DĂ©cret modifiant la Liste des pays dĂ©signĂ©s (armes automatiques) : DORS/2022-187

La Gazette du Canada, Partie II, volume 156, numéro 18

Enregistrement
DORS/2022-187 Le 19 aoĂ»t 2022

LOI SUR LES LICENCES D’EXPORTATION ET D’IMPORTATION

C.P. 2022-926 Le 19 aoĂ»t 2022

Attendu que, conformĂ©ment Ă  l’article 4.1rĂ©fĂ©rence a de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation rĂ©fĂ©rence b, la ministre des Affaires Ă©trangères a consultĂ© la ministre de la DĂ©fense nationale;

Attendu que la gouverneure en conseil estime justifiĂ© de permettre l’exportation des objets visĂ©s aux alinĂ©as 4.1a) Ă  c)rĂ©fĂ©rence a de cette loi, ou de quelque Ă©lĂ©ment ou pièce de tels objets, inscrits sur la liste des marchandises d’exportation contrĂ´lĂ©e vers le pays visĂ© par le dĂ©cret ci-après,

Ă€ ces causes, sur recommandation de la ministre des Affaires Ă©trangères et en vertu des articles 4.1rĂ©fĂ©rence a et 6rĂ©fĂ©rence c de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation rĂ©fĂ©rence b, Son Excellence la Gouverneure gĂ©nĂ©rale en conseil prend le DĂ©cret modifiant la Liste des pays dĂ©signĂ©s (armes automatiques), ci-après.

Décret modifiant la Liste des pays désignés (armes automatiques)

Modification

1 La Liste des pays dĂ©signĂ©s (armes automatiques) rĂ©fĂ©rence 1 est modifiĂ©e par adjonction, selon l’ordre alphabĂ©tique, de ce qui suit :

Entrée en vigueur

2 Le présent décret entre en vigueur à la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Décret.)

Enjeux

Le Canada tient une liste de pays à destination desquels il peut autoriser l’exportation de certains articles prohibés. L’objectif de cette liste, appelée Liste des pays désignés (armes automatiques) [LPDAA], est de servir de mécanisme supplémentaire de vérification et de contrôle des exportations d’armes à feu, d’armes et de dispositifs prohibés (ou de leurs composants ou pièces). À la suite d’une analyse détaillée, Affaires mondiales Canada a estimé que la Macédoine du Nord est un pays qui répond aux critères d’ajout à la LPDAA, ce qui crée des débouchés possibles pour les exportateurs canadiens de matériel de défense et permet une meilleure coopération de gouvernement à gouvernement en matière de défense.

Étant donné que le Canada est le seul pays au monde à tenir une telle liste, certains fabricants canadiens de matériel militaire qui exportent des articles prohibés sont d’avis que la LPDAA les place dans une situation désavantageuse par rapport à leurs concurrents internationaux. L’inclusion d’une nouvelle destination judicieusement choisie à la LPDAA est une façon d’atténuer ce désavantage concurrentiel.

Contexte

La LPDAA, en vigueur depuis 1991, est une liste positive de pays vers lesquels les Canadiens peuvent prĂ©senter une demande d’exportation de certains articles prohibĂ©s dĂ©finis au paragraphe 84(1) du Code criminel. ConformĂ©ment Ă  l’article 4.1 et au paragraphe 7(2) de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation (LLEI), les armes Ă  feu, les armes et les dispositifs prohibĂ©s (de mĂŞme que leurs composants ou pièces), qui figurent Ă©galement sur la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrĂ´lĂ©e, ne peuvent ĂŞtre exportĂ©s qu’à destination des pays inscrits sur la LPDAA, Ă  condition d’être destinĂ©s au gouvernement d’un de ces pays ou Ă  un utilisateur autorisĂ© par le pays en question. Les armes Ă  feu, les armes et les dispositifs interdits (ou leurs composants ou pièces), ici appelĂ©s articles visĂ©s par la LPDAA, peuvent ĂŞtre utilisĂ©s indĂ©pendamment ou ĂŞtre intĂ©grĂ©s Ă  d’autres plateformes militaires et connexes. Les demandes de licence d’exportation des marchandises contrĂ´lĂ©e vers des pays inscrits sur la LPDAA sont Ă©valuĂ©es au cas par cas, selon les critères Ă©noncĂ©s dans les politiques et les lois, y compris les critères d’évaluation du TraitĂ© sur le commerce des armes (TCA) et le critère du risque sĂ©rieux. Les critères du TCA prennent en considĂ©ration l’éventualitĂ© que l’exportation proposĂ©e puisse servir Ă  la commission ou faciliter la commission d’une violation grave de la loi internationale des droits de la personne ou des lois humanitaires, d’un acte de terrorisme ou de crime organisĂ© transnational, ou d’un acte grave de violence fondĂ©e sur le sexe ou de violence contre les femmes et les enfants. Si, après avoir pris en compte les mesures d’attĂ©nuation disponibles, la ministre des Affaires Ă©trangères dĂ©termine qu’il existe un risque sĂ©rieux qu’une exportation d’article militaire du groupe 2 entraĂ®ne l’une de ces consĂ©quences nĂ©gatives, alors la ministre est juridiquement tenue de refuser une telle licence pour cette exportation.

La LPDAA comprend actuellement 44 pays : l’Albanie, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Botswana, la Bulgarie, le Chili, la Colombie, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, l’IsraĂ«l, l’Italie, le Japon, le KoweĂŻt, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Norvège, la Nouvelle-ZĂ©lande, les Pays-Bas, le PĂ©rou, la Pologne, le Portugal, la RĂ©publique de CorĂ©e (CorĂ©e du Sud), TchĂ©quie, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la SlovĂ©nie, la Suède, la Suisse, la Turquie et l’Ukraine.

La ministre des Affaires étrangères est tenue par la LLEI de consulter la ministre de la Défense nationale avant de recommander à la gouverneure en conseil d’apporter des modifications à la LPDAA.

Objectif

Le DĂ©cret modifiant la Liste des pays dĂ©signĂ©s (armes automatiques) [le DĂ©cret] vise Ă  :

Description

La Macédoine du Nord est ajoutée à la LPDAA au moyen du présent décret.

Élaboration de la réglementation

Consultation

Du 2 mars au 31 mars 2022, le gouvernement du Canada a consultĂ© les Canadiens sur la proposition d’ajouter la MacĂ©doine du Nord et le Qatar Ă  la LPDAA au moyen de la plateforme Web « Consultations auprès des Canadiens Â», une plateforme de consultation spĂ©cialisĂ©e qui permet de mener des consultations plus efficaces. Cinq observations ont Ă©tĂ© reçues de divers participants, dont quatre reprĂ©sentants de l’industrie et une organisation de la sociĂ©tĂ© civile. Les rĂ©pondants ont appuyĂ© l’ajout de la MacĂ©doine du Nord et du Qatar Ă  la LPDAA, n’ont exprimĂ© aucune inquiĂ©tude ou sont restĂ©s neutres.

Les représentants de l’industrie étaient soit favorables à la modification, soit neutres. En outre, ils ont fait remarquer qu’il existe un système de freins et de contrepoids en vertu duquel les licences peuvent être suspendues si des transactions particulières suscitent des préoccupations. Les représentants de l’industrie ont également fait remarquer que le gouvernement du Canada contribue à un processus d’exportation plus prévisible, transparent et opportun lorsqu’il communique à l’industrie, par l’intermédiaire de règlements tels que la LPDAA, les pays vers lesquels il se sent à l’aise d’autoriser certaines exportations de matériel militaire lorsque tous les critères sont respectés.

La seule réponse reçue d’une organisation de la société civile n’exprimait aucune inquiétude quant à l’ajout de la Macédoine du Nord et du Qatar à la LPDAA. Elle a demandé des précisions sur la façon dont les demandes de licences d’exportation d’articles prohibés sont évaluées en fonction des critères d’évaluation des risques énoncés dans le TCA. Affaires mondiales Canada ne fait pas de distinction entre la façon dont les exportations d’articles visés par la LPDAA sont évaluées et toutes les autres exportations d’articles militaires et stratégiques figurant sur la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée. Tous les articles militaires et stratégiques, y compris ceux visés par la LPDAA, sont évalués sur une base individuelle en fonction des critères énumérés dans le TCA et la LLEI.

Comme l’exige l’article 4.1 de la LLEI, la ministre des Affaires Ă©trangères a consultĂ© la ministre de la DĂ©fense nationale sur l’ajout de la MacĂ©doine du Nord et du Qatar Ă  la LPDAA.

À l’heure actuelle, Affaires mondiales Canada a décidé d’aller de l’avant avec l’ajout de la Macédoine du Nord.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Les fonctionnaires d’Affaires mondiales Canada ne sont pas au courant de l’existence d’entreprises dirigées par des Premières Nations qui exportent des articles visés par la LPDAA.

Choix de l’instrument

Étant donné que la LPDAA a été établie dans la loi, elle peut seulement être modifiée par règlement pris en vertu de la LLEI.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Le Décret peut créer des débouchés commerciaux pour un segment étroit de l’industrie canadienne. L’ajout de la Macédoine du Nord à la LPDAA permettra de créer des débouchés supplémentaires pour les entreprises canadiennes qui cherchent à exporter des articles visés par la LPDAA vers des marchés où leur exportation était auparavant interdite, et contribuera ainsi à la croissance économique future du Canada. Il est impossible de monétiser avec un quelconque degré de précision et en termes quantitatifs l’impact économique qui pourrait découler de l’ajout de ce pays à la LPDAA.

Le petit nombre d’entreprises canadiennes qui exportent ces articles sont bien établies, demandent régulièrement des licences et comprennent le processus de demande de licence d’exportation. Mis à part le coût minime en temps et en main-d’œuvre pour demander une licence afin d’exporter des articles visés par la LPDAA vers la destination nouvellement inscrite à la liste, il n’y a aucun coût prévisible pour l’industrie découlant du Décret. Aucuns frais ne sont exigés pour la présentation d’une demande de licence d’exportation d’articles visés par la LPDAA.

En ce qui concerne les coĂ»ts pour le gouvernement, le DĂ©cret ne devrait pas faire beaucoup augmenter le nombre de demandes de licence d’exportation traitĂ©es Ă  long terme. En 2021, la dernière annĂ©e pour laquelle des donnĂ©es publiques sont disponibles, Affaires mondiales Canada n’a dĂ©livrĂ© aucune licence d’exportation vers la MacĂ©doine du Nord pour l’ensemble des marchandises contrĂ´lĂ©es (sur un total de 5 667 demandes de licence d’exportation traitĂ©es vers toutes les destinations).

Lentille des petites entreprises

Selon des donnĂ©es d’une enquĂŞte de Statistique Canada de 2018 sur les industries canadiennes spĂ©cialisĂ©es dans la dĂ©fense, l’aĂ©rospatiale, la marine et la cybersĂ©curitĂ©, 485 entreprises, ou 76 % des entreprises dans le secteur de la dĂ©fense, comptaient moins de 100 employĂ©s. Ces petites et moyennes entreprises (PME) ne reprĂ©sentaient que 15 % de tous les emplois de l’industrie, 12 % des ventes totales de l’industrie et un peu moins de 8 % des exportations selon leur valeur. Ces chiffres sont en baisse par rapport Ă  2016, oĂą les PME reprĂ©sentaient 32 % des emplois de l’industrie de la dĂ©fense, 24 % des ventes de l’industrie et 17 % des exportations.

Le Décret n’impose pas de nouveaux coûts administratifs ou de conformité aux petites entreprises. Cependant, il pourrait donner aux PME du secteur de la défense plus de possibilités de développer leurs activités dans ce marché.

Règle du « un pour un Â»

La règle du « un pour un Â» ne s’applique pas, car le prĂ©sent dĂ©cret n’entraĂ®ne pas de modification graduelle du fardeau administratif des entreprises.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

La LPDAA est une mesure unique au Canada. Le Décret rapproche le Canada des autres pays aux vues similaires en ajoutant une destination vers laquelle il est possible d’exporter des armes à feu, des armes et des dispositifs prohibés, sous réserve de la délivrance d’une licence d’exportation valide.

Évaluation environnementale stratégique

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a permis de conclure qu’une évaluation environnementale stratégique n’est pas nécessaire.

Analyse comparative entre les sexes plus

Aucune répercussion importante liée à l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) n’a été cernée pour ce décret.

Le Canada évalue toutes les demandes de licence d’exportation en fonction du risque de violence fondée sur le sexe ou de violence à l’encontre de groupes vulnérables. De plus, le Canada a adhéré au TCA, le premier traité international à exiger spécifiquement que l’État exportateur tienne compte du risque que les armes servent à commettre des actes de violence fondée sur le sexe dans sa décision d’autoriser ou non leur exportation. L’ancien projet de loi C-47, Loi modifiant la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et le Code criminel (modifications permettant l’adhésion au Traité sur le commerce des armes et autres modifications), a officialisé les critères du TCA dans le droit canadien. Le fait que la ministre des Affaires étrangères doive refuser une licence d’exportation d’articles visés par la LPDAA si l’exportation proposée entraîne un risque sérieux pour les groupes vulnérables atténue les conséquences négatives possibles du Décret.

L’inscription d’un nouveau pays Ă  la LPDAA pourrait crĂ©er de nouveaux dĂ©bouchĂ©s commerciaux pour les entreprises canadiennes dans le domaine de la sĂ©curitĂ© et de la dĂ©fense. Le cas Ă©chĂ©ant, ces avantages Ă©conomiques pourraient ne pas ĂŞtre rĂ©partis Ă©galement entre les genres, car les personnes s’identifiant comme Ă©tant des femmes ne reprĂ©sentent que 25 % de la main-d’œuvre de l’industrie de la dĂ©fense. La disparitĂ© d’emploi entre les hommes et les femmes est la plus aiguĂ« dans les professions liĂ©es aux sciences, Ă  la technologie, Ă  l’ingĂ©nierie et aux mathĂ©matiques (professions STIM), oĂą les personnes s’identifiant comme Ă©tant des femmes ne reprĂ©sentent que 15 % de la main-d’œuvre. Toutefois, les avantages Ă©conomiques pourraient ĂŞtre rĂ©partis dans tout le pays (c’est-Ă -dire dans l’Ouest canadien, y compris les territoires, en Ontario, au QuĂ©bec et dans les provinces de l’Atlantique), car l’industrie de la dĂ©fense et de la sĂ©curitĂ© du Canada est prĂ©sente dans toutes ces rĂ©gions.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Mise en œuvre

Le Décret entre en vigueur le jour de son enregistrement. La Direction des opérations des contrôles à l’exportation d’Affaires mondiales Canada, qui a la responsabilité de délivrer les licences d’exportation, commencera ce jour-là à évaluer les demandes de licence présentées en vue de l’exportation d’articles visés par la LPDAA vers la destination nouvellement ajoutée à la liste. Chaque demande sera évaluée au cas par cas et en fonction des facteurs d’évaluation énoncés dans la loi et les politiques.

Conformité et application

Une licence d’exportation est requise pour toute exportation ou cession d’armes à feu, d’armes ou de dispositifs prohibés (ou leurs composants ou pièces) figurant dans la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée. Le contrôle des exportations relève de l’Agence des services frontaliers du Canada et de la Gendarmerie royale du Canada. Le fait d’exporter ou de transférer, ou de tenter d’exporter ou de transférer, des marchandises et des technologies inscrites sur la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée sans avoir obtenu la licence requise conformément à la LLEI est un acte interdit qui peut entraîner des poursuites.

Normes de service

Pour obtenir de l’information sur les délais de traitement relatifs aux demandes de licence d’exportation d’articles visés par la LPDAA, veuillez consulter la plus récente version du Manuel des contrôles du courtage et à l’exportation, accessible sur le site Web de la Direction de la politique des contrôles à l’exportation.

Personne-ressource

Judy Korecky
Directrice adjointe
Direction de la politique des contrôles à l’exportation
Affaires mondiales Canada
125, promenade Sussex
Ottawa (Ontario)
K1A 0G2
TĂ©lĂ©phone : 343‑203‑4332 ou 613‑291‑0347
TĂ©lĂ©copieur : 613‑996‑9933
Courriel : judy.korecky@international.gc.ca

Si des membres du public communiquent avec Mme Korecky par courriel, ils sont invitĂ©s Ă  envoyer une copie de leurs commentaires Ă  la boĂ®te de rĂ©ception commune, Ă  expctrlpol@international.gc.ca.