe de l’Est et de l’Eurasie
Affaires mondiales Canada
125, promenade Sussex
Ottawa (Ontario)
K1A 0G2
TĂ©lĂ©phone : 343‑203‑3603
Courriel : Andrew.Turner@international.gc.ca